Jean-Louis Brossard fondateur des trans musicales
Jean-Louis Brossard © Richard Dumas

A l’occasion de cette 43ème édition des Trans Musicales de Rennes, Modzik a rencontré Jean-Louis Brossard son fondateur et directeur artistique. On a voulu en savoir plus sur l’origine du festival, mais aussi les coups de coeurs et déceptions de l’homme qui se confie aussi à travers plusieurs anecdotes.

-Tu es fondateur et directeur artistique des Trans Musicales, qu’est-ce qui t’a poussé à monter ce festival ?

La 1ere édition en 79 des Trans c’était que des groupes rennais, on avait envie de montrer la scène rennaise avec des groupes qui travaillaient dans des MJC ou répétaient dans des garages et que personne ne connaissait.

-Comment tu qualifierais l’adn des Trans ?

C’est d’abord une ouverture vers le monde, un peu vers l’inconnu. Moi ce que j’aime c’est découvrir des sons que je ne connais pas, un groupe avec quelque chose de particulier que ça soit sur scène ou sur disque. Comme par exemple Bonnie Lewis qui est une siffleuse australienne, et tu vois moi tout de suite ça m’intéresse.

-Comment choisis-tu les artistes de ta programmation ?

Ce qui m’intéresse c’est une énergie, un son que je n’ai pas entendu avant. Et ce sont aussi des groupes que personne n’a jamais vu (à part les groupes français) c’est généralement leur premières date en France. La programmation de cette année est assez rock y’a pas mal de groupe français que j’aime bien avec W!zard etc… tu sens qu’il y a une énergie rock français ! Le reste c’est un peu le grand mélange avec des groupes d’Afrique du sud comme le Star Feminine Band. Les artistes féminines sont d’ailleurs très engagées cette année, que ça soit dans leur texte, dans leur vie, dans leur façon de s’affirmer…

-Qu’est-ce que tu penses de la phrase que l’on entend souvent « La musique c’était mieux avant » ?

Ah bah non, si c’était mieux avant il n’y aurait pas les Trans Musicales cette année ! Parce que justement c’est la musique de maintenant, c’est ce qu’il se passe maintenant c’est un instantanée, ma vision de la musique que j’aime en ce moment. Certains feront peut-être carrière, d’autres pas. Mais ça reste une programmation qui ressemble à aucune autre.

-Quels sont tes coups de cœur jusqu’à maintenant parmi tous les artistes que tu as programmé sur le festival ?

Il y en a eu pleins, mais dans les dernières années BCUC qui est un groupe d’Afrique du sud absolument extraordinaire. Il y a une très belle histoire avec eux, ils sont quelque part nés sur le festival et ils ont pu ensuite jouer dans le monde entier. Je leur avais trouvé aussi un bon manager qui est devenu aussi leur agent et maison de disque. Et puis il y a les groupes qui ont vraiment marqué le festival parce qu’ils ont député là comme Bjork, Lenny Kravitz, Daft Punk à l’époque où ils ne portaient pas encore de masques *rires*… Il y a aussi Danyèl Waro qui est un de mes artistes préférés, c’est un artiste réunionnais qui fait du maloya. Et j’ai aussi un super souvenir avec un groupe Malgache les Dizzy Brains, il faut savoir qu’ils n’avaient jamais vu la mer avant de venir, c’était incroyable. Et donc ils sont venus et on fait un concert absolument extraordinaire. Le chanteur était après les bras en croix à terre. Ça leur a ouvert énormément de portes, et ça leur a permis de pouvoir vivre un peu en France et acheter une maison à leurs parents.

-A contratrio, as-tu déjà fais face à des “erreurs de casting” ?

Oui, c’est terrible j’en ai un. Le pire concert de ma vie, c’est Bootsy Collins le bassiste de James Brown à l’époque de Sex Machine et il a également fait parti de Parliament Funkadelic. Le groupe était au top et Bootsy était le leader mais il fallait un système spécial pour sa basse et ça avait complètement merdé. Il avait été odieux. On a été obligé aussi de payer l’hôtel parce que Monsieur refusait de le faire. En fin de compte il nous a pourri le truc et comme a dit Maceo Parker à la fin « c’est le pire concert de ma vie et je n’y suis pour rien » !

-Quel artiste tu aimerais ou tu aurais aimé booké par dessus tout ?

J’aurais audoré faire Captain Beefheart ! Un autre que j’aurais aimé qui est toujours vivant mais ne peut plus faire de concert en raison de son handicap c’est Robert Wyatt, chanteur batteur du groupe anglais Soft Machine. Autrement sur le reste j’ai réussi à avoir les artistes que je voulais, à part Beastie Boys qui a dû annuler une semaine avant car deux membres étaient malades, mais ils sont revenus dix ans après.

-A quoi doit s’attendre le spectateur pour les prochaines Trans Musicales ?

Il doit s’attendre à ce gros mélange de son, de musique, de continents, de cultures différentes. J’espère que tout le monde passera un bon moment, nous avons aussi de bons restaurants sur le site *rires* de jolis bars, de belles décos…On a une expo aussi « Musiciennes » avec des photos géantes d’artistes féminines qui ont parcouru l’histoire des Trans. En gros il faut prendre des forces avant d’y aller *rires* parce que ça commence en début d’après-midi et ça fini le lendemain matin.

Jean-Louis Brossard fondateur des trans musicales
Jean-Louis Brossard © Richard Dumas