Alors que Get Lucky fait ses premiers ravages dans les clubs, supermarchés et crèches de France, Modzik se demande si le jeu en vaut la chandelle, et écoute Bankrupt de Phoenix.

A première vue, l’artwork nature morte donne des premiers signes de vie inquiétants. Fruit moisi ou représentation subjective d’un printemps coloré revenu. On se croirait plus chez Carrefour.

Depuis toujours amateurs de mélanges des genres, Wolfgang Amadeus Phoenix se voulait enfant sale d’un threesome musicale entre la sacro-sainte musique classique (Mozart, Liszt) la pop et l’électronique. Cette union aux références des plus prétentieuses annonçait un retour du quatuor des moins discrets. En effet, en 2009, Lisztomania, 1901, Lasso, Love Like A Sunset et l’ensemble de l’album ont fait danser de façon incontrôlable le monde (presque) entier. Phoenix s’imposait comme la plus belle façade de l’electro-pop made in France, conforme aux normes d’exportation mondiale.

Indigestion. En 2013, Banqueroute nous laisse sur notre faim comme un plat réchauffé de 2009. Les mélodies ont l’air gâté et on se sent aujourd’hui trop lourd pour danser. Car à la danse, Phoenix aujourd’hui à l’air de préférer la communication. Ultime baissage de froc’ : R.Kelly se paie l’orchestre Phoenix pour poser son Ignition sur le front de 1901.
Entertainment nous transporte au Japon comme un voyage organisé en bus. Trying To Be Cool résume bien le problème. S.O.S In Bel Air lâche les riffs de l’énergie du désespoir. Pourtant Bankrupt ! suspend le temps, l’espace de 6 minutes. Cette parenthèse essentiellement instrumentale, est conclue par la voix de Thomas Mars, tellement surprenante qu’on se demande si David Gilmour ou Roger Waters n’auraient pas soufflé la ligne de voix. Retour express à l’ennui et au déjà-vu ensuite avec Drakkar Noir, Bourgeois et Oblique City.

Posés tranquilles, dans la pelouse du château de Versailles, on s’emmerde un peu avec Phoenix qui n’a pas vraiment changé ni avancé en 4 ans. Leur musique, pleine de clichés, ne s’adresse plus vraiment à nous vu que le taff est fait, il faut maintenant faire danser Tokyo et Hong Kong. Le Phoenix est bien de retour, les ailes cramées, le self-respect en fumée.

 

Par Maxime Coeur