Si comme notre journaliste vous n’aimez ni le vin chaud, ni le fromage, ni skier. Ne venez pas au Music Village, le festival de musique niché en haut des montagnes qui accueillait les familles recomposées de Roche Music, Bromance, La Fine Equipe, Cätcät et Naughty J du 11 au 13 décembre. Mais comme on est un peu sadique, on l’a envoyé quand même. Finalement il s’est bien marré.

Déjà le voyage en train avait annoncé la couleur puisque nos voisins de sièges ne sont autre que Cätcät, Naughty J, Jain, également invité par le festival, et son équipe. Après 5h de voyage qui nous emmène loin, très loin de Paris, nous arrivons aux Arcs 1950 où nous séjournerons 4 jours. L’air est frais, la neige a répondu présente et les tout premiers touristes de la saison prennent possession des stations. Mais ce qui nous intéresse, en dehors de savoir si ??, c’est la musique. Le temps de prendre ses marques, le premier événement du festival n’a lieu qu’au soir au Carré, la boîte de station des arcs 1800. Et qui dit club de station, dit touristes aux goûts vestimentaires plus que discutable, décor digne d’un clip rap low-cost, fumoir irrespirable et surtout, DJ tout droit sorti d’une fête foraine, n’hésitant pas à prendre le micro le plus sérieusement du monde plusieurs fois pour essayer de chauffer la piste. On se demande combien de fois dans sa vie Naughty J, le DJ de NTM, aura l’occasion d’être annoncé par un poissonnier du dancefloor. Mais qu’à cela ne tienne, l’essentiel est ailleurs, lui et son sympathique collègue Cätcät distillent les titres avec précision, rien de très obscur tout de même, il s’agirait de ne pas choquer le saisonnier déjà surpris de ne pas avoir eu le droit à sa danse des sardines. L’ambiance est néanmoins propice à la fête et les verres se descendent aussi vite que les pistes. Il faut dire que l’essentiel du public se compose de professionnels invités par le festival et rapidement, l’impression d’être en colonie de vacance de journalistes prend le pas. Seulement, la balle au prisonnier est remplacé par l’activité tout aussi sportive de l’apéro et les monos sont jouées par les RP qui nous chapeauteront tout le weekend.

Naughty J et Cätcät

musicvillage naughty j

Le deuxième jour est marqué par la présence du label Roche Music presque au complet. C’est au Lodge, un espace situé en au haut des pistes, que nous rejoignons tout ce petit monde. Le cadre est idéal pour l’electro chill et dansante de Darius et Cézaire, le boss du label. Malheureusement, seuls quelques skieurs égarés viennent se rallier à nous et fouler la piste de danse improvisée les pieds bien enfoncés dans la neige. C’est probablement le seul gros point négatif du festival qui a défaut de ravir les quelques personnes présentes pour l’occasion, n’a pas su convaincre un plus large public de délaisser les skis pour passer l’après-midi sur les beats chaud des tourangeaux. Dommage. Le lieu abrite également l’interactive village, la petite nouveauté de cette année. Équipé d’Oculus Rift, il nous est offert la possibilité d’échanger nos corps avec une autre personne, une femme avec un homme et inversement. Inutile de préciser que beaucoup de fantasmes s’y sont réalisés.

Darius, Dabeull et Cézaire

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Après un repas bien mérité, direction la Place Haute des Villards aux Arcs 1800 où La Fine Equipe officiera pendant deux heures. Les boss du label Nowadays Records ne tardent pas de convaincre une foule curieuse de lâcher prise, et ça fait du bien. Une fois n’est pas coutume, le dancefloor est rempli. Comme la veille la nuit se terminera au Carré et son public hybride. Cette fois-ci, c’est Darius et le jeune Zimmer qui s’appliquent à faire taper du pied la salle.

Troisième et dernier jour de festivité au milieu de la Savoie. Après un réveil tardif et un casse-croûte expédié sur la route, nous trépignons d’impatience à l’idée de retrouver les membres du label Bromance. LOUISAHHH!!!, Club Cheval, Brodinski et Gener8ion se succèdent toute l’après-midi aux platines devant un jeune public d’une quinzaine de personnes entièrement dévouées à leur cause et qu’on soupçonne d’avoir forcé sur le vin chaud, en témoignera leur reprise imbibée et répétitive du curée de Camaret une fois le son coupé, un grand moment d’ivresse paillarde. Pour ce qui est de la prestation des héros du jour, rien à redire, de l’electro transgenre qui passe aussi bien d’une techno racé à un hip-hop vrombissant, c’est exactement ce à quoi on s’attendait.

Sam Tiba et Myd (Club Cheval)

musicvillage club cheval

Le soleil se couche doucement sur les Arcs et la perspective d’un retour à Paris nous frappe soudainement. Seul FKJ n’a pas encore donné la pleine mesure de son talent. C’est aux Arcs 1950 que nous le retrouvons, il fait nuit, il fait froid, mais qu’importe le prodige de l’écurie Roche (encore eux) nous livre une prestation de haute volée, armé de son synthé, de sa basse et de ses machines. “J’ai les doigts gelés, mais c’est pas grave”, lance-t-il à l’audience en fin de prestation. C’est la cerise sur le gâteau d’un weekend forcément réussi, il aurait fallu être de mauvaise foi pour ne pas apprécier le charme bucolique que nous offrait le Music Village Festival. Espérons que l’édition suivante attirera plus de monde, en tout cas, on vous le recommande.

FKJ

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