D’un côté Jean Charles de Castelbajac pionnier de la pop culture mécène et collectionneur, de l’autre Jérémy Scott nouveau talent de la mode, designer provocant de pop stars et people. Deux personnalités qui ont su voir la mode de manière transversale, deux créateurs qui font dans l’avant-garde sans craindre l’absurde ou le ridicule. Que le match commence !
On pourrait étiqueter « le grand détournement » sur le travail de Jean Charles de Castelbajac. Passionné par l’art, la musique et les femmes, ce grand monsieur de la mode a su dès ses débuts poser sa patte sur chacune de ses créations. Avec une attraction persistante pour la couleur, les formes et l’hypergraphisme son travail peut-être considéré comme une véritable ode à la jeunesse. Il ne peut s’empêcher de détourner tout ce qui lui passe entre les doigts; des figures incontournables de la pop comme Andy Warhol à Michael Jackson, en passant par des idoles de notre enfance comme Bambi et Mickey tout en incluant legos et textures pelucheuses.
Artiste aux travaux protéiformes, Castelbajac a toujours conçu la mode comme un carrefour où se rejoignent les arts et la musique. Oubliées ses frontières spirituelles de la créativité, chez lui le fait même d’être un artiste pousse à la transversalité. Et c’est sans doute cette philosophie qui le pousse à repousser les frontières de l’absurde dont il se joue pour notre plus grand plaisir. Il vit la mode comme un véritable laboratoire d’expérience et se sert de la couleur pour déformer, réinterpréter des figures connues de tous. À l’instar de Schiaparelli, il a élevé la collaboration au rang d’art, ami des artistes et musiciens de Keith Haring à McLaren en passant par les talents d’aujourd’hui comme M.I.A, Crystal Castles, The XX ou encore Woodkid.
De son côté Jérémy Scott n’est pas en reste, souvent cité comme designer favori de plusieurs figures de la musique (Kanye West, Katy Perry), l’américain s’est lui aussi fait connaître par son attraction pour la pop culture. Couleurs primaires ou acidulées se mêlent sur sa palette pour édulcorer un univers où se côtoient autant les ours en peluches que des figures telles que Coca-Cola ou Bart Simpson, comme le prouve sa dernière collection. Ce qui permet de le rapprocher à une figure de la mode telle Jean Charles de Castelbajac, c’est aussi sa passion pour l’imperfection et son jeu du grotesque.
C’est sans doute ce qui lui a attiré les faveurs d’une pop star comme Lady Gaga mais explique aussi qu’il soit plébiscité par une marque telle qu’Addidas avec laquelle il a déjà collaboré à de nombreuses reprises. À sa manière il rend hommage à des objets du quotidien, du CD aux smileys en passant par la télévision sans oublier les sous-cultures comme il l’a prouvé avec sa dernière collection d’inspiration punk et grunge. Ce qui le démarque du designer français, c’est sans aucun doute son attrait pour le kitsch, et une recherche constante du too much.
Par Mélody Thomas