Nike a travaillé avec l’artiste français Etienne Bardelli alias Akroe pour une nouvelle collection d’hiver intitulé « Piano Piano ». 
Hier soir, la collection était présentée à La galerie Alain Gurtharc à Paris.
Modzik y a rencontré Etienne Bardelli, le temps d’une interview ! 

Ton thème de prédilection étant plutôt la rue, et son architecture, qu’est-ce qui t’a amené à vouloir collaborer avec une marque de vêtements ? 
Enfaite, c’est eux qui sont venus vers moi.
Le designer, en référence à d’autres travaux que j’avais fait, voulait collaborer avec moi sur une collection de snowboard. C’est leur première Artist Series dans la gamme snowboard .
J’ai travaillé avec eux dans l’esprit de création d’un univers.
Au départ, j’ai exprimé cet univers sur des motifs, et dans un second temps la collaboration a été de travailler avec le designer pour placer les motifs sur les vêtements.
J’ai créé les motifs il y a presque 2 ans, la conception s’est fait avec Nike pendant ce temps. Aujourd’hui, on a bouclé la boucle en faisant une série photo qui présente les vêtements.

As-tu déjà fais d’autres collaborations ? 
Aussi aboutit que celle là, non. Ça m’est arrivé de faire d’autres collaborations mais avec une volonté artistique moins évidente.
J’ai travaillé avec une marque qui s’appelle sixpack qui faisait beaucoup d’Artist series, notamment pour des T-shirts. On a fait énormément de choses ensemble, cela m’a permit d’envisager des plus grosses collaborations comme celle-ci aujourd’hui .

Selon toi, est-ce que le vêtement a toute sa place dans l’art de rue et la street culture ? 
Pour moi, c’est la pierre angulaire de la street culture.
Même si, quand j’étais adolescent, ma façon de m’exprimer était plus dans le graffiti, le dessin, la production en générale, la street culture s’exprime aussi par le vêtement.
La façon de s’habiller c’est “un style de vie”, c’est quelque chose que tu vis au quotidien. C’est par le vêtement que passe une expression personnelle.
Ce n’est pas étonnant qu’aujourd’hui tu as plein de designers, dans différentes maisons de mode, qui viennent du milieu du hip hop et du skate.

Quel est le point entre ton art et la musique ?
Les premières pochettes que j’ai faites, c’était pour des groupes de rap.
Celles qui ont le plus marqué les esprits, c’est mon association avec TTC, et avec Institubes.
Mais aujourd’hui je prends pas mal de distance avec le milieu de la musique.
Je ne fais plus des pochettes dans le même esprit qu’avant.
En tout cas, ce qui a fait le lien entre mon art et la musique, c’est que j’avais un côté très graphique, très minimal. Et à l’époque ou je faisais des pochettes en vinyl, mon travail était ultra efficace pour ce genre de projet, c’est à dire que ma façon de travailler avec l’objet vinyl se rapprochait d’un objet design.

Côté musique, si tu devais nous parler de tes références ?
C’est super large, j’ai commencé a écouter du rap super jeune.
A 10 ans, j’étais dans l’électro beat, et aujourd’hui j’ai fais une petite playlist il y a de l’électro beat dedans, donc ça m’a toujours suivi. Je dirais aussi, Institubes. Ce que j’ai aimé chez eux quand ça a commencé, c’est qu’il y avait de la musique électronique, mélangée à du rap, c’était un truc un peu hybride .
Aujourd’hui, j’écoute des choses très différentes, mais ça rejoint mon univers personnel. Dans ce que j’écoute, il y a un côté “human machine”, ou l’homme lutte contre la machine. Il y a un côté très rythmé, très mécanique, mais en même temps tu as une expression qui est présente, bref le contraste entre les deux me passionne.

Quels ont été tes inspirations pour cette collaboration avec Nike ?
Alors le titre Piano Piano, ne vient pas du tout d’une passion pour le piano. C’est juste que le terme Piano Piano me fait penser à une musique, une mélodie au ralentit .
Je fais un peu de surf, de snowboard, et j’ai fais du skate. Et je trouve que quand tu fais un break pour aller surfer, le temps s’arrête.
Soudainement, tu es dans ta bulle, tu n’as plus aucun stress, tu as l’impression d’être sous codéine (rires).
C’est un sport super technique (position de pied etc..); il y a plein de techniques a avoir. C’est un sport qui va très vite, mais en même temps tu as ce côté hyper lent. 
Au final, il y a une vraie contradiction et c’était vraiment ça qu’on voulait exposer dans la collection. D’où l’idée des ronds mélangés à des carrés, avec des lignes, des trucs qui partent un peu dans tous les sens, un côté hyper électrique.
Pour le côté graphique, ce n’est pas quelque chose qui est hyper perceptible, mais quand je travaille, c’est quelque chose que je me raconte.
Et quand on a développé les photos, l’univers de l’exposion dans une galerie, c’etait une façon pour moi, d’arriver à mieux l’exprimer.
J’ai utilisé par exemple une contradiction en utilisant de la neige noire au lieu de la neige blanche. 
Et ce côté vitesse/lenteur, je l’ai exprimé par exemple en tout ce qui est négatif / positif par ce paysage inversé.


Par Anaïs Ngbanzo