Dernièrement, son clip “God’s Plan” a dépassé les 40 millions de vues sur YouTube. Il s’agit du hit issu de son double single “Scary Hours”, sorti en janvier. On y voit le rappeur distribuer près d’un million de dollars à des habitants de Miami. Philanthropie pure et désintéressée ? Ou geste égocentrique auto-promotionnel ?

Réalisé par Karena Evans, le clip “God’s Plan” suit Drake distribuant de l’argent aux habitants de Miami : dans la rue et dans un supermarché, où il invite les clients à prendre tout ce qu’ils désirent. Il signe aussi des chèques à un établissement scolaire, à un foyer de sans-abri et à une étudiante. Il offre en outre, une virée shopping à deux adolescentes à Saks Fifth Avenue, enseigne de luxe.

Drake est encensé par les critiques depuis la sortie du clip. Loin de blâmer cet acte — dont de nombreuses familles et individus profitent (comme une jeune fille handicapée) — on est tout de même gênés : il semble plus occupé à se mettre en valeur plutôt qu’à aider ces personnes, en pure abnégation.

Capture d’écran du clip

En effet, outre le fait de se faire filmer, les initiatives financières à l’oeuvre sont peu convaincantes. Payer les courses de familles (sans doute peu aisées), c’est très bien, mais on doute que Drake le fasse tous les mois. Un peu comme cette virée à Saks Fifth Avenue avec ces deux adolescentes : au long terme, il est difficile de voir en quoi avoir quelques pièces de luxe les aiderait. Pourquoi ne pas plutôt s’engager dans des actions plus pérennes, qui permettraient aux concernés de se libérer (financièrement) eux-mêmes ?

On est aussi mal à l’aise avec le fait de filmer des individus (en grande majorité des afro-américains) aux référents populaires. Souvent absents des représentations de la ville de Miami, on aurait bien aimé que la lumière se porte sur eux d’une manière moins fétichisante. D’autant plus que de la part d’un canadien de classe moyenne (Drake), le fossé est tout de même à prendre en compte.

Instagram de Drake
Instagram de Drake

D’ailleurs, l’attention portée à cet homme — qui ouvre et ferme le clip — est questionnable : les rêves de grandeur qu’il déclame (inscrits au scénario ou non) contrastent avec son apparence, le rattachant à une classe populaire. Un décalage source d’ironie, exploité sans gêne par la caméra.

Capture d’écran du clip

Cela ne semble pas déranger le rappeur, qui affirme sur son instagram qu’il s’agit de “la chose la plus importante que j’ai faite dans ma carrière”. Pour un clip qui feint de ne pas être aussi egotrip que son morceau, sûrement.