Bien dissimulés parmi nous, se répandent des usagers du net abordant un thème précis et à l’intérêt relatif voire malsain : eux et leur quotidien. En pleine expansion (vous en êtes même peut-être un sans le savoir ou l’assumer), ils ont détourné internet et Facebook de leurs missions premières : l’information et le partage. Seriously, Modzik se penche sur les tartines de quotidiens dans les timelines Facebook.
Acceptons-le : Facebook fait désormais partie de nos vies. De manière plus ou moins intrusive, il est difficile d’échapper à ce moyen de faire tourner l’info dans la fenêtre mondiale que nous offre le net. Sans l’un ni l’autre, il aurait certainement fallu des années avant de savoir qu’on pouvait faire ça . On n’aurait surtout jamais eu droit à ça ni ça. Mais le vicieux ego-trip a vite déteint sur la belle idée humaniste. Cette fenêtre sur le monde se transforme en miroir.
Et ces blogueurs d’un nouveau genre n’hésitent pas à nous faire partager leurs intenses et passionnantes tranches de vie. Facebook devient alors le judas gênant, entre tristesse et cynisme, d’un étalage abusif de life. Le tout bien saupoudré d’une bonne dose de hashtags #food #love #supercoolgenialjadore #instacaca #cacagram. Photos ou statuts, petite typologie des phénomènes récurrents qui témoignent d’un usage névrosé de l’outil :
– L’insta-food : burgers, cupcakes, salade de fruits, smoothies arc-en-ciel…
– Le chat dans le panier/sur le canapé qui dort/mange (alternative : les nouveaux-nés, les chiens, les lapins)
– Le récurrent moment #WTF ou de solitude
– Les humeurs au lever/au coucher, à propos du boulot ou du temps « En a tro marre dla plui »
– La nouvelle coupe de cheveux/robe/chemise/moustache/tasse/bougie/cuvette des toilettes
– Le classique « chill dimanche au soleil » dans un parc ou pieds dans l’eau à la mer
– Les photos déprimantes d’un nouvel appartement
– Le nouveau tatouage
– Le grand déballage amoureux
– Les authentiques coups de gueule « La SNCF c’est vraiment des cons, franchement 1h de retard quoi !!! »
– Les états d’âme à moitié dévoilées (pour garder le mystère) « Se demande pourquoi la vie est injuste parfois… »
Le pudique journal intime devient la voyeuse timeline publique et Facebook prend alors des allures de confident à mi-chemin entre le psy à l’écoute et l’ami fidèle. Voilà pourquoi, après l’envie perverse de passer sur ce genre de timeline, je me sens aussi sale qu’après 10 minutes des Ch’tis à Ibiza. Sans rancune. Facebook vous demandera toujours comment vous allez et ne vous conseillera jamais de faire autre chose. Pourtant la vie est ailleurs.
Si pour vivre heureux, il faut vivre caché, il semble légitime de se demander si étaler son quotidien via le prisme défoncé des réseaux sociaux rend l’existence plus belle. J’en doute. Ah oui, et lâchez l’affaire avec Candy Crush. Please.