C’est aujourd’hui que le Black Friday prend place en France après avoir été décalé d’une semaine. Alors que certaines marques ont refusé d’y prendre part cette année, c’est sans surprise que le fast fashion revient en force en ce « vendredi noir ». Pour ou contre, faisons le point.

Une tradition américaine devenue mondiale

Originaire des États-Unis, le Black Friday représente le premier jour où la majorité des Américains effectuent sans compter les achats pour les fêtes de fin d’année. Les magasins sont alors noirs de monde, ce qui explique le nom Black Friday.

Chaque quatrième vendredi du mois de novembre, de nombreux articles sont soldés, et les acheteurs n’hésitent pas à prendre une journée de congés afin de ne pas manquer la moindre bonne affaire. Même avec la crise sanitaire actuelle, les États-Unis ont enregistré une journée record d’achats en ligne et en boutique le 27 novembre dernier.

Les débats au sujet de l’environnement se multiplient, et pourtant l’évènement commercial va sans nul doute encourager la ruée vers les promotions. De quoi inviter les acheteurs à surconsommer et mettre de côté le phénomène de slow fashion qui consiste à vendre des produits éco-responsables à leur juste valeur.

Et en France, ça donne quoi ?

En France, le Black Friday est devenu une bonne excuse pour refaire sa garde-robe et anticiper les achats de Noël. Selon le baromètre Future Consumer Index publié par l’agence de conseil et d’audit EY, seulement un quart des personnes ayant participé au sondage avoue préférer les marques éco-responsables. Les trois autres quarts achètent majoritairement des produits moins chers qui encouragent le fast fashion.

Une étude d’Opinion Way indique que plus de 80% des Français affirment qu’ils adopteront une consommation responsable après le confinement. On remet alors nos bonnes résolutions à demain, une fois de plus.

Ces collectifs qui proposent une alternative au Black Friday

Certaines marques ont décidé de ne pas participer au Black Friday mais de rejoindre un collectif appelé Make Friday Green Again. Parmi elles, on compte FAGUO, Aigle, ODEN, Jules & Jean etc. Au total, plus de 700 marques se mobilisent pour “consommer moins mais mieux, et privilégier ce dont nous avons vraiment besoin,” comme indiquer sur makefridaygreenagain.com.

“Certains pensent que le Black Friday peut être une solution à court terme, mais en réalité, cette journée de surconsommation n’est pas une alternative viable ni pour les commerces ni pour l’environnement. D’ailleurs, les marques qui nous ont rejoint cette année vivent toute la même crise économique, mais elles font le choix de ne pas faire de promotion. (…) Cet événement commercial reste une catastrophe pour l’environnement et pour l’économie et je pense qu’il doit donc être annulé,” explique Nicolas Rohr, cofondateur d’une jeune marque, FAGUO, et à l’initiative du projet.

Green Friday est un autre mouvement qui veut proposer une alternative à la surconsommation. Avec plus de 400 adhérents, le collectif en est à sa troisième édition et s’engage à verser 10% des chiffres d’affaires au profit d’associations telles que Zero Waste et HOP. Leur but étant de “réparer ou donner plutôt que de jeter, allonger les durées de vie, acheter local, choisir des produits labellisés”, le mouvement se mobilise chaque année pour faire du Black Friday une occasion pour alerter les grands noms de la mode des impacts environnementaux.

2020 a été une année pleine de changements et d’innovations pour s’adapter aux circonstances liées au Coronavirus, et le Black Friday est sans nul doute très attendu pour pouvoir, peut-être, rattraper des chiffres d’affaires tombés bien bas. Mais ce rendez-vous annuel est avant tout un coup dur pour l’environnement et le monde du slow fashion, qui se retrouve mis à l’écart face à ces produits à prix réduits.

 

TikTok et son influence non-négligeable

Aux États-Unis, la plateforme TikTok a lancé un hashtag – #AchatsCompulsifs – qui invite les utilisateurs à filmer et partager leurs achats effectués lors de cette date. Rassemblant plus de 13 millions de vues en moins d’une semaine, nombreux sont les influenceurs/influenceuses qui ont mis en ligne des vidéos de déballages de colis.

TikTok est sûrement la plateforme de l’année : elle compte à elle seule plus de 625 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde, de quoi provoquer de véritables tendances mondiales en l’espace de quelques secondes. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec #AchatsCompulsifs. Nombreuses sont les compagnies qui ont dû fermer, et c’est peut-être grâce aux effets de mode via TikTok, le « vendredi noir » ou encore le Cyber Monday que nos commerces vont remonter la pente.

Le Black Friday a bel et bien redonné le moral aux commerçants et aux clients mais c’est encore un mauvais moment à passer pour le slow fashion qui peine à véritablement s’installer dans les habitudes des acheteurs. Et avec TikTok comme ambassadeur du fast fashion, le combat entre les prix bas et l’éco-responsabilité n’est pas prêt de se terminer. Entre ceux qui sont pour et leurs détracteurs, la bataille ne fait que commencer….