C’est avec douceur que le girls band de Los Angeles enveloppe cette fin de mois de janvier. Leur album sort aujourd’hui dans les bacs et nous, on est à l’affut. Pour preuve, on les a rencontrées, s’attendant à ce que le zéphyr Californien vienne balayer notre univers musical déjà bien capitonné. Leurs ambiances pop cotonneuses se retrouvent donc sur un opus peaufiné prénommé: Warpaint, tout simplement. Il fait suite à The Fool sorti en 2010. Ne manquez pas l’écoute de ce disque d’indie rock, parmi les plus attendus de l’année et foncez tenter de chopper une des dernières places du concert de ce soir. Eh oui, c’est à Paris que les filles ouvrent leur tournée avec une unique date! Entretien à une voix avec la chanteuse et batteuse.
Vous avez joué au Pitchfork à Paris, quels sont les groupes que vous aimeriez y voir?
Principalement, j’aimerai vraiment voir Jagwar Ma et Connan Mockasin sur scène.
Comment appréhendez-vous l’arrivée de cet album ?
On est terriblement excitées de repartir sur la route avec ce nouvel album ! C’est en commençant à l’écrire que toutes les chansons sont venues. On s’est concentrées pendant trois semaines durant lesquelles on a écrit et enregistré des démos. Ensuite, il y a eu la tournée qui a duré plusieurs mois. Au retour, on est reparties en studio pendant six semaines qui se sont achevées par trois semaines de mixage. On a donc bidouillé cet opus comme cela pendant plusieurs mois entre plusieurs projets différents. C’était pas très rapide, au final, mais c’est toujours le cas quand tu dois choisir le meilleur !
Comment avez-vous travaillé avec le producteur Flood également producteur de PJ Harvey entre autres?
Flood a en fait produit tout l’album et Niegel n’a mixé que deux titres. En fait Niegel nous a été recommandé comme un producteur potentiel. Quand on a commencé à chercher quelqu’un qui pourrait éventuellement nous convenir, il a été parmi les premiers noms qui nous restaient en tête. On était à Londres au même moment et on était chacun ouverts à l’idée de travailler ensemble. Quand on sent ce feeling, je pense que c’est un bon signe. C’est aussi pour cela que ça a pris un peu plus de temps.
Quel est votre album favori produit par Flood?
To Bring You My Love de PJ Harvey…Cet album est vraiment important pour moi, mais j’aime tellement PJ Harvey c’est carrément un de mes quatre ou cinq groupes préférés. Je pense que cet album m’a particulièrement affectée, d’autant qu’il est arrivé dans ma vie à un âge où cela faisait référence à beaucoup de choses pour moi. J’ai jamais vraiment réalisé à quel point il y a beaucoup d’acoustique dans son travail, au-delà de tous les arrangements électroniques et couches pop, j’aime cette qualité.
Votre album a l’air plus organique et moins rock que le précédent, non?
J’en ai aucune idée en fait, peut-être qu’on a tellement donné en tournée, qu’on a été trop rock et qu’il nous fallait une pause. Il y a surement une corrélation avec le fait d’avoir joué toutes ces chansons en tournée qu’on avait déjà enregistrées, on avait une bonne dynamique et une certaine approche sensible de ce nouvel album.
Les paroles ont l’air très importantes pour cet opus?
C’est vrai mais je voudrais dire aussi que dans un sens, elles ne sont pas si différentes. Comme on doit chanter tous les soirs on y fait peut-être plus attention. Je pense que clairement on à fait plus attention a tout. Lorsque l’on composait on se demandait toujours « comment on va faire cette chanson? », on avait vraiment le temps de penser à quelle ambiance on voulait donner à chaque titre.
Vous passez beaucoup de temps à travailler les voix, non ?
Oui mais on y passera encore plus de temps pour le prochain album. On a beaucoup appris des retours de cet album sur les voix et les choeurs ainsi que les harmonies.
Chris Cunningham a réalisé un documentaire sur la sortie de cet album avec un teaser sur youtube. Est ce qu’on doit y voir une volonté de montrer toute la conception de votre travail ?
Ce n’est pas un vrai documentaire, c’est plutôt un projet artistique car Chris fait partie en premier lieu de notre entourage et c’est quelqu’un de très créatif et ingénieux. Il ne nous a pas suivies pendant deux ans sur tous nos concerts mais il était toujours en train de nous filmer. En fait, il est assez timide et c’était plus autour d’une réalisation tel Snapshat, assez conceptuel. C’est aussi lui qui a fait la pochette de cet album.
Comment est le paysage musical à Los Angeles?
On ne connait pas grand chose de la scène à LA. Je n’ai pas l’impression que tout le monde traine dans les mêmes coffee shop par exemple mais on a l’habitude d’être à LA le plus souvent quand nous ne sommes pas en tournée. On y a tous nos amis. Et puis tu sais LA est très grand même si on peut vivre dans le même quartier ce n’est pas comme trainer à New York, où tout le monde a confiance envers les uns et les autres. LA est super pour autant que tu puisses conduire et être dans la nature, il y a de la bonne nourriture, tu peux créer ton propre loft, les gens ne sont pas snob mais réellement chaleureux.
Avez-vous d’autres projets a côté?
J’aimerai faire des projets solo et quelques projets de peinture de temps en temps. Si on avait plus de temps on ferait certainement chacune beaucoup plus de choses. Le fait de fournir beaucoup de travail pour le groupe fait que quand on rentre à la maison, on ne fait que regarder des trucs pourris à la télévision. Une tournée, c’est dur, donc on essaie aussi de prendre soin de notre santé.
Comment pouvez-vous expliquer votre succès?
Je ne pourrai pas en parler, je sais que c’est vraiment différent aux Etats-Unis que ça ne l’est en Angleterre. Je ne pourrai pas dire pour la France par exemple…sommes-nous connues ici ?
Oui…
C’est génial ! J’adorerais l’idée d’être en résidence et je me souviens avoir demandé à Judy si on pouvait venir à Paris il y a longtemps, pour trois semaines ! Jouer quatre concerts avec des groupes, dans des salles toujours différentes. Tu peux ainsi connaitre mieux la ville et les gens et établir une connexion. Car concentrer cette énergie peut se développer dans un seul endroit pour en devenir très productive. Etre à Paris ce serait de la folie !
Quelques personnes vous comparent à des groupes comme Cocteau Twins, ça vous fait quoi?
C’est très flatteur car c’est un groupe génial même si je ne pense pas qu’on puisse réellement nous comparer musicalement, mais tu pourrais parler de beaucoup de groupes en disant que tel groupe capture tel moment. « Ca ça sonne comme les Cure etc. » et après l’idée se répand dans les interviews et conférences de presse. Je ne pense pas qu’on soit similaires à quelque chose et qu’on s’inspire vraiment d’un groupe en particulier.
Si vous n’étiez pas dans un groupe qu’auriez-vous aimé faire?
J’aurai aimé être psychiatre. Je pense qu’un groupe permet aussi d’analyser les comportements car tout se vit à fond, à 200%: les relations, les amitiés et le travail. Cela devient de plus en plus difficile quand tu es dans un groupe. Il faut se serrer les coudes, et tu fais plus facilement confiance aux autres. Loin de ta famille, tu t’exposes plus. Quand on est entre nous, les moments sont forcément intenses.
Avez vous d’autres projets cette année?
Je pense que si chacune d’entre nous avait le temps, elle aimerait travailler sur des side-projects. J’aimerai bien justement créer quelque chose et mettre mes idées plus en avant et les amener dans le groupe, musicalement plutôt…pas diriger ou dire comment il faudrait que ça rende car j’aime le fait que Warpaint est capable de faire voler les tabous. C’est un travail collectif. Warpaint c’est à la fois une démocratie et des dictateurs.
Propos recueillis par Guillaume Cohonner et retranscrits par Tiphaine Deraison