Dis-moi ce que tu portes, je te dirai ce que tu écoutes. Parce que la musique est aussi une question de style, il est des vêtements qui ont gagné leurs lettres de noblesse en trouvant grâce aux yeux de figures charismatiques de la scène musicale.

 C’est le vêtement indémodable par excellence : le perfecto. À l’origine destiné aux motards, le blouson en cuir à zips a su traverser les époques sans prendre une ride. C’est en 1953 que le mythe du perfecto naît avec l’image de rebelle incarné par Marlon Brando dans le film L’Équipée sauvage. armure indispensable pour tous les bad boys, le blouson, qui tient son nom des cigares préférés de son créateur Irving Schott, est rapidement porté comme une deuxième peau par toutes les rock stars : Vince Taylor, Elvis Presley, Lou Reed, mais aussi les ambassadeurs du mouvement punk, Sex Pistols en tête. Voyou dans l’âme mais tout aussi populaire, le perfecto résiste à tout depuis quatre-vingts ans. Même s’il a perdu de son symbolisme premier, les rockeurs actuels l’ont tous adopté : Pete Doherty, Julian Casablancas ou Jamie Hince.

Schott est aussi à l’origine d’un autre blouson célèbre du début des années 50 : le bombers ou Flight jacket Ma-1, spécialement créé pour les pilotes de chasse de l’US air Force pendant la guerre du Vietnam. la veste en nylon imperméable est tout de suite adoptée par les skinheads qui, pour un total look, l’associent aux fameuses bottines à huit trous du docteur Martens. Créée par le docteur Klaus Maertens, qui a offi- cié au sein de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est d’abord utilisée comme chaussure de sécurité dans les usines. dans les années 1970, c’est au tour du punk de trouver en la Doc Martens une alliée de choc. Sous l’impulsion des groupes leaders du mouvement comme the Clash ou les Sex Pistols, la doc s’internationalise et devient un symbole mondial de contestation, l’emblème d’une jeunesse rebelle. dans les années 1980 et 1990, les Doc Martens se démocratisent et deviennent glamour grâce à Madonna qui en fait un élément incontournable de sa garde-robe.

La marque Converse aussi a accompagné les courants de la contre-culture de la deuxième moitié du XXe siècle. initialement destinées aux joueurs de basket-ball, sous la houlette de Charles h. « Chuck » taylor, les Converse font le bonheur des enfants du baby-boom dans les années 50. Vingt ans après, le punk-rock émergeant aux États-Unis porte la marque en objet d’apparat incontournable, à l’instar des ramo- nes. l’avènement du grunge dans les années 90, en la personne de Kurt Cobain, finit d’asseoir la popularité de la marque. d’ailleurs, en 2008, à l’occasion de son centenaire, Converse édite plusieurs tirages spéciaux de chaussures, dont une basket « Kurt Cobain », avec la signature du chanteur sur le côté et la semelle taguée « Punk rock means freedom».

Pour être bien dans ses baskets, il faut aussi être bien dans sa tête ! Kangol habille les têtes les plus célèbres depuis plus de soixante-dix ans. Fondé par Jacques henry Sergene en 1938, Kangol fut l’un des principaux fournisseurs de bérets de l’armée anglaise pendant la Seconde Guerre mondiale. avec son emblématique kangourou, la marque connaît tout de suite un grand succès et sa fameuse casquette représente alors le must du style british. C’est dans les années 80 que Kangol devient une véritable référence du headwear grâce à son adoption par le milieu hip-hop. des artistes phares du mouvement tels que Run-DMC, ll Cool J, Slick rick, Grandmaster Flash et the Notorious B.i.G donnent un nouvel élan à la marque et font de ses créations des must have pour « pimper » son look avec classe, à la Samuel l. Jackson style.

Le bandana aussi a séduit les rappeurs qui le portent comme marque d’appartenance à un gang, autour du cou ou sous leur casquette. déjà, dans les années 70, les hippies du Flower Power l’arboraient roulé sur le front ou noué derrière la tête. les gays, quant à eux, le transforment en langage codé. le groupe Village People en jouera d’ailleurs beaucoup. Popularisé par rRnaud, qui apparaît sur la pochette de son album Marche à l’ombre avec un bandana rouge noué autour du cou, le foulard est aussi utilisé par les guitaristes de rock (à commencer par Bruce Springsteen), qui l’attachent autour du poignet de la main de laquelle ils jouent afin de le garder au chaud. aujourd’hui, on lui préfèrera le poignet de force pour son côté très viril et gentiment bad boy. D’origine médiévale et à visée médicale, ce bracelet de cuir assez imposant servait à maintenir le poignet pour avoir suffisamment de force et ne pas se tuer à la tâche. Aujourd’hui accessoire de mode, le poignet de force se porte en toutes circonstances. 

Car quand la musique se joue de la mode, elle ne fait pas de fausses notes.

Par Hélène Pouzet