Tous deux partis de rien puis célébrés par la Toile et enfin par les majors, A$AP Rocky et Azealia Banks sont le genre d’entrepreneurs en devenir qui, au delà de leurs penchants communs pour les gros billets, savent garder, dans leur genre respectif, le style sauvage des jeunes loups.

En 2013, fini les cartons de flyers et les pressages de CD démo mal enregistrés. À l’heure du tout numérique, les artistes maîtrisent leur production et leur diffusion comme des businessmen tout juste sortis du lycée. Auteur d’une véritable prise d’otage médiatique, ASAP Rocky, 23 ans au moment des faits, a imposé son style lourdement inspiré du son de Houston avec son impeccable mixtape LiveLoveASAP, lancée sur le Web il y a quelque mois. Même s’il aime rappeler qu’il est un « pretty motherfucker » dont les obsessions sont le swag (la sape), le sirop à la codéine et la weed, les majors ont rapidement compris que sous ses airs, le jeune New-Yorkais qui peut rapporter gros n’est pas bien méchant. Trois millions de dollars plus tard, ASAP Rocky signe donc chez RCA pour le plus gros contrat rap depuis 50 cent. Coup classique. Face à une semi-remorque de billets verts, on se dit qu’après tout, l’indépendance est un truc élitiste.

De son côté, Azealia Banks est le genre de fille qui parle cunnilingus en dansant comme une écolière en surprise party électro hip-hop. Mais derrière sa fausse innocence, cette New-Yorkaise de 20 ans a su faire marcher à merveille le bouche à oreille numérique. Privilégiant le crossover au rap dur d’ASAP Rocky, Azealia Banks n’hésitepas à reprendre Slow hands d’Interpol, à chanter comme une diva soul ou à s’acoquiner avec des producteurs franchement dancefloor comme Lazy-Jay. Résultats : 212 et Liquorice, deux des plus gros ravageurs de hanches de l’année. Comme pour ASAP Rocky, les majors se sont bousculées au portillon pour signer la toute dernière it-girl. Après avoir planté les indépendants de XL Recordings, Azealia Banks vient de signer chez Universal pour qui elle sortira un album prévu pour mai/juin.

Ces deux New-Yorkais sont restés des gamins. Tout ce qui les amuse, c’est balancer deux ou trois gros mots bien trouvés et repartir avec la caisse.

www.asapmob.com
www.azealiabanks.com

Par Simon Clair