Christopher Raeburn est un créateur anglais engagé qui produit des vêtements masculins avec d’anciens tissus déjà utilisés. Nous avons rencontré le créateur lors du festival Bread && Butter by Zalando à Berlin afin d’en connaître un peu plus sur lui et son nouveau projet mode avec le géant américain Timberland : une collection masculine élégante, simple et surtout responsable.

Peux-tu me dire quelques mots sur cette collaboration avec Timberland ?

Christopher Raeburn : La collaboration avec Timberland est un réel honneur parce qu’il m’autorise à suivre ma propre philosophie. Elle détient trois points importants : “Remain, reduce and recycle”. La première chose que nous avons faite est de récupérer des pièces Timberland afin de les déconstruire et ensuite, les transformer en matériaux recyclés et organiques.

Comment as-tu accueilli la nouvelle quand ils t’ont contacté ?

CR : J’étais vraiment flatté d’être approché par une marque si iconique que Timberland. Nous avions déjà eu la chance de travailler avec d’autres marques célèbres avant et Timberland a compris mes recherches, là où je souhaitais aller et le plus important, ce que je pouvais apporter à la collaboration. Souvent, cela peut être très “cadré” mais ici, c’était vraiment l’inverse. Ils m’ont poussé à la créativité, à la nature responsable de ce projet et à la liberté.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de faire de la mode ?

CR : Je suis probablement autant un créateur de produit qu’un créateur de mode. Ce que j’aime vraiment à propos de la mode est que tu peux faire un dessin, des recherches et créer un produit en une seule journée. Tu ne peux pas faire cela dans l’architecture ou dans le design. C’est justement ce processus qui m’a toujours fasciné.

Pourquoi est-ce si important de faire de la mode responsable et pourquoi les marques devront, dans le futur, être de plus en plus être conscient de cela ?

CR : Nous ne pouvons plus continuer à consommer comme nous le faisons et je pense que les créateurs ont le devoir de penser à ce que nous portons et ce que nous consommons. Nous devons tous travailler ensemble pour faire de l’industrie de la mode, un monde meilleur.

Comment as-tu élaboré la collection avec Timberland ? 

CR : Faire la recherche, trouver des pièces Timberland originales des années 90, les déconstruire et les développer à partir de cela. C’était une différente approche du design habituel.

Ce que tu aimes le plus dans la mode ?

CR : La créativité et les gens que tu rencontres dans ce monde sont incroyables. Je suis un créateur et j’évolue avec des directeurs artistiques et des photographes. Toutes ces personnes confondues apportent une énergie incroyable unique en son genre.

As-tu déjà eu de mauvaises surprises ? 

CR : Oui bien sûr, mais c’est la vie.

Ce que tu aimes moins dans l’industrie ?

CR : L’industrie peut être longue à changer. Par exemple, nous savons que nous avons de matériaux recyclés mais tu ne peux pas toujours les recycler une nouvelle fois. La technologie parfois est insuffisante à mes ambitions. Il s’agit d’une industrie destructive qui a l’opportunité d’être plus propre car il est possible de faire des vêtements sans impacter de manière nocive l’environnement. C’est un gros challenge pour rendre tout ça positif.

Quels seraient tes conseils aux marques pour devenir plus durable ? 

CR : La première chose est d’être transparent par rapport à ce que nous faisons et à nos ambitions futures. Nous avons aussi besoin de nous aider les uns des autres même si c’est un milieu compétitif. Beaucoup de marques sportwear travaillent sur l’innovation des matériaux pour le bien de notre planète.

Quelle est la matière que tu aimes le plus utiliser ?

CR : Cela dépend vraiment des saisons. Tu sais, je suis toujours intéressé de trouver des matériaux avec des histoires authentiques et des choses à raconter. L’approche de la reconstruction, l’innovation et la création sont ce que je préfère mais cela peut changer et c’est une bonne chose, car la vraie nature de la mode est la recherche perpétuelle de nouveauté.

Où trouves-tu ces anciens vêtements ? 

CR : Partout ! Cela peut être dans un marché aux puces ou dans un surplus militaire par exemple, et cela, à travers le monde.