Après son album A Room With A View et la performance collective chorégraphiée par (La)Horde et interprétée par le Ballet National de Marseille au Théâtre du Chatelet (dont le spectacle est sur arte-concert) et le César 2021 de la meilleure musique pour la BO du film La Nuit Venue de Frédéric Farrucci, Erwan Castex aka RONE revient avec son 8ème album studio Rone & Friends , un opus complet de collaborations chantées avec un large spectre d’artistes. Une fois de plus il surprend avec ce projet singulier où l’on retrouve aussi bien Odezenne que Yael Naim en passant par la britannique Georgia et l’icône indé hexagonale Dominique A. Il nous parle de ce projet à part et nous livre une playlist exclusive.

(c) Coco

L’interview :

Ton style musical est plutôt intimiste : comment es-tu venu à l’idée d’un album entier de collaborations ?

Cet album « Rone & Friends » n’était pas prévu en fait. Ce qui était prévu, avant que cette pandémie entre dans nos vies, c’était que je fasse une longue et jolie tournée pour mon précédent album « Room With A View », mais évidemment tout cela s’est effondré comme un château de cartes.
J’étais alors en plein dans l’effervescence de la création collective avec La Horde et le Ballet National de Marseille, et le premier confinement a donc été très brutal. Pour lutter contre cet isolement soudain et imposé j’ai commencé à collaborer à distance avec des amis artistes comme Damasio, Casper Clausen, Melissa Laveaux, et puis ce truc a pris forme… 

Le choix de certaines collaborations peut sembler s’éloigner vraiment de ton univers – je pense à Camélia Jordana, Yael Naim ou Georgia – comment mis tout cela en forme pour obtenir une cohérence ?

J’ai rencontré Camelia Jordana sur le tournage de La Nuit Venue, dont j’ai composé la BO. Camelia est fascinante, sa voix est dingue, et c’était une évidence qu’il fallait qu’on fasse un morceau ensemble!
Yael Naim, elle, m’avait demandé un remix il y a quelques années. C’était une expérience super cool et on est resté en contact depuis, on se disait régulièrement qu’il faudrait qu’on refasse de la musique ensemble. C’était l’occasion.
Quant à Georgia, je dois dire que c’est le seul « mariage arrangé » de l’album… d’habitude j’évite cela comme la peste, pour moi c’est un peu comme quand on présente quelqu’un à un.e célibataire endurci.e en étant persuadé que ça va « matcher »: c’est finalement souvent foireux parce que ça manque de spontanéité, de naturel et qu’il y a comme un malaise… j’ai donc eu quelques doutes au départ quand on m’a présenté Georgia, mais j’ai vite réalisé que c’était une musicienne et une fille géniale et qu’elle avait la capacité de donner une dimension super pop à ma musique, ça m’a intéressé.

Peux-tu nous citer quelques anecdotes de production ?

Tous les artistes de ce disque m’ont surpris et épatés, je les aime et je les admire tous.
Là je pense à Jehnny Beth qui chante habituellement en anglais et qui chante ici pour la première fois en français, je prends cela comme un vrai cadeau et une belle preuve de confiance. En fait j’ai eu des petites surprises comme ça dans chaque morceau: Mattia de Odezenne qui fait repartir par surprise mon petit thème mélodique à sa sauce à la fin du morceau, Laura Etchegoyhen qui improvise un chœur sublime, Alain Damasio qui écrit un texte erotique alors qu’on l’attend plutôt dans son registre de sciences fiction d’anticipation… J’ai senti qu’ils étaient tous assez à l’aise pour tenter des trucs et ça c’était super cool. 

As-tu pu « rencontrer » certains artistes ou tu as tout mis en place via internet, covid oblige ? 

La plupart des morceaux se sont fait à distance, pendant le confinement, par échange de fichier de « home studio » à « Home studio »; mais ce qui est fou et génial c’est qu’on s’est presque tous retrouvés la semaine dernière au Théâtre du Châtelet (que j’ai dû quitter brutalement il y a pile un an à cause du premier confinement, alors que je jouais mon spectacle Room With A View avec la Horde et les 18 danseurs du Ballet National de Marseille) pour une captation de la chaîne Arte dans lequel on rejoue ses morceaux ensemble. 

Qu’est-ce qui a été le plus ardu pour toi dans ce projet ?

Très honnêtement c’est un projet qui s’est fait de manière très fluide, naturelle et agréable. Tout le monde était bienveillant dans les échanges, il y a eu beaucoup de générosité, d’amitié et même d’amour dans l’élaboration de ce disque. 

Quelle ta plus belle réussite dans ce opus ?

Ce qui est beau dans ce projet c’est que tous ces artistes ont des personnalités, des parcours et des manières de travailler très différentes; j’échangeais avec chacun d’entre eux sur leur morceau et ils m’ont fait une sacré confiance parce qu’ils ne savaient pas vraiment à quoi ressemblerait le reste du disque, ils l’ont découvert tout récemment seulement, quasiment à sa sortie. Alain Damasio m’a fait très plaisir en me disant: « c’est dingue comme tu as réussi à nous unir malgré nos différences ». Je crois que c’est ça la plus belle réussite de ce projet: une certaine harmonie. 

Que représente cet album pour toi : une parenthèse ? Un exercice de style ? 

C’est un album effectivement très particulier, parce que c’est un album de chansons et que je fais plutôt des musiques instrumentales habituellement… et puis au départ je ne le voyais pas comme mon 6eme album mais plutôt comme un travail de reworks ou de remixes parce qu’il y a beaucoup de reprises de mes anciens morceaux…
Aujourd’hui, je le vois comme un vrai album ; un album de « confiné » qui veut ouvrir sa fenêtre, sa porte, et jouer dehors avec des ami.e.s.

La playlist de RONE :

“C’est une playlist qui regroupe des morceaux en tout genre que j’aime bien écouter… il y a un peu de tout; des “friends”, de l’amour, de la douceur et de l’apocalypse… Enjoy le rone-trip! ;)”

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Retrouvez ce mardi 13 avril en Facebook Premiere, YouTube Premiere et sur Arte Concert le live musical inédit tourné au Théâtre du Châtelet  

RONE & FRIENDS (Infiné)