Dimitri Rivière est l’un des stylistes les plus prometteurs de sa génération. Grand amateur d’art et de culture, c’est à la mode et à la musique qu’il a décidé de se consacrer. Après avoir entamé une formation au sein du Studio Berçot, il fait ses armes auprès de la styliste Marie-Amélie Sauvé avec qui il affinera son sens du détail. Rencontre.

Nom: Dimitri Rivière

Age: 25 ans

Job: Styliste et DJ

Portfolio: www.dimitririviere.com

Instagram: @dimitriviere

D’où viens-tu?

Je suis originaire de Chambéry en Savoie et je vis à Paris depuis 7 ans, plus précisément à Barbès, un quartier que j’aime beaucoup.

Quel a été ton parcours avant de devenir styliste ?

J’ai commencé des études de stylisme au Studio Berçot après avoir passé mon Bac. Je voulais devenir designer mais le boulot en studio ne m’attirait pas du tout. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à l’image de mode. J’ai fait un stage en tant qu’assistant de Marie-Amélie Sauvé, avec qui je suis resté 3 ans. Cette expérience a été assez incroyable et intense : tout est parfaitement organisé autour d’elle et elle nous laisse être créatifs dans les propositions qu’on peut lui faire. Ça m’a vraiment appris le type d’exigence que l’on peut attendre d’un styliste. Maintenant, je suis tout à fait à l’aise avec un photographe ou un client, tout est fluide et c’est en grande partie grâce à Marie-Amélie. J’ai ensuite travaillé au Self Service Magazine pendant un an. Je faisais le stylisme pour les projets du digital, mais puisque l’équipe était relativement petite, je faisais aussi beaucoup d’autres choses qui n’étaient pas directement en rapport avec le stylisme, et c’est ce qui a été enrichissant. Cela m’a particulièrement intéressé car je tenais vraiment à avoir une expérience dans une rédaction. Depuis que j’ai quitté le magazine, je travaille en freelance : j’ai plein de projets excitants en perspective qui, j’espère, vont se réaliser.

As-tu toujours eu en tête de travailler dans l’industrie de la mode ?

Je ne peux pas dire que j’ai toujours envisagé l’industrie de la mode spécifiquement, mais j’ai toujours voulu, depuis très jeune, avoir un travail créatif. Je dirais que j’ai eu le déclic au lycée, où j’ai commencé à dessiner pas mal de croquis de vêtements et à m’intéresser à ce qui se faisait dans les collections. Je n’étais pas le premier de la classe mais j’étais très curieux et passionné dès qu’il s’agissait de produire quelque chose d’original qui sortait de ma tête. De manière générale, j’aime penser et réfléchir à quelque chose qui change, quelque chose de moderne. Je pense que ça a toujours été une condition préalable pour choisir un métier, accepter un job ou non.

Qu’est ce qui t’en a donné envie ?

C’est sans aucun doute le travail de Nicolas Ghesquiere chez Balenciaga. J’étais fasciné par son approche moderne et pointue de ses collections. Plus tard, au Studio Berçot j’ai appris à voir le milieu différemment, sans glamour et paillettes, et à développer vraiment ma sensibilité et mes choix de mode. Cela m’a encore plus motivé et donné envie de poursuivre ce que je faisais.

Un ou des conseils à donner à tous ceux qui aspirent à devenir styliste ?

Se cultiver le plus possible et être curieux, aller voir des expos, des films et commencer le plus tôt possible à se faire une culture mode. Aussi, être toujours motivé, ne pas avoir peur de devoir travailler gratuitement certaines fois. Être patient et savoir s’adapter la personnalité de chaque personne.

Bien entendu, je n’ai que 25 ans et ai encore beaucoup de choses à apprendre. Que ce soit dans la mode ou dans n’importe quel autre domaine, on apprend tous les jours et toute sa vie.

Quel est le plus beau défilé à tes yeux ?

« Le plus beau », c’est vraiment difficile à dire, mais je suis fasciné par les défilés Margiela des années 90 qui étaient hallucinants. Les shows de Nicolas Ghesquiere, évidemment, avec les collections scuba, les robots, les punks etc. Et puis Prada, aussi… J’ai eu tellement de coups de coeur que c’est trop difficile de choisir !

Une personnalité dont tu aimerais bien faire le stylisme ?

J’adorerais travailler avec Björk, cette artiste me fascine depuis mes 10 ans et j’ai une réelle admiration pour ce qu’elle produit et pour son image.

Parle-nous de ton univers, ce qui te fait vibrer, tes récents coups de coeur.

Mon univers est fait de beaucoup de fascinations. J’ai notamment une passion pour les photographes des années 90 comme Corinne Day, Nan Goldin, Mark Borthwick ou David Armstrong : ce sont des artistes qui m’inspirent par le réalisme et la poésie de leurs oeuvres. J’adore aussi les nus de Paolo Roversi qui pour moi sont les plus beaux et Robert Mapplethorpe pour son côté kinky et ses images qui sortent du temps. Côté musique, j’apprécie particulièrement Patti Smith, Lou Reed, Siouxsie Sioux, Kathleen Hanna, Björk, etc. : ce sont de vraies personnalités engagées dans leur art. Ces derniers temps, j’ai découvert des artistes vraiment cools que j’écoute en boucle grâce à des labels comme Lentonia Records, La Forme Lente ou Dark Entries Records. Enfin, côté cinéma, j’aime beaucoup des réalisateurs comme Quentin Tarantino, Gus Van Sant, Gregg Araki, et Judd Apatow, qui me fait littéralement mourrir de rire !

Pour la mode, actuellement, j’adore Vêtements, Raf Simons, Julien Dossena chez Paco Rabanne, Hood By Air et le travail de Grace Wales Bonner.

Pour sortir à Paris, je suis un inconditionnel des Souffleurs, un bar gay dans le Marais où je mixe de temps en temps. C’est un peu la maison là-bas : j’y traine depuis que je suis à Paris. Il y a aussi les soirées GinaXXX de mon amie Dora Diamant que je ne loupe jamais, qui sont toujours très fun.

LA PLAYLIST DE DIMITRI

1. MAKiNA GiRGiR – Livides Clartés

2. Illustration Sonore – Flying Lights

3. Zhala – Prophet

4. Eyedress – White Lies

5. Vision Fantom – Eternity 2000

6. Fatima Al Qadiri – Battery

7. Makeup and Vanity Set – Homecoming

8. Opale – Sleepless

Crédit photo: Stas Kalashnikov