Jean-Paul Gaultier a fait roulé les tambours vendredi en annonçant sur les réseaux son dernier feu d’artifice, à savoir son dernier défilé haute-couture. Toujours injecté de cette fibre provocatrice, le créateur de 67 ans a convié la foule ce mercredi 22 janvier 2020 au Théâtre du Châtelet à Paris pour une grande fête qui promet d’être inoubliable. Pour les 50 ans de sa carrière, monsieur marinière compte bien emporter dans son arche de Noé déjantée tout l’esprit de sa maison de couture. Des invités plus amis que spectateurs, des mannequins spontanés recrutés sur un casting sauvage hétéroclite… Une belle révérence en somme à la haute-couture. Mais cette annonce n’est pas synonyme d’adieu: ” Ce défilé célébrant les 50 ans de ma carrière sera aussi mon dernier. Mais rassurez-vous, la haute-couture Gaultier va continuer sous un nouveau concept“. On en attendait pas moins de ce caméléon de la mode.

 

Découdre pour mieux coudre

Jean-Paul Gaultier a toujours posé des questions existentielles à travers ses créations. Qu’est-ce que le beau ?  Qu’est-ce que le laid ? Y a-t-il une frontière entre vulgarité et élégance? La masculinité et la féminité sont-ils des opposés ? Chaque défilé du créateur est un grand lavage de cerveau pour celui qui le regarde et place ce spectateur dans une réflexion inévitable. Face à cette fusion des esprits, des coupes et des matières, les corps se lèvent et les mains applaudissent vigoureusement quand monsieur Gaultier vient saluer la foule de son sourire mutin à la fin du show. Devant lui, un public déboussolé mais toujours ravi de l’expérience.

Récupérer, modifier, mélanger, voici les processus de sa création. Un grand brassage qu’il ne pouvait contenir dans la seule structure du prêt-à-porter qu’il abandonna il y a maintenant six ans. Son art débridé se prolongea à travers les musées, dans l’alcôve des cabarets, dans le sillage d’un parfum… Pour présenter ses créations, la maison redouble d’inventivité. On se souvient du corsage conique et iconique qu’il créa pour Madonna à l’occasion de sa tournée Blond Ambition en 1990. Une création hybride dont on a retrouvé les échos en 2018 lors du dantesque  ” Fashion Freak Show” du créateur. Une malléabilité dans ses créations qui présage un bel avenir pour la haute-couture à la Jean-Paul Gaultier. Un bon pressage qui se greffe sur le constant leitmotiv de cet éternel enfant terrible de la mode qu’il piqua à son mentor Pierre Cardin : ” Tout est permis, rien n’est définitif“.