Le défilé le plus dérangeant de cette Fashion Week d’Amsterdam est sans nul doute celui présenté par le collectif Duran Lantink x Jan Hoek. Ce duo d’artistes a bousculé les genres à la fois de la nature humaine et de l’art de la présentation fashion. Une véritable expérience en tout point.

Alternant entre les défilés classiques de quelques mannequins, le spectacle prenait tantôt la forme d’une rétrospective en photographies du processus de création, tantôt la forme d’un tableau vivant déroulé sur le catwalk ! De plus, le thème général explorait le genre humain à travers le défilé de mannequins androgynes dont il est très difficile de déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Mais, finalement, fut-ce-t-il nécessaire de s’y attarder ? Sûrement pas car d’autres surprises attendaient le public.

Enfant sauvage de la mode hollandaise, Duran Lantink souhaitait lors de cette 24ème édition marquer les esprits de la critique et diffuser un message sincère de tolérance. Par le biais de cette prestation, le collectif a composé un mélange de tout ce qui selon eux définit la vie d’aujourd’hui. Totalement décomplexé, le style de ces jeunes créateurs est difficilement descriptible tant par sa générosité styliste que par son trop-plein de remix déchaînés.

Et comme s’il ne se suffisait pas à lui seul, Duran s’est associé pour ce défilé au photographe Jan Hoek, un nostalgique du continent africain dont il est originaire. Sans faux semblant, le décor de cette présentation était une sorte de mea culpa dissimulé où il exposait des clichés à propos de son addiction à l’héroïne et de son amour irrationnel pour tous les Africains, quel qu’ils soient….

Beaucoup d’émotions transparaissaient derrière cette effluve de couleurs vives et de teintes très noires en même temps… Duran utilise également d’innombrables matières qu’il superpose à l’infini. Le too-much se révèle distinctement lorsque les mannequins se présentent chaussés de paires imprimées en 3D et au talon compensé de 30 centimètres… ! Pourtant, Duran cultive son originalité avec une telle dose d’humour et de second degré que l’artiste a su séduire le Musée du Louvre de Paris qui a récemment exposé quelques unes de ses créations ainsi que les prestigieux magazines de mode tels que Vogue, Glamcult et D&A Mexico.

Cette parenthèse signée Duran Lantink x Jan Hoek était un véritable cocktail explosif !