Rythme de la mode, calendrier des défilés, soldes massives précoces, gaspillage, voyages, saisonnalité : c’est tout ces concepts inhérents au monde de la mode qui sont, aujourd’hui, remis en question. De nombreuses figures influentes de la mode s’interrogent et interrogent le monde. La pandémie, frein oblige au rythme effréné de la mode et au fast fashion est une opportunité pour se remettre en question et revoir les “règles du jeu”.

Lettre à la mode

Dries Van Noten, figure notoire de la mode tente de réécrire les règles du jeu avec sa lettre ouverte au monde de la mode. Dans cette lettre, Dries Van Noten souhaite redéfinir le rythme des collections. Et il n’est pas le seul. De nombreux créateurs se joignent à lui pour soutenir cette revendication. Thom Browne, Marine Serre, Joseph Altuzarra, Tory Burch, Gabriela Hearst ou encore les grandes boutiques en ligne MyTheresa, Nordstrom, Selfridges et bien d’autres… Ils s’interrogent, eux aussi, sur le rythme de la mode. En pleine pandémie, les créateurs et figures influentes questionnent le fast fashion, mais aussi le rythme effréné de la mode : collection été, collections Automne/Hiver, Resort, Printemps/Été, Pre-fall, etc. Souvent multipliées par deux : mode Homme et mode Femme. Le rythme de la mode est fou ! Fait-elle place à la véritable créativité ? Fait-elle place à l’humanité ? La saisonnalité, est-elle toujours aussi pertinente qu’autrefois ?

« En travaillant ensemble, nous avons l’espoir que ces étapes permettront à notre industrie de devenir plus responsable de notre impact sur nos clients, sur la planète ou toute la communauté de la mode, et de retrouver la magie et la créativité qui ont fait de la mode une partie si important de notre monde. »

Dries Van Noten

Dries Van Noten

Moins de défilés, plus de créativité

Certains créateurs ont pris des décisions : Anthony Vacarello chez Saint Laurent présentera ses défilés en dehors du calendrier officiel. Dans cette lettre à la mode et sous l’initiative de Dries Van Noten, deux points sont particulièrement critiqués : le calendrier des sorties de collections et les soldes. À peine le temps de vendre la collection de la saison, qu’elle est soldée et presque désuète. Où est le sens ? Les soldes massives du Black Friday et Cyber Monday, sont elles aussi critiquées.

“La mode doit ralentir, devenir plus petite, intime… C’est important de ralentir et avancer d’une manière différente.”

Dries Van Noten

Business of Fashion a récemment publié une conversation entre Dries Van Noten et Tim Blanks, discutant d’un moyen de présenter virtuellement et créativement les collections, sans un défilé traditionnel. Dries Van Noten parle d’un lieu de libre expression artistique, mêlant différents types d’arts. Dries Van Noten dit “Je ne veux pas revenir en arrière, où nous étions avant. Nous avons appris, nous apprenons encore.” Ce qu’il souhaite pour la mode ? “Ralentir, la mode doit devenir plus petite, intime… C’est important de ralentir et avancer d’une manière différente.

L’engagement de Fendi pour le développement durable

Le groupe de luxe romain Fendi s’engage activement pour le développement durable et holistique ainsi que pour la responsabilité sociale. La marque vient tout juste de poser la première pierre d’un édifice dédié au développement durable. Un pôle d’excellence qui se concentrera sur l’innovation, la formation et la production. Cette initiative démontre de l’approche holistique de Fendi.

La marque souhaite repenser les matières : des matériaux durables tels que le coton certifiés, le polyester recyclé, des fibres à base de cellulose pour les doublures et emballages. L’idée est de réduire au maximum l’impact négatif sur l’environnement. La transparence est aussi un enjeu principal, avec la formation des jeunes talents.

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Le pôle d’excellence Fendi parmi les monts de la Toscane – Ouverture prévue en 2022

Le groupe Fendi se lance dans ce qu’il appelle lui-même “un voyage holistique vers le développement durable”. Une façon de penser la mode dans sa globalité. Création, innovation, production, processus de vente, utilisation d’énergie renouvelable, etc. Fendi semble ouvrir la voie à une mode plus saine.

The Modern Artisan : le Princes Charles s’y met aussi !

Le Prince Charles a, lui aussi, son mot à dire. Il le fait tout en élégance, à travers un partenariat avec le grand groupe italien Yoox Net-a-Porter. Des étudiants italiens et des artisans anglais collaborent le temps d’une collaboration appelée “The Modern Artisan”. L’idée du Prince Charles et du CEO du groupe, Federico Marchetti, est de célébrer la création et le savoir-faire artisanal anglais et italien, et leur intérêt commun pour le développement durable.

Prince Charles Yoox

© Groupe Yoox Net-a-Porter & Fondation Prince Charles

Dans une interview au Vogue, le Prince Charles fait part de son horreur du gaspillage et se confie :  «Je fais partie de ces personnes qui détestent jeter quoi que ce soit. Je ne supporte aucun gaspillage… C’est pourquoi je parle depuis si longtemps de la nécessité d’une économie circulaire, plutôt que linéaire, où il suffit de fabriquer, de prendre et de jeter – ce qui est une tragédie, car inévitablement, nous surexploitons les ressources naturelles qui s’épuisent rapidement. »

Ce mariage entre ces deux personnalités, entre Yoox et la fondation du Prince Charles a donc pour objectif de renforcer les artisans en conservant et valorisant les techniques ancestrales avec des technologies contemporaines, toujours dans une démarche de développement durable.

yoox prince charles

© Groupe Yoox Net-a-Porter & Fondation Prince Charles

Marchetti se confie : “Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’à l’avenir, nous verrons moins de collections, moins de production, moins de gaspillage, plus de créativité et plus de sensibilité.

Le projet The Modern Artisan laisse derrière elle une collection fabriquée en fibres naturelles, mêlant les savoir-faire des deux pays. Le chic anglais et le tailoring italien s’épousent sur cette collection mixte.

Le changement, c’est maitenant ?

Tous les grands acteurs semblent s’éveiller à une nouvelle conscience de mode. Une nouvelle impulsion s’installe dans les grandes maisons. Se voient-elles dans l’obligation de changer leur mode de fonctionnement pour le consommateur nouvelle génération ? L’effondrement, dû à la pandémie, de tous les systèmes en place appelle t-il la mode à se réinventer ? Une chose est sûre. La mode ne peut revenir en arrière. Elle ne peut qu’avancer dans cette nouvelle direction…