Une légende parisienne s’est éteinte, hier dimanche 4 octobre 2020, à l’âge de 81 ans des suites du Covid-19 à Paris. Retour sur une légende de la mode parisienne, un enfant plein de joie, un jeune éternel et festif au monde vibrant, coloré, floral, qui a tant apporté à la mode parisienne. De son arrivée à Paris au lancement de sa première boutique Place des Victoires, en passant par sa Jungle Jap, hommage à ce grand homme de mode.

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Un japonais à Paris

Son histoire est touchante, spontanée, passionnée. Né en 1939 à Himeji et passionné de mode depuis l’enfance, il se forme à la prestigieuse école de couture de Tokyo, le Bunka Fashion College. Rêveur – mais pas que -, il réalise un rêve et se met en route pour Paris – un voyage d’un mois et demi en bateau -. Fêtard, il s’adapte très vite à la capitale et assiste aux grands défilés de la capitale. Démoralisé par tant de beautés, il faillit rebrousser chemin. Et pourtant, il réussit à vendre quelques dessins çà et là, sans jamais délaisser les nuits parisiennes. Quelques années plus tard, il se lance et ouvre sa boutique Jungle Jap inspirée par une peinture coup de cœur d’Henri Rousseau. Son échoppe dévoile une gigantesque fresque exotique où un tigre se cache dans les feuillages : symbole mythique de Kenzo. Il ne quittera jamais plus la capitale.

 

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Une mode joyeuse et audacieuse

Cinq ans après son arrivée à Paris, il présente sa première collection en 1970. Tissus chinés aux puces, coupons du marché Saint-Pierre, mode urbaine aux influences japonaise, silhouettes colorées, volumes et imprimés : le créateur ne passe pas inaperçu. Il sera propulsé en faisant la couv du ELLE et, plus tard, par le Vogue Américain. Sa renommée est immédiate et mondiale. Ses shows sont des fêtes joyeuses, des tours du monde, il est d’ailleurs le premier créateur étranger à présenter à Paris, celui qui ouvre les portes à la mode ethnique.

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Très vite, on lui associe un univers exotique et éclectique : des fleurs, des imprimés vifs, l’emblématique tigre. Kenzo Takada libère Paris de ses codes bourgeois. Son vestiaire est facile, vivant, expressif. Avant-gardiste, il crée des silhouettes hors-genre, il sera le premier. Génie subversif au summum de son art, toutes les personnalités tombent pour Kenzo et son style singulier. Nom controversé, Jungle Jap devient Kenzo en 1980, un chemin plein de joyeuses aventures de mode s’écrit alors pour Kenzo Takada, jusqu’en 1999 où il cède la maison Kenzo à LVMH, touché par la mort de son compagnon. 30 ans de création qui s’achève sur un show grandiose, une fête géante au Zénith de Paris. Moment magique. Il continuera ses projets, notamment dans l’art de vivre.

Kenzo Takada : un héritage pluriel

L’héritage Kenzo, c’est avant tout un état d’esprit. La joie, la fête, le pouvoir des fleurs et de la couleur. Ses silhouettes emblématiques révèlent des tuniques, des gilets loose, des cols Mao, des robes aux manches kimono ou inspirées de folklores traditionnels. Multiculturalisme et volumes généreux règnent dans son univers mode. Les pantalons baggys côtoient les mailles péruviennes et chapeaux grandiloquents. Kenzo est parti en laissant derrière lui un bel univers fantasmagorique.