Le Grand Palais expose le photo-journaliste Raymond Depardon dans une configuration bien particulière, qui arrive à son terme le 10 février. Un moment de complicité unique à ne pas manquer !

« Un moment si doux » présente à travers un angle transversal ses œuvres les plus connues. De la couverture des conflits des années 80, du Soudan au Biafra en passant par le Liban, aux portraits politiques qu’on a pu connaître d’hier et d’aujourd’hui. Le rôle de Depardon suit celui de photographes tel Cartier-Bresson,et il  fut l’un des premiers à couvrir les périodes les plus marquantes de l’histoire moderne. Un travail à l’argentique insaisissable, qui a fait  de lui un photographe reconnu dans le monde entier, et en particulier pour sa réactivité toujours teintée d’une sensibilité délicate. La technique suit ce passionné qui ne reste jamais cantonné dans un seul établi.

Incontournable de l’histoire du photo-journalisme moderne, Raymond Depardon y a inscrit dès ses clichés de conflits une approche vivante et humaniste. Une sensibilité qui l’a donc poussé à travailler des clichés moins diffusés et aujourd’hui exposés, comme ses photographies de vacances, en France, et celles de son village natal accompagné de sa famille et de voisins issus du monde de l’agriculture. Des années 60 à 2007, date des clichés les plus récents, on arrive pour une fois à s’immiscer au delà du sujet de la photographie, dans l’intimité du photographe. Son œil mais aussi son cheminement, à travers le travail de composition qu’offre cette rétrospective qui approche uniquement la couleur. Comme dans un tableau on s’aperçoit de l’intelligence de mise en scène, de ce regard inchangé au final, au cours du temps et de ce qui plonge dans l’instant, le moment «Depardon ».

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Du Liban jusqu’au Chili et en Argentine, sur ces traces, composées de portraits, de regards et d’ éléments fugaces ou de quelques tirages complices racontant un périple, Depardon sort d’un angle de l’actualité, où captiver l’oeil prime. Le côté percutant du noir et blanc et son impact minimaliste, s’oublient face à ces subtiles alliances de couleurs primaires, dont use Depardon. Tel un peintre, il dispose son regard et s’amuse à dispatcher ces détails sensibles tellement délectables au sein d’un « moment si doux ». 150 photographies quasiment toutes inédites consacrées à la couleur. Tout est là, dans ce temps donné qui apporte une renaissance visuelle, un renouvellement frais et opportun, plongé dans une seule information à succès : l’humanité.