Avec d’autres acteurs, musiciens, producteurs, la liste des artistes dénoncés pour menaces et harcèlement sexuel s’allonge : Kevin Spacey est blacklisté d’Hollywood, le photographe de mode Bruce Weber est interdit dans les pages des grands magazines… Mais c’est l’affaire R. Kelly qui prend aujourd’hui une nouvelle ampleur avec un documentaire en 6 parties réalisé par Dream Hampton et diffusé depuis le 3 janvier sur la chaîne américaine Lifetime. R. Kelly y est ouvertement accusé d’être un prédateur sexuel aux pratiques violentes, de pédophilie et même d’avoir transmis des MST à ses partenaires en toute connaissance de son état.
Aujourd’hui cela fait plus de 20 ans que des accusations sur le compte du rapper sont régulièrement proférées, entre relations sexuelles consenties ou forcées avec de jeunes filles de moins de 16 ans. En 2002, il avait d’ailleurs été inculpé pour avoir filmé des actes sexuels entre lui et une jeune fille de 14 ans (la nièce de la chanteuse Sparkle), avant d’être finalement acquitté en 2008. Le mouvement #MeToo n’a fait que relancer une machine qui fait du bruit depuis longtemps.
Dans le documentaire Surviving R.Kelly, d’anciennes choristes et danseuses avouent avoir été témoins de relations sexuelles avec des mineurs : il y est notamment question de la regrettée Aaliyah, hélas décédée en 2001 : elle avait 15 ans au moment des faits alors que R. Kelly en fait 28. De même il l’avait également illégalement épousée en 1994, ce qu’il avait pourtant toujours démenti, alors que les noces avaient finalement été annulées par la famille de la mariée peu après. Andrea Kelly, ex-femme du chanteur et mère de ses enfants, témoigne également que R. Kelly comme étant quelqu’un de « manipulateur, violent et porté sur les très jeunes femmes ». Alors qu’elle a eu une relation avec le chanteur durant plusieurs années, Lizzette Martinez (rencontrée alors qu’elle n’avait que 17 ans) dit avoir subi harcèlement mental et d’agressions physiques répétées. D’autres femmes se joignent à elles pour témoigner également.
L’artiste Common a posté sur Twitter : « The most disrespected woman in America, is the Black Woman. The most un-protected person in America is the Black Woman. The most neglected person in America, is the Black Woman. » Malcolm X
Alors que des stars ayant travaillé avec R. Kelly comme Céline Dion, Jay-Z et Lady Gaga ont refusé d’apparaître dans le documentaire, John Legend lui est monté au créneau et a accepté de témoigner ouvertement. La productrice du documentaire Brie Miranda Bryant dit avoir produit Surviving R. Kelly afin de donner une lueur d’espoir aux survivantes d’abus sexuels, à toutes ces femmes dont la vie est brisée.
#MuteRKelly
L’avocat de Kelly, Brian Nix, affirme dans la lettre obtenue par TMZ que le documentaire contient des affirmations diffamatoires sur le chanteur. Nix aurait menacé de porter plainte devant le gouvernement fédéral. Kelly affirme que les femmes interviewées dans le documentaire mentent sur lui pour devenir célèbres. Rappelons que Spotify, Apple Music et Pandora ont arrêté d’inclure la musique de R. Kelly dans ses playlists même si les titres du chanteur sont toujours sur ces plateformes mais elles en ont stoppé la promotion.
Meek Mill (rapper) : « Le génie artistique de R. Kelly nous a tous inspirés. Mais sa musique est aujourd’hui assourdie par la noirceur de ses actes. L’obscurité des hommes revient toujours en pleine lumière un jour ou l’autre. »
Depuis 2007, R. Kelly a été le sujet d’autres documentaire comme R. Kelly : Sex, Girls, and Videotapes ou encore Sex, Girls & STDs : The R. Kelly Sex Scandal sur la BBC Three. Et d’autres seraient encore en production selon Buzzfeed.
Toni Morrison (in Song Of Solomon) : « You wanna fly, you got to give up the shit that weighs you down »