Artiste pop français résolument à part, boss & DA de son propre label 29 Music, producteur d’artiste et collaborateur musical attitré de Maria Grazia Chiuri pour Dior, Leonard Lasry nous livre sa playlist entre pop française, italienne et anglo-saxonne aux références 70’s . Cela à l’occasion de la sortie de Au Hasard Cet Espoir en collaboration, son second album en collaboration avec Elisa Point où se distille une pop française teintée de références entre douceur et énergie mais avant tout lumineuse : un disque aussi étincelant que sa pochette !

Pour rappel, Leonard compte plusieurs albums à son actif dont le dernier Avant la première fois sorti en 2017 et au Japon en 2018, Léonard Lasry est également le fondateur et directeur artistique du label 29 MUSIC où publie les derniers albums de Jay-Jay Johanson, Schérazade, mais aussi ceux de Marie France et d’Elisa Point qu’il compose et réalise intégralement à l’instar du prochain opus d’Amina attendu également courant 2021.

Durant 2 saisons il fera plaisir en prenant les commandes de chez Castel avec Les Mercredi de Leonard Lasry, dont il créera la chanson. Coté Live, il s’est produit sur les scènes du Crazy Horse, au Centre Pompidou, au Café de la Danse à Paris ou au WWW à Tokyo.

Dès le premier titre on l’impression de paroles mélancoliques chantées sur un ton positif : c’est un choix délibéré de ta part ?

Oui c’est souvent le cas, cela doit venir de mon goût pour la saudade, la mélancolie joyeuse m’inspire beaucoup. Je peux être très joyeux à écouter des mélodies tristes ou au contraire écouter des chansons joyeuses dans des moments dramatiques. Souvent on s’attache au premier aspect d’une chanson mais la ligne mélodique pour moi est ce qui prime et elle peut exprimer plein de choses bien plus profondes. J’entends parfois de la grande tristesse dans des chansons de fêtes ! En ce qui concerne les chansons de cet album et mes chansons en général, je n’ai pas envie de véhiculer quelque chose de triste ou de dramatique à priori. Je vais donc, même sur des chansons de questionnements et d’instrospection inconsciemment ou consciemment les allèger par des mélodies positives et souvent enjouées “

Ta musique recèle un coté un peu emphatique et grandiloquent : tu aimes utiliser ce coté “flamboyant” ?

Au moment où les chansons naissent je ne me pose pas trop de question, mais après coup avec un peu de recul je me dis qu’il y a bien deux catégories parmi mes chansons, celles qui vont avoir des mélodies quelque peu “flamboyantes” comme “A faire comme si” qui ouvre l’album, c’est pour moi une chanson de “conquête”, ou des chansons plus intimes qui j’imagine comme un doux soleil, une couverture ou quelque chose de plus caressant, par exemple “Je m’en rappelle à peine” ou “Ce que je ne dis pas” sur lesquelles je chante quasiment pour la première fois accompagné de guitares sèches.
Je compose seul et je developpe mes idées d’arrangements au piano avant de les donner aux musiciens. Cela fait plusieurs années que je réalise mes productions de cette façon en essayant de retranscrire moi même tout ce que j’entends quand je pense à la chanson ou ce que je suggère dans mes jeux de piano un peu fournis… J’ai souvent joué au piano comme si il y ‘avait un grand orchestre avec moi sur le clavier. Pour cet album le piano a une place centrale mais a cette fois, le grand orchestre pour l’accompagner ce qui l’allège. Cela n’empêche pas qu’il reste toujours certaines chansons qui sont plus réussies en piano solo, on en retrouve donc quelques unes sur cet abum là aussi. Le texte m’emmène aussi sur un territoire. Par exemple je viens de composer des chansons pour un nouveau projet sur des paroles en langue arabe, forcément ça me permet de developer un autre aspect de l’inspiration mélodique que je peux avoir en moi.

D’où te vient l’inspiration pour l’écriture des titres ? Quelles sont tes influences ?

Mes influences musicales sont assez variées à l’image de ce que j’écoute. J’ai une grande préférence pour les années 70 et leur esthetique musicale. D’ailleurs j’ai souvent cette attirance là en matière de design, cinéma et mode.
J’ai commencé à jouer du piano très très jeune j’avais appris quelques morceaux des Beatles puis Mozart, des Polkas etc Jusqu’à découvrir la variété, la pop des années 90 pour ensuite partir à la découverte du passé. Ennio Morricone, Francis Lai, Michel Legrand je les ai beaucoup écouté.
Mes mélodies me viennent sans que je puisse trop comprendre comment, je n’ai jamais cherché. Quand je compose sur des textes, ce qui a été le cas pour cet album, les mots et les histoires qu’ils racontent guident mes trouvailles.

Qu’elle a été le point de départ ou l’envie pour l’album Au hasard cet espoir ?

Toutes les chansons de cet album sont nées de mon tandem avec Elisa Point. Après l’album “Avant la première fois” en 2017 qui nous avait occupé les plusieurs années précédentes, on s’est remis à créér des chansons comme à notre habitude quand on avait envie de dire ou raconter quelque chose. Finalement tout est venu assez rapidement. La seule chose que je savais c’est que j’avais envie de plus me servir en tant qu’interprète ce qui signifiait me composer des mélodies qui me permettent peut être de chanter davantage et de faire sortir parfois comme “une autre voix” que celle qu’on avait entendu jusqu’à present. En vérité sur mes toutes premières maquettes à 20 ans je chantais beaucoup en voix de tête puis je suis parti à l’opposé en utilisant davantage les graves de ma voix. Je peux dire qu’avec les années mon chant s’est libéré et je crois que ma voix aussi, c’est d’ailleurs la réaction que je reçois souvent à la découverte de ces nouvelles chansons, certains me découvrent une voix qu’on avait pas toujours aussi bien entendu et que je n’avais pas encore exploité. “Ce que je ne dis pas” je l’ai composé en marchant dans les rues de Tokyo et je montais en voix de tête en chantant dans les rues de Shibuya, lorsque j’y suis allé pour la sortie de mon précédent album là-bas. Ce titre c’est une vraie nouveauté de m’entendre de cette façon.

Comment est venu la collaboration avec Maria Grazia Chiuri de Dior ?

Avec Maripol nous avions enregistré une chanson pour Valentino, le single “Words I want to hear” en 2016. Au moment de la sortie du titre qui servait de bande son à leur film “Enchanted Wonderland”, Maria Grazia Chuiri a été nommée à la direction artistique de Dior et nous a rapidement proposé de continuer ensemble. Maripol qui est LA styliste et photographe culte du New York underground, signe les images shootées le plus souvent en polaroids et en super 8 et nous créeons ensemble des chansons sur lesquelles je la fais parler ou chanter. Cela donne des réalisations très incarnées sur lesquelles on retrouve à la fois son oeil, sa voix et son verbe. Moi ça me permet d’explorer d’autres facettes et aussi aller vers d’autres registres vers lesquels je n’irai pas pour mes chansons solo.

Pour ta collaboration avec Dior, as-tu un cahier des charges à respecter ?

Maria Grazia donne toujours un thème, une inspiration maitresse à respecter. Et nous partons de cela pour essayer d’imaginer comment retranscrire l’esthethique de sa collection et de son mood par une chanson.
Il y a eu la collection “Blue” (Hiver 2017) par exemple où nous sommes partis sur des intentions très feutrées, suaves un peu jazzy, la collection printemps été 2018 avec les dessins de Nikki de Saint Phalle où le mot d’ordre était swiging London…On a toujours eu beaucoup d’enthousiasme de sa part et de son équipe. Les quelques fois où j’ai peu la rencontrer j’ai senti quelqu’un de très positive à l’égard de la musique et amusée par le fait d’avoir des chansons originales pour illustrer son travail. Sans vouloir dire de banalité, les italiens ont un rapport à la musique et aux mélodies assez passionnel!

Quel était-il pour la musique du défilé F21 ?

Pour la collection Autommne 21 nous devions illustrer le film vidéo qui allait justement remplacer le defilé. Maria Grazia a fait une collection très 80, hommage entre autre, à l’esthéthique de la maison italienne mythique FIORUCCI (dont Maripol avait été elle même la directrice artistique). Une collection légère qui envoie un message optimiste pour l’automne prochain : sortir, s’amuser, danser. On est naturellement parti sur un morceau disco influence dancefloor quelque peu “Studio 54” qui s’appelle “Let’s Disco” en esperant que quand la collection sortira on pourra bien tous aller danser…

Les mercredi chez Castel c’était comment ? Un rendez vous de “who’s who fashion” ou vraiment pour la musique ?

C’était genial ! Castel m’a fait confiance pour organiser ces soirées comme je le voulais. On a donc transformé la boite en mini salle de concert pour y donner des petits live, moi ou les artistes avec lesquels je collabore. On a eu de très beaux moments notamment avec Jay-Jay Johanson qui a présenté son album en avant première ou encore Marie France qui entre de fabuleuses anecdotes sur ses années 60/70 chez Castel, chantait les chansons de l’album que nous avons fait ensemble. Il y avait une écoute religieuse! Ce lieu est resté élegant et du fait qu’il soit quasiement totalement fermé, il impose une vraie deconnection avec le monde exterieur. Et puis cet esthique vintage qui me plait tant. J’ai adoré enregistrer la chanson “CASTEL” leur offrant ainsi leur chansons officielle, “Castel “ avait été cité notamment dans la chanson de Jacques Dutronc mais n’avait pas encore eu sa chanson.
Je l’ai donc vraiment vu comme une carte blanche artistique plus qu’un rendez-vous “who’s who” parisien ou snob comme on pouvait peut-être l’imaginer de loin.

Tu es patron de label : ce doit être compliqué entre le business de la musique qui a changé et la conjoncture sanitaire non ?

Compliqué mais c’est un peu comme le titre de mon album Au hasard cet espoir on continue de regarder le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Il se trouve que le label fonctionne par cycles en fonction des actualités et sorties de ses artistes. Après des années 2017/2018/2019 très intenses, 2020 était une année prevue comme étant concentrée sur l’écriture et les enregistrements. Bien sur Jay-Jay Johanson qui lui tourne beaucoup et en continu dans le monde entier a perdu beaucoup de dates et certains projets ne verront jamais le jour. D’autres sortis début 2020 n’ont pas pu rayonner comme ils auraient du. On espère que l’ensemble des nouveautés qui arrivent en ce début 2021 nous permettent d’avancer et surtout de continuer à developer et défendre les projets tels qu’on les envisage…

Leonard Lasry – credit Pierrick Rocher

La playlist de Léonard Lasry :

Une playlist aux accents un peu vintage mais pas uniquement. Plusieurs chansons italiennes pour exprimer entre autre l’influence d’une partie de l’album mais aussi quelques contemporains Lomepal, Lana Del Rey, Tricky, Tamino, des références de la pop : The Divine Comedy, Léonard Cohen ou de la chanson française allant aussi bien de Daniel Darc, Veronique Sanson ou Charles Aznavour. Une pop typée 70’s et des ballades poignantes comme les deux reprises de cette selection « Ho Capito che Ti amo » la chanson phare de Luigi Tenco chantée ici par Catherine Deneuve au cinéma, ou l’« Interlude » de Georges Delerue sublimée par Morissey.

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