Si Paris est la capitale de la mode, on reproche souvent à sa mode femme un certain classicisme. Mais nombreux sont les créateurs pour qui la présentation des vêtements compte autant que leur coupe. C’est le cas de Rick Owens qui a choisi de faire défiler certains de ses modèles accrochés les unes aux autres.
Les trois premiers modèles apparaissant lors du défilé font déjà sensation en défilant avec des vestes ajustées, aux épaules larges, relevées par des robes dans un noir ou ocre chatoyant. Le souffle se coupe au moment où apparaît le quatrième mannequin, tête droite, épaules redressées certes, mais alourdies par deux jambes, comme suspendue dans l’air. Les modèles continuent à défiler en portant des pièces aux coupes architecturales et, ponctuellement, un autre modèle.
Ces acrobates du catwalk n’ont pourtant pas la tête à rire. Visages passifs ou tête vers le bas gonflée par le sang, les modèles défilent silencieusement en se soutenant les unes les autres. Mains liées, corps resserrés autour du corps de l’autre, elles sont un symbole de soutien comme l’a expliqué par la suite Rick Owens au magazine Dazed & Confused : “dans la collection pour le Printemps/été masculin, qui partage le nom de cette collection (Cyclopes), la vision était plus agressive. Mais appliquée aux femmes, je pense qu’elle s’intéresse plus à l’idée de nourrir, de sororité/maternité et de régénération; des femmes qui élèvent des femmes, des femmes qui deviennent des femmes et des femmes qui soutiennent des femmes – un monde de femmes que je connais peu et que j’essaie seulement de distraire à ma façon… Les attaches peuvent paraître restrictives mais elles parlent plutôt de support et de bercement. Ici, elles deviennent des rubans d’affection”.
Et si la performance restera gravée dans les annales, les pièces elles-mêmes méritent d’être mises en avant tant elles étaient d’une simplicité rare pour le designer. Bomber, robes courtes et légères, spartiates compensées et vestes droites, nous laisse à penser que dans la tribu Rick Owens, les femmes sont suffisamment fortes pour que les vêtements qu’elles portent ne soient plus une manière de se protéger mais bien une manière de se mouvoir sans entraves.
Credits photos : Vogue Runaway