Modzik a rencontré Cedric Cheminaud, directeur artistique de la Cartonnerie, et co-programmateur du festival La Magnifique Society qui lance bientôt sa deuxième édition, au cœur du Parc de Champagne de Reims. Entre la SAPE et le Japon, La Magnifique Society se veut internationale et le temps d’un week-end, espère placer la ville des Sacres au centre du monde en conviant Orelsan, Etienne Daho, Charlotte Gainsbourg, Jain, The Hives, Lomepal ou encore IAMDDB.

Bonjour Cedric ! Peux-tu nous expliquer succinctement ce qu’est la Cartonnerie et le rôle que tu y joues ?

La Cartonnerie est une salle de musiques actuelles basée à Reims et dont je suis le directeur artistique et général. Elle se compose de trois salles, dont l’une de 1200 places. On y organise des concerts, on y fait de l’accompagnement artistique pour artistes émergents mais aussi de l’action culturelle à destination de tous les publics, proches – petits et grands, mais aussi éloignés – les personnes démunies, hospitalisées ou même les prisonniers. On veut amener la musique aussi loin que possible. C’est l’une des raisons qui nous a poussé à créer, sur les ruines de l’Electricity, le festival La Magnifique Society aux côtés de Césaré.

Peux-tu brièvement nous présenter Césaré ?

C’est un centre de création contemporaine basé juste à côté de Reims. A la différence de la Cartonnerie, ils ne font pas de diffusion mais sont entièrement dévoués à la création et la recherche artistique. Ils sont en charge de la Magnifique Avant-Garde – des performances artistiques et des installations autour de la musique et de la gastronomie, qui se déroule du 9 au 14 juin, avant que La Magnifique Society ne prenne le relais du 15 au 17 dans le Parc de Champagne.

Quelle est la cible que vous visiez en débutant la programmation du festival ?

L’Electricity était un festival orienté électro-pop, qu’on trouvait un peu trop niché sur la fin. En pensant la Magnifique, nous sommes parvenus à la conclusion que la meilleure recette serait de transposer sur trois jours ce que nous faisions durant l’année avec la Cartonnerie. Le but n’est pas de viser un public en particulier, mais de créer les conditions d’une rencontre des publics.

Hip-hop, rock, musique électronique, pop… Aucune tendance particulière ne se dégage véritablement, ou plutôt toutes les tendances sont réunies.

On se pose vraiment en amateurs de musique. Il est évident que pour simplifier les choses, on part des têtes d’affiche afin d’en faire découler quelque chose de cohérent. Orelsan, avec son côté rap électronique en est le parfait exemple. Suite à la confirmation de sa présence, les choix de placer plus tôt dans la journée des artistes comme IAMDDB ou Kelela nous semblait plus que logique d’un point de vue musique urbaine, qu’on a contrebalancé avec un mec comme MCDE. Tout est une question d’énergie.

Que peux-tu nous dire sur votre choix de reconduire votre projet Tokyo Space ODD ?

L’Electricity était un festival très rémois avec la présence des Yuksek, The Shoes, Brodinski et autres artistes locaux. On voulait vraiment se tourner vers l’international en créant la Magnifique Society, et après recherche, nous sommes tombés sur le directeur de plusieurs festivals dont le Summer Sonic, qui reçoit 100.000 festivaliers par soir à Chiba et Osaka. Le but était de créer un chemin à double sens pour des artistes français et japonais, que l’on recevrait mutuellement. Le courant est plutôt bien passé et on a décidé de créer le Tokyo Space ODD, un espace dédié – véritable vitrine japonaise, avec des jeux d’arcade, un pop-up store, un studio photo et une exposition photo de l’artiste Sap Chano qui travaille sur la sape congolaise.

La sape qui est le thème et l’identité visuelle du festival cette année ! Peux-tu nous expliquer ce choix ?

C’est assez dingue. On réfléchissait à une identité visuelle forte, et il nous semblait assez logique après un temps de réflexion de se tourner vers la SAPE – la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes. On ne pouvait rêver mieux pour un festival appelé la Magnifique Society. On aime beaucoup l’état d’esprit et l’attitude de cette société, qui est bien plus qu’un simple délire vestimentaire. Est venu le temps de la recherche iconographique, et rapidement, on est tombés sur le travail de Sap Chano (même le mec s’appelle Sap !) qui avait déjà fait une exposition et publié un livre sur la SAPE. C’est un incroyable alignement des planètes, effectivement. Dans l’idée, on aimerait encore reconduire jusqu’aux JO 2020 qui se dérouleront à Tokyo. Ce serait fort symboliquement.

la magnifique society line-up modzik

Quel est votre plus gros coup selon vous ?

Celui dont je suis le plus fier en tout cas, c’est The Hives car ça fait longtemps qu’on essaie de les avoir et je sais que malgré leur absence d’actualité véritable, ils vont vraiment envoyer. IAMDDB et Viagra Boys sont vraiment des coups de cœur aussi. Et Lomepal, qu’on accompagnait beaucoup avec la Cartonnerie et qui a littéralement explosé après qu’on ait confirmé sa présence sur l’édition 2018.

Votre plus belle découverte ?

Assurément, Gus Dapperton. J’adore sa musique, son esthétique. Il est très actuel avec sa pop urbaine que je trouve très fraîche. Il est à l’image du festival selon moi.