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Karma Is (Not Always) A Bitch

Le karma, Angèle le connaît. Elle lui a même plus ou moins dédié son premier tube, « La Loi de Murphy ». Cadette du karma – un principe qui veut qu’à chaque action, il y ait une réaction égale et opposée à laquelle personne ne peut échapper – la loi de Murphy veut que tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal. Une sorte de destin fataliste qu’Angèle embrasse et déjoue avec beaucoup de second degré dans son premier clip tourné à l’occasion de la sortie du single en question. Angèle, c’est un peu Reese Witherspoon dans La Revanche d’une blonde en 2018. N’osez surtout pas la mettre dans une case de girl next door car même si sa jolie frimousse et ses yeux de biche sont trompeurs, on se rend rapidement compte que cette jeune artiste belge cache un caractère bien trempé derrière sa candeur apparente. « J’utilise l’humour dans n’importe quelle situation car il me permet de fuir les moments gênants et difficiles de la vie », confie-t-elle à notre rédactrice Marie Zawalich. « L’humour permet de se défendre de toutes les attaques ». Se défendre – et lancer des punchlines explosives – c’est la spécialité de Danielle Bregoli. Cette ado délinquante, tristement célèbre car huée sur le plateau télé du talk-show américain Dr.Phil en 2016, s’est construit une sacrée réputation dans le rap game sous le nom de Bhad Bhabie et ne cesse d’accumuler les singles et les featurings à succès du haut de ses 15 ans. On se délecte devant sa revanche prise sur Dr. Phil, un présentateur télé psychologue à ses heures perdues, qui, après l’avoir forcé à suivre un programme de rééducation, l’a réinvitée à son talk-show pour prendre de ses nouvelles. « Tu n’étais personne avant que je vienne dans ton émission », lance-t-elle à un Dr. Phil abasourdi. La palme d’or du karma positif revient néanmoins à Kiddy Smile. Kiddy, un des artistes en couverture de ce numéro, s’est confié à Alice Pfeiffer au sujet de son premier album One Trick Pony, à travers lequel il a repensé les idéaux, tout en mettant les notions de genre et de race au défi et en questionnant la manière dont la société dominante s’approprie ces sujets aussi variés que sensibles. « En France, on est toujours ramené à ses origines, rappelé qu’on n’est pas vraiment d’ici », nous confie-t-il, mettant ainsi une bonne paire de claques au racisme ordinaire dont il a souvent été victime. « Je suis grand, je suis gros, je suis pédé », dit-il à notre journaliste, qui re-contextualise ses paroles dans un pays dominé par le pinkwashing, la grossophobie et l’histoire aristocrate et coloniale. Quelques temps avant cette interview, il avait déjà défrayé la chronique en portant un T-shirt imprimé d’une phrase engagée pendant sa performance à l’Élysée pour la Tête de la musique : « Fils d’immigrés, noir et pédé ». Aujourd’hui, ces notions identitaires –  qui l’ont souvent desservi dans une société où l’on parle souvent de tolérance sans l’appliquer – sont plus que des simples revendications socio-politiques. Les pensées et actions de Kiddy Smile ont engendré une véritable force de frappe créative. Il s’agit là d’un retour de force auquel plus personne ne peut échapper. Ainsi soit-il.

Elisabeta Tudor 

Rédactrice en Chef