Alors que son premier album porté par le tube Paris Is Burning l’a hissée au rang de nouvelle icône pop, quatre ans après, on attendait la Néo-Zélandaise Ladyhawke au tournant. Elle revient avec un disque plus musclé, plus rock mais qui ne perd rien de la verve électro-pop de ses débuts. Petite discussion autour de la guitare, la mode et sa fascination pour les 90’s.
Anxiety, voilà un album qui porte bien son nom. À la fois énergique et profondément personnel, ce disque aux arrangements parfaits révèle une artiste libérée de ses angoisses. Ladyhawke – alias Pip Brown de son vrai nom – y joue de tous les instruments. Elle s’y confie avec plus de confiance en elle et ne perd en rien le fil dancefloor de ses compositions. De passage à Paris, il était grand temps pour Modzik d’interroger la jeune chanteuse sur son parcours.
Comment te sens-tu juste avant la sortie de ce nouvel album ?
Je suis très fière ! Je n’en peux plus d’attendre sa sortie mais je suis tout de même beaucoup moins anxieuse que pour le lancement de mon premier album.
Justement, tu as déclaré que tu te sentais plus en paix depuis ce deuxième opus…
Oui… C’était plutôt stressant de faire cet album finalement… Il est vrai que tous les disques impliquent leur lot de pression. Dans ce cas-là, il faut y ajouter des allers et retours entre la France et la Nouvelle-Zélande, ce qui n’est pas tout près. Les journées passées dans un avion sont plus longues que les autres. Il y a aussi pas mal de gens qui me demandent si je n’ai pas peur avec cette histoire de « malédiction » du deuxième album, opus qui serait le plus difficile à faire dans la carrière d’un artiste. Le tout cumulé, ça fait pas mal de pression tout ça !
Et que s’est-il passé depuis la sortie de ton premier album ?
Énormément de choses. J’ai tourné pendant près de deux ans avec le premier album. Donc, quand j’ai commencé à m’attaquer à celui-ci, je me sentais vraiment prête à essayer de nouvelles choses, de nouvelles sonorités. Je voulais vraiment que pour cet album, il y ait plus de guitare et de batterie, que ce soit le fondement du disque. C’est vraiment dans la continuité du premier album, cela s’est fait naturellement.
Tu as pourtant intitulé cet album Anxiety parce que ce n’était pas facile de l’écrire. C’est vrai ?
L’avoir intitulé Anxiety est directement lié à ma personnalité, à ma vie… Les gens qui me connaissent bien savent que j’ai vraiment connu des périodes difficiles où l’angoisse prenait le pas sur tout le reste. Ça s’est encore plus amplifié durant l’enregistrement de l’album.
La première chose qui interpelle avec cet album est la place accordée à la guitare, désormais plus importante que le synthétiseur. Pourquoi ce choix ?
Encore une fois, c’était la suite naturelle au premier album. J’étais très enthousiaste à l’idée d’expérimenter de nouveaux sons mais aussi et surtout de nouveaux effets de guitare. J’ai toujours joué dans des groupes de rock, toute ma vie, j’ai même d’abord été batteuse dans un groupe au lycée où l’on jouait surtout des reprises des Smashing Pumpkins ! Pour ce disque, j’étais vraiment curieuse d’expérimenter mon jeu de guitare et ma vision de la pop music et voir ce que cela donnerait.
Je retrouve dans ton album le son de Kurt Cobain, des Riot Grrrl, des Smashing Pumpkins… C’était l’idée que tu voulais ?
J’ai utilisé une pédale de guitare russe soviétique de distorsion, qui est vraiment la pédale de guitare rock des groupes des 90’s. Je pense par exemple à Mudhoney, et les Smash’, bien sûr ! Ça donne vraiment l’impression d’avoir le son d’une guitare grunge en 1992. Et j’étais curieuse de voir ce qu’allait donner cet élément vintage dans mon album. Il est clair que pour moi, les 90’s sont vraiment ma période préférée. J’étais ado, c’est le moment où j’ai développé mon éducation musicale ! Je ne voulais pas forcément avoir un son mais plusieurs sons. Plusieurs univers.
Et comment vois-tu cette période musicale ?
Les années 90 m’ont transformée, parce que j’étais une jeunette qui découvrait plein de musiques différentes tout le temps. C’était une période bouleversante ! En tant que personne, la musique continue d’ailleurs de me chambouler, sans cesse. Pour revenir aux 90’s, j’adore l’état d’esprit de cette période, surtout dans le rock.
Parlons de la scène. Es-tu heureuse à l’idée de commencer une nouvelle tournée ?
Oui, absolument ! J’ai surtout hâte de jouer les nouvelles chansons en live !
Tu viens d’une ville en Nouvelle-Zélande que tu décris comme une « small townville ». Tu en as gardé de bons souvenirs ?
Oui, j’adore vraiment cette ville. Je suis très fière d’être de Nouvelle-Zélande, la maison familiale là-bas me manque tout le temps quand je n’y suis pas. J’y ai de supers souvenirs d’été quand j’étais
enfant, beaucoup de baignades et de soleil, c’était génial.
Où habites-tu maintenant ?
Je suis installée à Londres.
Est-ce qu’il y a beaucoup d’endroits où tu aimes trainer à Londres ?
Oh oui ! Il y a vraiment beaucoup de petits bars à cocktails cachés ou d’autres qu’il me reste encore à découvrir !
Qu’est-ce qui a changé dans ta vie depuis le succès de ton premier album ?
Je pense que c’est surtout moi qui ai changé, en tant que personne… Je suis devenue plus mature. Avec la tournée et toutes les expériences enrichissantes liées à mon premier album, j’ai aussi l’impression que je me suis endurcie.
Parlons mode maintenant. Est- ce qu’en tant qu’artiste, c’est important pour toi ?
Je pense que la mode a souvent été influencée par la musique et les artistes qui la font. Pour moi, la mode et la musique marchent main dans la main et je pense que ce sera toujours ainsi.
Tu as déclaré que tu préférais porter des vêtements masculins. Est-ce que c’est également l’influence des 90’s qui parle ?
Non, c’est plutôt une question de taille (rires) ! Je n’aime pas les vêtements trop près du corps pour les filles, c’est pour ça que je préfère la manière dont les vêtements masculins m’habillent. Je suis plutôt petite : les chemises et les t-shirts me mettent beaucoup plus en valeur car leur coupe est plus simple, plus droite.
As-tu des créateurs de mode de prédilection ?
Il y a pas mal de créateurs néo-zélandais que j’adore. Comme Deadly Ponies dont j’aime plus que tout leurs créations. Je porte souvent les écharpes qu’ils font. J’apprécie également les marques Zambesi et Stolen Girlfriends Club.
Selon toi, qui est la rock star la mieux habillée ?
Patti Smith a un style incroyable ! C’est parfois androgyne mais toujours élégant et simple.
Possèdes-tu des vêtements fétiches que tu réserves spécialement pour la scène ?
Ça dépend des périodes. En ce moment, c’est une chemise boutonnée jusqu’en haut, un jean et des boots.
Quelle est la pièce favorite de ton dressing ?
Mon jean noir, je le porte tellement qu’il y a des trous partout !
Et ta fringue la plus honteuse ?
Difficile à dire car dès que ça ne me plaît plus, je jette ! Je ne garde vraiment pas grand chose… Mais je dirais que l’horreur absolue de mon armoire, c’est un jean coupé en short. Je déteste les jeans coupés en short pour plusieurs raisons que je ne dévoilerai pas (rires) !
Propos recueillis par Guillaume Cohonner
Photos_Justin Borbely
Réalisation_John Williams