Stéphane Ashpool a mis les rues de Pigalle sens dessus dessous. Si, il y a quelques années, le quartier s’étonnait de voir apparaître la boutique de vêtements du jeune autodidacte, aujourd’hui l’heure est à la reconnaissance. Ici, Ashpool est chez lui. Plus que ça : ici, Ashpool est roi.

Photos : Virginia Arcaro
Texte : Andréa Visini

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Il est (déjà) loin le temps où en 2008, Stéphane Ashpool improvisait son premier défilé pour présenter une collection masculine de t-shirts et chapeaux faits à la main. Alors qu’il vient d’ouvrir sa première boutique à Tokyo et de rafler le prix de l’Andam 2015, le jeune créateur de Pigalle, la marque de prêt-à-porter homme, repousse les frontières de l’audace et se met au défi d’ouvrir une école dans son quartier.
Depuis l’an dernier, Ashpool a de nouvelles ambitions pour Pigalle, le quartier et la marque. Après avoir convaincu le maire de ne pas faire du terrain de basket de la rue Duperré un parking, c’est Nike qui, séduit par sa volonté de fer, s’empressera d’en assurer la rénovation. En atelier comme sur le terrain, Stéphane Ashpool motive ses troupes à la manière d’un grand frère. Pour les gamins de son quartier, c’est l’école de la vie qu’il recrée. Plus que les équipes de basket qu’il motive et au-delà de la marque de vêtements qu’il dirige, Ashpool vibre pour l’union et l’évolution de son quartier-famille au moyen de la mode et la culture.

C’est ainsi qu’il raconte une nouvelle histoire, celle de Pigalle ouvert sur la ville, et de la ville de Paris attentive au monde. Alors que la capitale s’ennuyait de ses clichés chics et opulents, Stéphane Ashpool valorise une autre forme d’élégance à la française. Plus street et moins élitiste, le nouveau titi parisien respire la Rive droite multiculturelle. Pigalle existe enfin autrement qu’à travers ses sex-shops et le Moulin Rouge. Désormais, il y a la revendication créative d’un jeune créateur qui célèbre un style frais tout en sublimant le potentiel culturel de son quartier. Loin du traditionnel bleu-blanc-rouge, Ashpool peint les couleurs d’un nouveau Paris, sur fond de tolérance et d’amitié. Derrière les visages adolescents qui représentent sa marque, il glisse sa vision d’un high-end street-wear moderne aux tons pastels et aux textures travaillées à la main. Et si ce sont ses t-shirts Pigalle qui ont fait connaître la marque, le créateur s’approprie de nouveaux savoir-faire en collaborant avec les Métiers d’Art de Chanel pour une collection automne-hiver 2016/17 réussie. En lui attribuant le Premier Prix l’an dernier, le prestigieux jury de l’ANDAM a choisi de récompenser la force de la volonté et du partage. « Mon rêve c’est de créer une école », confie-t- il à i-D France. « Une école de sport, une école de mode, mais surtout une école de vie, qui développe les sens des enfants et qui les pousse à faire ce qu’ils ont réelle- ment envie de faire au fond d’eux-mêmes, à réaliser leurs rêves intérieurs ».
Grâce à sa volonté ardente de fédérer et de bouleverser les ambitions d’un quartier et de ses habitants, Stéphane Ashpool est devenu un porte-parole éclectique d’un Paris adepte du changement. Et ce avec succès !

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Article originellement publié dans le numéro 47 de Modzik, toujours disponible ici.