Au studio à Marseille pour préparer un concert de « chauffe », on retrouve Kid Francescoli impatient de commencer sa deuxième tournée mondiale pour son nouvel album Sunset Blue désormais disponible.

 

Après une première tournée mondiale à guichets fermés (plus de 200 concerts en Europe, USA, Asie…) et le succès de ses tubes comme Nopalitos, Blow Up ou Moon (maintenant certifié diamant avec plus de 200 millions de streams), le producteur, crooner et multi-instrumentiste marseillais Mathieu Hocine partage  son disque le plus abouti à ce jour.

Sunset Blue : the Journey à découvrir ici : https://bio.to/KidFrancescoli

 

Crédit Nicolas Despis

 

Encore des lives à conclure avant la tournée ?
Oui, on joue la semaine prochaine à la Réunion. On a fait quelques dates de « chauffe », on va dire, avec la nouvelle formule, avec les nouveaux morceaux. Comme c’est le début, il y a toujours des petits ajustements. Une fois qu’on sera lancé, qu’on enchaînera quatre ou cinq dates d’affilée, c’est là qu’on sera plus fluide. Tant que c’est pas lancé, il faut quand même toujours revenir régulièrement pour pas perdre la main.

 

À quoi pouvons-nous s’attendre avec cette nouvelle tournée ?
Je me suis pas mal basé sur la dernière tournée parce qu’elle avait connu beaucoup de succès. On a fait de nombreuses dates aux États-Unis, toute l’Europe, le Mexique, le Vietnam, entre autres. Je veux simplement faire évoluer le set avec les nouveaux morceaux pour essayer de conserver cette ambiance festive et joyeuse et faire en sorte que le niveau de danse et d’enthousiasme soit le plus élevé possible du début à la fin des concerts. La grande nouveauté, c’est que nous avons un batteur avec nous qui s’appelle Raphaël Léger, et il accompagnera Andréa Durand, qui joue de la basse. Il y a ce mélange live et électro. C’est exactement ce que je voulais faire à la fin de la dernière tournée. C’est une version, disons, améliorée de la dernière tournée.

 

Et un batteur ça rajoute forcément plus d’énergie sur la scène…
Oui, il y a cet aspect visuel qui est plus vivant. Il peut y avoir beaucoup d’énergie en électro aussi, avec des drops, des filtres, des montées et tout ça… Mais avec un batteur, l’énergie n’est pas la même. C’est un peu comme dans le rock, par exemple, quand tu ajoutes de la distortion ou que le batteur monte en intensité, cela donne inévitablement plus de puissance. C’est plus vivant.

 

« Ce qui fait le charme de la tournée, c’est le moment où, avec le recul, on réalise ce que nous avons vécu. C’est extraordinaire de voir toutes ces personnes, toutes ces cultures différentes, danser, chanter, rire, crier. »

 

Y a-t-il des endroits lors de ta dernière tournée qui t’ont laissé une forte impression et auxquels tu as hâte de retourner ?
C’est un peu difficile d’en choisir quelques-uns. Ce qui m’a vraiment interpellé sur la dernière tournée, c’est que nous avons été très bien accueillis partout. Que ce soit au Mexique, où l’ambiance était sans doute la plus hystérique, ou au Vietnam, alors qu’on était à l’autre bout du monde et que je pensais qu’il n’y aurait que des expats, mais en réalité, il n’y avait que des Vietnamiens dans le public. Il y avait des ambiances incroyables tout au long de la tournée en Europe, que ce soit à Londres ou à Berlin. De même pour la tournée aux États-Unis, qui pour moi, était l’accomplissement ultime en tant que musicien. Le fait de parcourir la Côte Ouest, San Francisco, Los Angeles en tourbus était un rêve devenu réalité. J’ai juste hâte qu’on y retourne, que ce soit pareil en plus gros. C’est ce qui est prévu en plus. À Londres, Berlin, ou aux États-Unis, les salles vont être plus grandes et il y aura encore plus de villes, encore plus de pays. Pour moi, qui ai rêvé de cela depuis mon enfance, c’est l’accomplissement ultime. J’ai vraiment hâte de recommencer. Ce qui fait le charme de la tournée, c’est le moment où, avec le recul, on réalise ce que nous avons vécu. C’est extraordinaire de voir toutes ces personnes, toutes ces cultures différentes, danser, chanter, rire, crier.

 

Je sens que le tourbus te manque …
Le tourbus, c’est génial. Par définition, il est toujours devant la salle et quand on finit notre set, on range tout le matériel, on s’endort, et le lendemain, on est devant la salle où on doit jouer.
Quand on tourne en Europe, la plupart du temps, on prend l’avion, on arrive à l’hôtel à 2 heures du matin, et on nous dit : « Les gars, demain départ à 7 heures. » Ce n’est pas idéal. Les loges, parfois, elles sont cool, mais parfois elles font trois mètres carrés, et on y est pour toute la journée. Non, le tourbus, c’est vraiment le confort absolu. Si je pouvais, on aurait quatre tourbus, maintenant que j’ai connu ça.

 

La sortie de cet album a été accompagnée par une sorte de carte aux trésors où l’on retrouve les villes marquantes de ta jeunesse qui ont été importantes dans la composition de cet album. D’où est venue cette idée ?
C’était le label, AlterK. Il faut leur reconnaître le mérite. Au départ, j’étais parti avec cette idée liée à la Méditerranée, en relation avec l’album, mes racines, le fait que je vive à Marseille, que j’aie vécu en Corse, mes racines algériennes, et que j’aie passé mes vacances en Italie et en Espagne, comme tous les Marseillais quand j’étais plus jeune. Et après, au fil de la tournée, que je sois allé jouer en Turquie, au Liban, en Grèce, et tout ça. Ensuite ils ont réfléchi à un concept autour de ça. Comment on pourrait promouvoir ça au delà de publier des posts en disant « L’album se focalise sur la Méditerranée, je mets une photo de la Méditerranée, et voilà, c’est la sortie de l’album. » Ils ont eu cette super idée de piste avec toutes ces villes reliées chacune accompagnée d’anecdotes et d’histoires sur la composition de l’album, expliquant pourquoi telle ville a été choisie, pourquoi telle autre. Et je suis vraiment ravi de cela. Je pense que c’est intéressent pour tous les passionnés de musique.

 

Dans cet album, tu as eu l’opportunité de collaborer avec Hakim Hamadouche. Comment était cette expérience ?
On se connaissait de vue parce qu’il est entre Marseille et Paris et c’est quand même une légende qui collaborait historiquement avec Rachid Taha et qui l’accompagnait sur scène. Je l’ai contacté parce que j’avais ce truc depuis toujours, d’utiliser ce son un peu de mandoline, un peu méditerranéen, soit avec des samples, soit sur la mélotron, soit avec la guitare. Je suis tombé sur une interview avec lui où il expliquait qu’avec le mandole luth il pouvait faire autant de la musique andalou, de l’Afrique du nord, de la mandoline italienne, de la musique grecque. Et ça collait parfaitement avec le concept que j’avais, l’idée que j’avais de départ autour de la Méditerranée.

Je l’ai contacté et ça s’est fait vraiment très naturellement parce qu’il y a des gens comme ça où dès que tu les vois, t’as l’impression de les avoir toujours un peu connus. J’avais l’impression de voir un oncle ou un cousin éloigné parce qu’on s’est parlé comme si on était de la même famille. On a fait deux jours d’enregistrement ensemble, avec de la liberté, avec plein d’improvisations. On a passé autant de temps à enregistrer de son instrument que de moi, à écouter ses histoires de ses tournées avec Rachid Taha, Brian Eno, Patty Smith, Jane Birkin et toutes ces personnes avec qui il a pu collaborer avec The Clash… C’était génial.

 

Au cours de ce voyage musical, il y a une escale avec Bamby H20 avec Sweet and Sour, où tu explores un son un peu hip-hop qui apporte une certaine innovation à ton style habituel…
Là, pour le coup, c’était vraiment un strike, un lucky strike, comme on dit. J’écoute du hip-hop depuis longtemps et j’ai même essayé moi-même d’en produire et de rapper. Ça restera privé à jamais, je pense, parce que c’est vraiment quelque chose de rapper. Mais j’avais toujours ce fantasme de dire « J’aimerais bien qu’un jour un rappeur collabore sur l’un de mes morceaux » et cela s’est fait de manière très fluide.

Il m’a écrit sur Instagram en citant certains de mes morceaux qui l’avaient inspiré. Je suis immédiatement allé écouter ce qu’il faisait et j’ai trouvé ça vraiment bien. Après sur son Instagram et dans ses morceaux, il y a vraiment beaucoup de hip-hop, au sens propre du terme, avec du rap. Moi je lui ai envoyé cette boucle et ce qu’il a fait, c’est quand même plus chanté. Mais ça a tellement bien collé que voilà, j’étais ravi. Je voulais justement collaborer avec un chanteur de sexe masculin à la voix et en plus, je mets ce mélange un peu pop, R&B, hip-hop. Donc c’est super cool parce que ça amène de la fraîcheur sur l’album.

 

Tu collabores également avec Turbo Goth et Julietta sur cet album, qui t’ont aussi contacté par messages… Pour collaborer avec toi, il ne faut pas hésiter à t’envoyer un message direct ?
Oui, j’écoute tous les messages, et si la personne aborde bien les choses, que sa musique me touche, et que cela correspond à ce que je recherche…

Quand j’ai reçu le message de Bamby, j’avais plein de boucles et je me disais que ce serait cool, au bout d’un moment, d’avoir un rappeur dessus. Et je crois que la même semaine, il m’a écrit. Forcément, tu as l’impression que les planètes s’alignent quand c’est comme ça. Cependant, je ne peux pas collaborer avec tout le monde, cela dépend parfois du hasard et du ressenti.

 

 

Le fait d’être sur scène a toujours été ton rêve ultime depuis tes premiers festivals à Barcelone. Que ressens-tu à l’idée de réaliser ce rêve ?
Super fier et super satisfait. Je me dirais « T’inquiète pas, tu vas y arriver et ce sera incroyable. » C’est exactement ce qui se passe en ce moment.

Quand je suis arrivé devant la scène à Primavera en me disant « Un jour, il faudrait que ce soit moi sur la scène », et que ce jour est finalement arrivé, cela ne fait que décupler mon enthousiasme et ma joie d’avoir réalisé ces rêves-là.

Parfois, cela peut être l’envers du décor, mais ce n’est pas du tout le cas ici. C’est quelque chose qui réside toujours en moi. Lorsque je vois toutes ces personnes qui viennent me voir, qui connaissent mes morceaux, qui sont dans le même état d’excitation que celui dans lequel j’étais quand j’assistais à ces festivals, cela me touche profondément.

 

« (…) quelqu’un m’a dit un jour, en parlant de ma musique et de cet album que quand on l’écoutait, on avait instantanément la sensation de sentir le soleil sur sa peau. »

 

Quels artistes t’inspirent aujourd’hui ?
Parmi les artistes stars dont on parle moins souvent mais qui sont toujours présents, il y a Julian Casablancas de The Strokes. À chaque fois qu’il sort un mot dans un micro, je suis aux anges. Il y a également des contemporains tels que Tame Impala, Lana Del Rey, Billie Eilish qui sont tous tellement forts, tellement inspirés chacun ayant son style unique. Kanye West, chaque fois qu’il sort un album, je l’écoute en me disant qu’il est inarrêtable. Sinon j’ai beaucoup aimé l’album de Little Simz, celui de Kali Uchis, qui a collaboré avec Kevin Parker de Tame Impala. Fred again.., forcément, tout le monde en parle.

Je me souviens lorsque j’étais adolescent, vers les années 2000, il y avait des artistes comme Grandaddy qui avait sorti The Sophtware Slump, The Strokes, Moon Safari de Air, et l’album de Radiohead, OK Computer. Quand tout cela est sorti, à l’époque, pour moi, c’étaient des artistes contemporains. Je me disais : « C’est génial, il y a de bons albums qui sortent en ce moment. » Et maintenant, dix ou vingt ans plus tard, tout le monde parle en disant : « C’était quand même une période extraordinaire. » Mais je trouve que cela continue. Il y a toujours de la musique géniale à écouter.

Mais sinon Gainsbourg et Morricone, ce sont mes figures totems, les deux statues à l’entrée de mon Panthéon.

 

Un mot pour la fin sur cette sortie de Sunset Blue ?
Compliqué, parce que je n’aime pas me vendre. Alors ça ne vient pas de moi mais quelqu’un m’a dit un jour, en parlant de ma musique et de cet album que quand on l’écoutait, on avait instantanément la sensation de sentir le soleil sur sa peau. Alors, je me dis que si vous vous trouvez dans une situation où vous avez besoin de ressentir quelque chose de viscéral, de sentir le soleil sur votre peau, vous pourriez peut-être écouter mon album.

 

Crédit Nicolas Despis

 

Texte Antoine Breteau