Tout a une fin, mais les Strokes semblent préférer tout transformer et ne surtout rien perdre. A l’occasion de la sortie aujourd’hui dans les bacs de Comedown Machine, Modzik remonte le temps avant de vous donner son avis sur le nouvel album des Strokes.

 

Coup de fusil dans les années 2000, on voit apparaître ces 5 branleurs aux allures insolentes. Enfin ! Des effrontés / bien-nés / insolents mais tellement efficaces, sortaient la tête de l’Indé de l’eau, grâce également aux nerveux Hives et éternels Franz Ferdinand.

Adulés, une dizaine d’années plus tard, les outrages du temps ont semblé faire des ravages sur le punk distingué des New-Yorkais. En 2011, ils prennent difficilement le virage du 4ème album Angles, ne remportant qu’un succès maîtrisé. Pour exemple, Machu-Pichu, montagne exotique du Pérou et hit de l’album, est un pari risqué car cette ballade farouche nous berce sur des airs jusque-là inattendus et inconnus chez les Strokes. Périlleux mais réussi. Le groupe reste dans l’ombre de son identité de rockeur brut des années 2000 mais ne se l’avoue qu’a demi-mot, la mécanique des Strokes est enrayée. Sentant alors l’ennui ou le manque de liberté en groupe, Julian se la joue solo.

Mais les garçons rempilent mystérieusement pour un cinquième album. Aussitôt dit, aussitôt fait, deux ans plus tard : le voilà. Comedown Machine est peut-être la piqûre de collagène en trop. Cette cure de jouvence les/nous projette dix ans en arrière, pas sûr pour autant que ça leur rende le goût ou l’énergie d’antan. Comme des vieux envoyant des sms, les Strokes de 2013 ont l’air dépassés mais acharnés à vouloir rester dans le coup pour nous maintenir au courant ou prouver quelque chose. All The Time, est l’album de famille que les fans apprécieront, Welcome To Japan nous interpelle au sujet du Japon – dites-nous ce qu’il y a de si fun là-bas ?- puisque Phoenix y prépare aussi sa prochaine corbeille de fruits moisis, et on aurait jamais imaginer Tap Out écrite par les Strokes.

Mais pourquoi pas ? Pour rester clair & courtois, confus en 2011, ils ont pris une décision et l’assument complètement sur cet album. On ne pourra au moins pas leur enlever cette paire là, même si Casablancas a l’air de se les serrer très fort quand il chante maintenant. Une décision donc, celle d’être un groupe qui ne communique plus, ne s’entend plus et ne se voit plus mais qui pourtant continue à facturer ensemble. En résulte cette soupe rock-électronique trop sucrée pour être étiquetée Strokes. Thérapie pour le groupe ou annonce d’une ère nouvelle ? En tout cas, il ne reste plus grand chose des Strokes de 2007, ils ont grandi (ou mal vieilli). Ce souvenir du futur sera, sans doute, difficile et long à digérer et comprendre pour les initiés. Heureux les néophytes, s’il en reste.

 

Par Maxime Coeur