Il est l’un des derniers grands artistes internationaux et à l’âge canonique de 69 ans, l’icône britannique s’apprête à livrer son 25ème album intitulé Blackstar !

Hormis son look caméléon et sa capacité à se réinventer musicalement, David Bowie n’a pas son pareil pour créer le buzz : on se souvient du lancement de son précédent album The Next Day dont la pochette détournait celle de son propre album Heroes publié en 1977 ou de la formidable exposition-retrospective qui a sillonné la planète avant de débarquer à la Philharmonie de Paris en mars 2015 (actuellement en escale au musée Groningen aux Pays-Bas jusqu’en mars prochain). Si The Next Day donnait en référence le coté art-rock 70’s de Bowie, Blackstar quand à lui donne plus à penser à un voyage aussi sidérant que sidéral. Une fois de plus, Bowie surprend et parvient à se réinventer encore au travers de ces 7 titres et 40 minutes d’une musique à nulle autre pareille !

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Pour Blackstar, Bowie s’est tout d’abord délesté du groupe de musiciens avec qui il collabore de longue date (et que l’on retrouve d’ailleurs sur l’album de son retour, The Next Day) au profit d’une bande de musiciens jazz new-yorkais sous la houlette du saxophoniste Donny McCaslin rencontrés un soir au 55 Bar, un vieux club de jazz situé dans le West Village de New York. Et cela afin d’étoffer les styles musicaux présents dans l’album où l’on retrouve tout autant des influences de rock indus, de balades soul, de folk aux accents pop jusqu’à des touches hip hop et des percussions façon drum’n’bass savamment distillées dans cet album fourmillant d’idées. La producteur Tony Visconti confie que Bowie et lui ont beaucoup écouté Kendrick Lamar en réalisant ce nouvel album et qu’un des buts avoué de ce disque était d’éviter de faire du rock’n’roll. Quand au rôle de James Murphy de LCDSoundsystem, il devait faire partie des producteurs de l’album mais finalement il joue seulement des percussion sur deux morceaux.

Le premier single éponyme « Blackstar » est aussi élégant qu’intrigant où Bowie joue avec ses multiples effets de voix durant les 9 minutes 57 secondes que dure le morceau. Cette première entrée en matière donne le ton : attendez vous à quelque chose d’inattendu ! Le morceau est aussi le générique de la série Panthers de Canal + réalisée par le suédois Johan Renck (Breaking Bad, The Walking Dead) aux commandes d’une vidéo à l’univers apocalyptique peuplé de visions aussi cauchemardesques que mystiques. Puis le second morceau « Tis A Pity She Was A Whore » se développe sur un beat hip hop et une sorte d’impro de saxophone, tirant son titre d’une pièce du 17ème siècle signée John Ford.

Quand au titre « Lazarus », autre morceau connu de l’album, il est chanté par Bowie dans la peau de l’extra-terrestre en mal du pays qu’il jouait dans le film L’Homme qui venait d’ailleurs sorti en 1976 (et qui se trouve être par ailleurs le thème d’une prochaine comédie musicale off-Broadway sur laquelle il travaille). Il reprend sous une nouvelle forme entièrement retravaillée plus jazz et trippante le morceau « Sue (In a season of crime) » dont la première version avait déjà été publiée sur la compilation Nothing Has Changed en 2014. Sur l’aggressif « Girls Loves Me » on retrouve Bowie qui rappe un « Where the fuck is Monday go? ». Quand à la ballade « Dollar Days », Bowie l’a écrite en plein studio : « David a juste pris la guitare et il avait une petite idée en tête » raconte McCaslin. Au final le morceau inclut des violons et superbes arrangements de voix. L’album se clôt sur « I Can’t Give Everything Away » où la guitare de Ben Monder fait merveille. La chanson signifierait-elle que pour comprendre Bowie il vaut mieux étudier tout simplement les paroles de ses chansons et c’est la raison pour laquelle il ne donne quasiment plus d’interview?

Avec Blackstar, Bowie montre s’il le fallait qu’il est irrémédiablement allergique à cette idée d’héritage rock et que sa vie aujourd’hui est totalement dédiée à son art.

Une question demeure : verra-t-on à nouveau Bowie sur scène, on en doute, lui qu’on n’a pas vu chanter live depuis 2006 où il chantait notamment “Changes” avec Alicia Keys ?

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DAVID BOWIE

Blackstar

(Columbia)

www.davidbowie.com

(crédits photos : Jimmy King)