La célèbre marque de maroquinerie se lance aujourd’hui dans la grande aventure de la parfumerie en avec trois nouveaux jus. Réalisés par le parfumeur Jérôme Di Marino, ces parfums constituent un voyage sensoriel allant de l’Orient à l’Occident, du Japon à l’Italie. Des créations olfactives nomades qui flirtent avec subtilité et modernité entre les plantes et les épices pour s’inscrire parfaitement dans l’identité de MCM.

C’est une passion de toujours la parfumerie ?
Jérôme Di Marino : J’y suis venu un peu par hasard mais j’ai toujours eu la fibre créative. Au début je voulais faire du design, mais j’étais trop jeune. Je me suis finalement lancé dans des études de chimie, avec l’influence de Grasse, la parfumerie me semblait l’opportunité parfaite pour joindre mon bagage universitaire et mon envie de créativité. J’ai étudié les succès de parfumerie de chaque décennie, leur évolution, ce qui rend un parfum moderne. Comme en mode, un sac des années 70 se réinvente pour revenir au goût du jour.

Et pour créer le parfum d’une marque de mode, comment passe-t-on d’un univers textile et visuel au monde olfactif ?
JDM : J’attache beaucoup d’importance à la mode car, comme en parfumerie, certaines tendances sont sociétales et on doit les discerner pour capter l’ère du temps. De mon côté, j’essaie de comprendre la marque avec laquelle je travaille, quel message elle veut faire passer, son ADN pour créer un produit cohérent. Au-delà du textile et du touché, la perception et l’envie du public de la marque doivent être considérées pour les traduire olfactivement. Plus concrètement, je pars souvent d’une association d’idée ou d’une opposition entre deux choses. Pour MCM, je me suis nourri du côté intemporel. C’est aussi une marque qui traduit une sensation de liberté : on prend son sac pour aller sur la route. Les sacs à dos ont été mon point de départ et nous avons travaillé pour que les parfums soient une invitation au voyage, sans s’attacher à une seule culture, un seul pays. Ces fragrances sont nomades, chacune fait écho à une région du monde, dans un voyage de l’Ouest à l’Est avec trois parfums, et une approche qualitative des produits, en référence à cet héritage craftsmanship de MCM.

Et quelles sont les étapes de ce voyage signé MCM ?
JDM : La première étape commence en Asie avec le thé blanc, avec pour référence la cérémonie du thé. Je l’ai travaillé pour le rendre frais, confortable et agréable à porter avec des notes abricotées et de bergamote, en le faisant évoluer vers un sillage plus crémeux avec du santal et du musc. Le deuxième parfum continue le voyage avec l’encens, un parfum avec une connotation spirituelle et mystique. J’ai voulu mettre au centre de la fragrance un travail de contraste entre les produits, par rapport à l’odeur citronnée et résinée de l’encens. Avec une note de pamplemousse pour le côté amer qui pousse le côté très lumineux de l’encens par exemple, elle-même contrastée avec une note d’essence de ciste, un arbuste ambré et résineux. La dernière étape de ce voyage se termine en Italie avec l’iris, un produit de Toscane. On a travaillé avec cette note très poudrée pour la rafraîchir avec de la baie rose ainsi qu’une overdose de musc. À mes yeux, c’est le sillage le plus sophistiqué de la gamme.

Ces parfums sont les mêmes pour homme et pour femme, pourquoi avoir pris le parti d’une ligne unisexe ?
JDM : Avec le temps, des codes ont été instaurés et certaines épices sont dites masculines, comme la cardamome, tandis que la rose est féminine. Avec MCM, nous voulions nous abroger de ces concepts et se concentrer sur la matière elle-même. J’ai vraiment travaillé dans un esprit open minded. À la fois ouvert sur le monde comme le voyage, sans m’attacher à un endroit particulier, ni en pensant masculin ou féminin.

Quels parfums te ramènent directement en enfance ?
JDM : Les deux parfums que portaient mes parents. Ça me rappelle des souvenirs, notamment quand on partait en vacances en voiture. Mon père portait Kouros, qui est l’incarnation de la virilité de l’époque des années 80 et ma mère Diva d’Ungaro.

La musique t’inspire pour tes créations ?
JDM : Je ne vais pas piocher directement là-dedans, mais j’aime comprendre les tendances de fond, le message de la pop culture et ses succès. Après, je reste assez mainstream, j’écoute de la pop américaine. Je suis impressionné par des artistes au travail incroyable comme Beyoncé et ses show millimétrés ou Rihanna dont chaque nouveau titre est un succès, quelque soit le style qu’elle s’approprie. À chaque album, ces stars participent à ce background sociétale, montrant ce que les gens veulent écouter aujourd’hui. S’ils le cherchent en mode et en musique, peut-être qu’ils le cherchent en parfum. Pour rester connecté avec notre génération de millenials, il faut s’intéresser à d’autres univers.