Inutile de revenir sur son parcours de designer dont les étapes marquantes lui ont fait gagner ses galons de « maître » et l’attention des curateurs de musée du monde entier. Nous avons choisi, pour raconter son histoire de mode, d’ouvrir la porte de ses autres univers. Homme d’image, dont les premières collections s’inspiraient du travail d’August Sander et aux collaborations artistiques multiples – dont témoigne l’ouvrage Talking to myself (1) –, amoureux de cinéma, musicien dans l’âme… Artiste, en un mot, ce qui lui vaut toutes ces rétrospectives dont il avait dit un jour à Guy Trebay du New York Times qu’elles étaient « la preuve de toutes vos erreurs ». Pourtant on reconnaîtra à l’homme de mode certains talents. Celui d’avoir dynamité en 1981, aux côtés de sa compagne de l’époque Rei Kawakubo et sous les yeux médusés de la presse internationale, les codes des podiums parisiens, devenant alors l’un des chantres de l’antimode et le père de nouveaux canons esthétiques. Celui d’avoir introduit à la fin des années 80 de nouvelles proportions dans le vestiaire masculin. Celui d’avoir inauguré dès 2002 avec Y-3 une nouvelle approche du sportswear aujourd’hui reprise partout. Pas mal, semble-t-il, pour un parcours parsemé d’erreurs ! 2012 marque les 40 ans de sa compagnie Y’s Ltd. fondée en 1972, avant la création en 1984 de sa société Yohji Yamamoto Inc. à cette occasion, un webjournal invitera bientôt en ligne musiciens, écrivains ou réalisateurs à explorer les thèmes inhérents à la marque. 2012 est aussi l’année choisie par M. Yamamoto pour devenir le président du 27ème festival international de mode et de photographie d’Hyères et tendre la main à la jeune création.

Par Flora Zoutu

Portraits de Yohji Yamamoto_ Max Vadukul

Tous nos remerciements à Coralie Gauthier ainsi qu’à Maya Hamel et Alicia de Toro