Voilà donc un pitch de départ des plus singulier  : dans un univers où deux Terre(s) coexistent avec des centres de gravité opposés, deux habitants de ces mondes antinomiques se rencontrent lorsque leur points culminant se rapprochent et tombent amoureux. La question se posera bien vite  : l’amour sera -t-il plus fort que la loi de la gravité ? Que faire lorsque même les lois de la physique vont contrecarrer votre inclination  ?

Cette fable a l’univers visuel impressionnant de beauté emprunte autant au romantisme qu’à la science fiction et se rapproche ainsi de films comme Bienvenue à Gattaca, Dark City, l’Armée des 12 singes ou encore plus récemment Time Out. Fils du réalisateur argentin Fernando Ezequiel Salanas, Juan Diego a réussi un coup de maître dès son premier court métrage L’Homme Sans Tête avec le prix de la mise en scène à Cannes puis Nordeste (avec Carole Bouquet) concourt ensuite pour la Caméra d’Or.

Avec Upside Down dont il co-signe le scénario, il renoue avec le conte qu’il transpose dans un monde aux données improbables et induit le mythe aussi de la Compagnie qui régit la société en écrasant le cityant lambda, à la manière d’un Brazil ou 1984. Le problème épineux de ces deux Terres aux gravité qui s’affronte maintient le spectateur dans un état quasi surréaliste accentué s’il est possible par l’univers visuel qu’il développe  : c’est aussi beau que graphique, comme un rêve éveillé.  Et loin d’être perdus dans cette perspective, les deux acteurs principaux sont totalement immergés dans le récit avec un Adam, campé par Jim Sturgess habité (Deux Soeurs pour un roi, Las Vegas 21, Cloud Atlas) parfait en amoureux qui ne renonce pas à son aimée Eden, incarnée par une Kirsten Dunst tout en justesse (Marie-Antoinette, Virgin Suicides, Melancholia…) qui se retrouve une fois de plus à embrasser l’homme de sa vie la tête à l’envers (souvenez-vous de son fameux baiser renversé avec l’Homme Araignée dans Spiderman, il est des habitudes difficiles à perdre). Ce héros issu du ‘monde du dessous’ n’hésitera pas à transgresser les règles en allant chercher sa belle dans cette univers pour le moins… renversant.

Au final, ce film au postulat de départ résolument dingue et brillant et servi par une esthétique soignée souffre du coup d’un petit manque de densité dans le développement de son histoire, surtout avec son Deus Ex Machina final un peu facile. Mais si vous êtes sensibles aux histoires d’amour impossibles et au surréalisme visuel, alors pas de doute, ce film vous emportera dans son délire.

UPSIDE DOWN de Juan Diego Solanas (Warner) avec Jim Sturgess, Kirsten Dunst et Timothy Spall.

 
 

Par Joss Danjean