Qui ne s’est jamais endormi, n’a jamais embrassé, n’a jamais rêvé ou admiré un beau paysage sur Big Jet Plane d’Angus et Julia Stone ? Avec ce titre, sorti en 2010, le duo frère et sœur australien a conquis les cœurs de toute la planète. Après une pause de presque sept ans depuis Snow, leur dernier album studio, ils reviennent avec Cape Forestier, un sixième opus en forme d’appel au calme.

 

 

Dans une société qui va de plus en plus vite, Cape Forestier est le projet le plus sobre depuis qu’Angus et Julia ont commencé à travailler ensemble. Leur musique y est toujours aussi positive et apaisante. « Nous pensons que la meilleure forme de protestation est de partager de l’amour. C’est la meilleure chose que l’on puisse faire pour le monde en ce moment. Et nos chansons sont principalement basées sur l’espoir, l’amour et la lumière. »

Au gré des flots du Cape Forestier – c’est aussi le nom d’un bateau, en référence au cap de Tasmanie – le duo ouvre un espace de déconnexion émanant de leur philosophie sereine. « L’amour est la raison pour laquelle nous faisons de l’art. Nous avons été élevés par des parents qui pensent que tout le monde a de l’art en lui. Tous les humains. Nous ne sommes pas spéciaux. Nous posons souvent cette question aux personnes que nous rencontrons : Quel est leur art ? Quel est le levier qu’ils utilisent pour faire face aux difficultés ? Pour nous, ça a toujours été l’écriture de chansons. C’est probablement un message que nous voulons faire passer : tout le monde devrait créer. »

 

 

Le voyage et, par extrapolation, l’évasion font partie intégrante de l’œuvre d’Angus & Julia. Dans Cape Forestier, on n’est pas loin de l’univers “explorateur détendu” de Jack Johnson. « Nous avons voyagé pendant longtemps pour partager de la musique à travers le monde et beaucoup des éléments rencontrés en chemin entrent dans l’écriture de nos chansons. »

« La thématique du voyage est naturelle lorsqu’on vit en Australie car c’est un espace géographique énorme, mais c’est aussi loin du reste du monde. Quand on nait sur une île, on grandit en rêvant d’autres endroits… et parfois même de quitter l’île. Et finalement, nous sommes tous arrivés en bateau il y a quelques générations. C’est comme s’il y avait un gène “voyager et se déplacer” chez les habitants de l’Australie coloniale. Si on y réfléchit, ces gens ont dû être courageux pour venir dans un endroit où il n’y avait rien, par rapport au confort que l’Europe offrait à l’époque. Il y avait une histoire indigène extraordinaire, mais pas d’infrastructure par rapport à la vie européenne… et ces gens sont partis ou leurs bagnards ont été envoyés là-bas. C’est un endroit sauvage, l’Australie… C’est très courageux. »

Un peu moins loin dans l’histoire, la musique et la philosophie d’Angus et Julia – et visiblement de leur famille hors normes en matière d’humanisme – font écho aux valeurs de la Beat Generation décrite par Jack Kerouac. Quand on entend la reprise d’I Want You de Bob Dylan (1966) dans leur nouvel album, on est donc parfaitement prêts à l’accueillir.

« L’époque des 60’s et des 70’s était tellement incroyable… Il y avait beaucoup d’espoir. C’était une époque où les gens en avaient assez du capitalisme sans fin. Ce mouvement nous a vraiment influencés. Joni Mitchell, Bob Dylan, Neil Young… font un peu partie de notre ADN. Quand nous faisons des reprises, ce sont des hommages. Nous avons vraiment envie d’honorer la musique qui nous a inspirés. »

« Notre père était à la fois chanteur de mariage et enseignant dans une école publique. Il était extrêmement socialiste dans ses opinions. Nous avons partagé de nombreuses conversations autour de la table familiale, principalement sur le fait que l’éducation devrait être disponible et gratuite, et que tous les êtres humains devraient avoir droit à des soins de santé. Nos parents n’ont jamais eu beaucoup d’argent, mais ils croyaient vraiment à l’augmentation des impôts et à l’amélioration des infrastructures publiques. Et donc je suppose que cela nous a imprégnés. Il y a toujours de l’espoir dans notre musique. Nous avons le sentiment que les humains ont intrinsèquement quelque chose de bon. Cette bonté est ce qui nous lie les uns aux autres. Et peut-être que si nous essayions tous de voir ce qu’il y a de mieux en l’autre et d’apprendre à pardonner, nous aurions une chance de réduire cette division qui existe. Mais oui, c’est un rêve pour l’instant. Mais un beau rêve (sourire). »

 

 L’album Cape Forestier sortira le 10 mai 2024.

Angus & Julia Stone seront en concert à l’Olympia le 14 juin et au Grand Rex le 15 juin 2024.

 

 

Texte Anne Vivien