Modzik a rencontré le duo new-yorkais, MS MR, encore tout excité de leur escapade à Paris. Max et Lizzy ont beaucoup fait parler d’eux en laissant planer le mystère à la sortie de leur tube « Hurricane ». Loin de cette non-communication orchestrée, les deux acolytes rient aux éclats et se prêtent au jeu de notre interview avec une spontanéité déroutante. 

« Nous ne voulions pas trop nous dévoiler, afin que les gens puissent se focaliser sur l’écoute de la musique. C’est notre musique qui doit devenir célèbre, pas nous ! »

Comment êtes-vous arrivés à la musique ?

Lizzy :
La musique a toujours joué un rôle important dans ma vie. Ma première approche s’est faite, sans doute, par le biais de la danse. Il y a des vidéos de moi, toute petite fille, sur lesquelles on me voit déjà danser, faire des spectacles. Une relation amoureuse à l’adolescence m’a, ensuite, mené à traîner chez les disquaires tous les jours, accrochée au poste de radio. C’est également la période de mes premiers concerts. Puis, au collège, j’ai eu mon émission radio, et je me suis plus investie et intéressée à Vice Records et Domino Records. Mais la création est vraiment arrivée après l’école.

Max : Mon premier amour, c’est le piano. Ayant commencé à 4 ou 5 ans, la pratique de l’instrument a pris une place très importante dans mon enfance. Au lycée, j’ai découvert la danse moderne et après avoir été diplômé, je suis allé dans une école de danse à New York. J’ai monté un groupe de musique au lycée, c’était plutôt expérimental… En fait, j’ai décidé de faire de la musique car j’avais besoin de sons pour mes chorégraphies, mais je n’aimais pas ce que je trouvais. J’ai donc créé mes propres morceaux. Cela a été ma première expérience d’enregistrement. Et puis, j’ai rencontré Lizzy à l’université et nous sommes devenus très proches. Nous partagions ce goût pour la musique. Quand j’ai eu mon diplôme, j’ai décidé de continuer dans la création musicale et j’ai proposé à Lizzy de m’aider, puisqu’elle n’avait pas de groupe. Je me souviens de ce mail de réponse extrêmement torturé, dans lequel elle exprimait son angoisse et ses doutes à l’idée de se lancer… [Rires] 

Votre approche de la création musicale est donc très personnelle, avez-vous des influences directes ?

Lizzy :
Il y en a tellement ! Nous faisons partie d’une grande communauté de musiciens, donc nous avons des influences nombreuses et vraiment différentes. Nous mettons en commun les choses que nous aimons parmi tout ce que nous écoutons. Ceux qui n’auront entendu que « Hurricane » vont être extrêmement surpris en écoutant l’album. Chaque chanson a son univers : l’une va être plus pop, l’autre une ballade. On prend la musique comme elle vient, on ne peut pas vraiment dire qu’on a des influences concrètes, on prend seulement ce qui nous intéresse.

Max : Quand on commence à écrire, on ne se dit jamais : c’est ce genre de son que je veux faire… Chaque chanson est un projet séparé, que nous essayons ensuite d’harmoniser avec le reste. Et puis, nous écrivons énormément.

Lizzy : Nous ne nous mettons pas la pression pour la création. Nous composons et, parfois, nous ne gardons pas la chanson. On se sert de ce que l’on a appris de cet essai pour s’en servir sur une autre track.

New York est-elle une source d’inspiration ?

Lizzy :
Absolument ! C’est quelque chose de primordial pour nous d’être reconnus comme un groupe new-yorkais. En ce moment, il se passe vraiment quelque chose de génial dans la scène new-yorkaise. Et puis, la ville en elle-même est une source d’inspiration. Environ 80 % des chansons ont été écrites là-bas. Il m’arrive souvent de composer une mélodie en marchant, grâce à l’ambiance de la ville, de ce qui en dégage. J’ai mon portable, je me mets dans un coin calme et j’enregistre ce qui m’est passé par la tête. New York est une ville incroyable pour la création artistique ! C’est saisissant, une influence qui te fait sortir ce que tu as de meilleur ou de pire !

Max : Nous sommes influencés par tous ces artistes et amis très impliqués et talentueux qui nous entourent. Il y a une réelle énergie qui se dégage de cela : le fait de pouvoir discuter de tout, d’échanger les idées. Je crois beaucoup à l’opportunité d’évoluer dans cet esprit collectif, c’est une ambiance saine et épanouissante.

A ce propos, en tant que duo, comment travaillez-vous ?

Max :
Je produis et enregistre les instrus, quand Lizzy enregistre les voix et écrit les paroles. Après, c’est selon la chanson : c’est l’un de ses textes ou l’une de mes compositions qui nous lance. Les mélodies, nous les travaillons ensemble. Tout se fait dans une chambre. Cela n’en est pas vraiment une, mais cela en a la taille. C’est un studio, dans lequel il n’y a de la place que pour nous deux, le clavier, un ordinateur et un micro. C’est là, que nous avons composé toutes les chansons.

Lizzy : Cela dépend des chansons. Effectivement, nous avons souvent apporté nos deux inspirations, mais pour certaines chansons, Max m’a envoyé le son et j’ai écrit les paroles en suivant la musique.

Max : C’est très nouveau pour nous, cette expérience de studio. Ce sont les premières chansons que nous enregistrons à ce niveau. Et c’est très intéressant d’expérimenter cette façon de faire : modifier, moduler pour rendre le titre plus efficace. Hier encore, nous avons enregistré une chanson ; le résultat studio ne nous a pas du tout plu, alors que la chanson de départ était l’une de nos préférées.

Très attachés à New York, quel est votre rapport au Vieux Continent ?

Lizzy :
Nous sommes très contents d’être ici. C’est amusant d’ailleurs, parce que j’ai grandi près de Londres, et Max a vécu un peu partout, même si cela a principalement été aux Etats-Unis… Nous nous sentons très influencés par l’Europe. Surtout, par rapport à nos goûts musicaux, nous nous sentons un peu comme à la maison. Mais venir en Europe pour la promotion de notre musique, cela n’a rien à voir, on a l’impression de rêver ! C’est une vraie aventure. Nous sommes là pour parler musique, porter des fringues incroyables et faire des concerts… C’est tellement excitant ! J’étais anxieuse pour le concert au Point Ephémère car je craignais qu’il n’y ait personne… [Rires]. Et puis, il fallait que je fasse attention à ne pas trop sourire.

Pardon ?

Lizzy :
Oui, je souris constamment sur scène, j’ai beaucoup d’énergie et quand je chante une chanson triste sur une séparation ou un thème du genre : si je souris, cela ne marche pas…

Max : Ce qui nous rassure, c’est d’être accompagnés du groupe, nous nous sentons plus forts. Et puis, il y a une réelle synergie entre nous, je pense que cela se ressent.

À la sortie d’ « Hurricane », vous avez conservé le mystère autour de vous. Comment avez-vous abordé cette promo?

Max :
Internet a joué un rôle très important pour nous. Au tout début, nous avons envoyé notre musique à des blogs. Et, nous ne nous attendions pas à ce que la chanson soit ainsi reçue ! Nous avons eu de la chance car « Hurricane » est une très bonne introduction à notre univers. Mais, nous ne voulions pas trop nous dévoiler, afin que les gens puissent se focaliser sur l’écoute de la musique. C’est notre musique qui doit devenir célèbre, pas nous ! Et puis, le fait de ne pas trop en dire sur nous, permet que l’on prête la même attention à Max et à moi. C’est un projet commun, pas plus le mien que le sien. Je ne voulais pas que les gens se fassent des idées fausses.

Propos recueillis par Chloé Payen

MS MR, Candy Bar Creep Show (Columbia/Sony)
www.msmrsounds.com