Kimberose c’est une voix et une chanteuse au parcours atypique, 2021 marque un tournant dans sa carrière, c’est l’année de la sortie de son second opus Out et d’une certaine reconnaissance médiatique. Nous l’avons rencontré à Paris, en toute simplicité afin de découvrir une chanteuse mais aussi une femme engagée qui met en avant son héritage culturel.
Kimberly Rose Kitson-Mills baigne dans la musique depuis sa tendre enfance, cette fille d’une danseuse ghanéenne et d’un père scientifique d’origine anglaise, naît à Paris avant de déménager pour l’Angleterre pour ensuite revenir en France.
Aprés un parcours entre télé crochet et rencontres, elle enregistre en 2017 un EP It’s probably me et ensuite un album en 2018 Chapter One et revient cette année avec un projet majeur , son second opus Out
Comment as-tu eu cette envie de chanter ?
Dans mes souvenirs dès mes 4-5 ans, je chantais chez moi ou à l’école mais l’envie d’en faire un métier est apparue vers l’adolescence. La musique c’était peu concret, lointain et difficile. J’ai grandi en banlieue avec un accès limité à la culture, aux spectacles et cinéma. Mais cela me faisait vibrer.
C’est devenu plus concret quand je suis entré à la fac, c’est à ce moment où j’ai rencontré des musiciens. J’ai donc commencé à écrire mes propres chansons plus sérieusement. Avant j’écrivais toute seule mais là avec d’autres personnes qui m’ont donné confiance en moi.
Quels sont les titres ou artistes qui t’ont inspirés ?
Oui, il sont nombreux, il y a Lauryn Hill son album The Miseducation of Lauryn Hill, qui est une bible musicale pour moi. Je l’écoute encore aujourd’hui sans m’en lasser même si je connais toutes les chansons par coeur. Avant Lauryn Hill, j’écoutais Madonna, mon père avait des cassettes que je jouais dans ma chambre, Beyoncé qui reste une « Queen » une référence vocale et artistique. Vers 20 ans j’ai découvert le jazz et la Soul music, cela a été un vrai coup de foudre. Je trouvais que le jazz était une musique très libre, avec beaucoup d’artistes black américains avec des parcours qui me parlent beaucoup comme Billie Holiday une femme avec une vie compliquée.
Ils traversent les peines de la vie, on traverse des épreuves on les sublime par la musique, c’est mon cas car je suis une personne pudique mais étrangement non en musique. J’aborde les blessures de la vie qu’on traverse comme les deuils, les ruptures amoureuses, tout cela laisse des traces dans le parcours d’une femme ou d’un homme, il y a aussi la maternité, le fait d’être maman, c’est une leçon de la vie.
Tu es aussi maman, comment parviens-tu à concilier ces deux vies ?
Je gère comme toutes les mamans qui travaillent, on essaie de se débrouiller comme on peut avec l’aide de la famille. Ma maman m’aide beaucoup, je fais comme toutes les working women.
Le fait d’être Maman, je vois cela comme une force. On peut penser que c’est un frein dans sa mobilité mais au final ca n’empêche rien, cela nécessite juste de l’organisation.
Mon enfant c’est mon meilleur garde fou, le fait qu’il puisse exister cela me ramène les pieds sur terre. Lorsqu’on est artiste, on perd un peu la connexion avec la réalité et le fait de rentrer à la maison et lui préparer notamment à manger me fait revenir aux réalités de la vie et mon enfant c’ une source infinie de motivations.
Tu es donc une artiste vraiment réaliste dans ta musique, tu abordes les valeurs de la vie et humaines dans ton album ?
Oui complètement car la musique c’est le reflet de notre vie réelle qui nous connecte les uns aux autres qui nous rassemblent. J’en ai marre d’entendre parler de choses qui nous séparent, je souhaite parler de choses qui nous rassemblent. Je ne veux pas paraître Bisounours dans un monde compliqué mais c’est bien d’aborder les thèmes qui nous rassemblent être bienveillant les uns envers les autres. On récupère ce que l’on donne, ma mère m’a élevée avec ses valeurs.
Ta mère est d’origine ghanéenne, tu es déjà allée en Afrique ?
Oui, une fois, jeune, j’avais une dizaine d’années c’est un souvenir lointain mais fort, j’avais rencontré mon arrière grand-père, ainsi que de nombreux membres de ma famille.
J’ai découvert toute cette famille dont me parlait ma mère, c ‘était très fort. Passer du temps avec ma grand-mère à préparer le foufou (NDLR : boules composées de bananes plantain ou ignames, plat très apprécié en Afrique de l’Ouest) , ce sont des choses qui m’ont marqué et j’ai hâte d’y retourner avec mon petit frère on en parle, on partirait découvrir encore plus de choses à l’intérieur du pays.
Ton second opus Out vient de sortir comment définirais-tu ce nouvel album ?
C’est un disque qui me ressemble et réunit de nombreuses influences, sans limites – en tout cas je ne m’en suis pas mises – tout en restant authentique. J’ai tout réalisé comme je le sentais sans calculs, ça fait du bien, c’est une délivrance. C’est un album qui peut appartenir à tout le monde.
J’ai travaillé avec Régis Ceccarelli qui est le réalisateur de l’album et notre travail c’est fait de manière ultra naturelle et simple. Avec le temps je me rends compte que les gens talentueux sont les plus simples, gentils et faciles d’accès. Il a une vraie passion de la musique. Tout a été au feeling, on était chez lui à écrire, boire des cafés, écouter les titres et en discuter.
Tu es une artiste soul mais quelle est ta définition de la soul actuelle ?
Elle prend des codes de la soul de nos parents, Otis Redding ou Aretha Franklin, on la mélange aujourd’hui avec nos influences actuelles car on est une nouvelle génération d’artistes. On a grandi avec le streaming et internet et on a eu accès à de nombreuses musiques.
La soul actuelle est une musique métisse à l’image de la société, il y a les codes originels mais retranscris avec du hip-hop, pop, de la trap, l’électro ou du r&b, elle est amenée à évoluer.
Pour moi la soul c’est d’être le plus authentique possible, c’est une musique que l’on écrit avec son âme et avec laquelle on ne peut pas mentir.
Tu es proche de ta maman, mais si je devais faire écouter à la mienne, un titre de ce nouvel album, tu me conseillerais lequel?
Tous en fait mais peut-être « Back on my feet » c’est une chanson solaire qui parle de se relever dans la vie. Cette musique s’adresse à tout le monde sans aucunes barrières, je chante en anglais mais c’est pas un frein, la barrière de langue ne doit empêcher d’être touché dans son cœur, Out est un album qui peut être écouté sans prétention pour tous les ages donc je lui conseille de tous les écouter (rires).
Rendez-vous avec Kimberose le 14 décembre 2021 à La Salle Pleyel.