Comme un ouragan, qui passait sur moi… La mode a tout emporté ! La Fashion Week de Paris a trouvé son cadre parfait. La capitale et sa pluie diluvienne accueillent des créateurs qui jouent cette saison les messagers d’une fin du monde imminente. Sur cette grande Arche de Noé, John Galliano prend la température d’une planète souffrante en lançant la ligne éco-responsable de la maison Margiela. Il n’est pas le seul à jouer les survivants, les looks de l’hiver prochain s’articulent autour de coupes larges pour protéger de toutes intempéries et forment ainsi un joyeux patchwork. Marine Serre affiche même sur ses silhouettes des masques, parfaits pour l’apocalypse. Tous aux abris !

Maison Margiela

La Maison Margiala vient de nous faire part d’un fabuleux coup de génie. Sous le tambour de John Galliano, la maison a dévoilé sa ligne éco-responsable qui porte le petit nom de « Recicla« . Un costaud travail où la griffe a minutieusement et consciencieusement puisé matières et créativité dans des magasins de seconde main et les marchés aux puces. Résultat, les jupes en tulles s’apparentent à des bâches militaires, les chemises et les tuniques peuvent se déchirait et être cousues à nouveau… Bref, l’accoutrement parfait en cas de grande crise. Et puisque le ciel nous tombe sur la tête, le bob qui fait son grand retour prend des hauteurs inédites. Pour une protection optimale, Margiela rend même la moustiquaire tendance, Bear Grylls a de quoi être jaloux.

Marine Serre

On connaît le goût ou plutôt l’obsession de Marine Serre pour une mode qui gravite autour d’un certain futurisme. Encore une fois, la gagnante du prix LVMH 2017, frôle la catastrophe planétaire. Pour sa collection automne-hiver 2020-2021, elle porte un regard artistique sur l’actualité. Voulus ou simples coïncidences, les masques que portent les mannequins nous font automatiquement penser au terrible coronavirus qui sévit actuellement. Dans la collection, le vêtement devient barrière de protection: masques, cagoules, casquettes longues… Même la fameuse technique du manteau posé sur la tête en cas d’oubli de parapluie se transforme en véritable accessoire mode.

Kenzo

C’était le visage attendu de cette fashion week parisienne. Après un beau travail chez Lacoste, le créateur le créateur franco-portugais Felipe Oliveira Baptista passe du crocodile au tigre en nous présentant sa première collection chez Kenzo. La précision dans les coupes, véritable point fort du créateur, a pris forme dans des créations à l’esprit nomade. Le parfait kit pour survivre en cas d’un réchauffement climatique sévère: parkas chauve souris, caquettes longues, vêtements amples, le tout dans des tons très « natures »  pour un parfait camouflage.

«L’époque est clairement différente et la crise climatique s’ajoute aux guerres, aux attentats… Il y a de quoi s’alarmer. J’ai d’ailleurs voulu des « vêtements maison » qui protègent, rassurent. Mais cette planète reste tout de même sublime, remplie de beauté et d’histoire, et pour pouvoir avancer, on a besoin de garder ces aspects positifs à l’esprit. Je voudrais porter l’espoir mais de façon réaliste : « OK, c’est la cata, mais on va s’en sortir ! »» – propos de Felipe Oliveira Baptista pour Libération