Alerte à tous les coeurs brisés : la chanteuse américaine Halsey vient de sortir son deuxième opus Hopeless Fountain Kingdom et il se trouve d’ores et déjà en top position des charts. Deux ans après son premier album Badlands, il s’agit là d’un véritable voyage onirique dans l’esprit vif de cette jeune femme qui se découvre. Plus introspectifs et intimistes que jamais, les 13 nouveaux titres de cet album parlent d’une seule et unique chose, la plus universelle qui soit : l’Amour avec un grand A. Pour notre numéro d’été nous avons rencontré Halsey à Los Angeles pour parler de Roméo et Juliette, du secret intime lié à cet album et bien évidemment de l’amour, what else ? Voici donc une preview de l’interview et de la série photos qui sont disponibles en intégralité dans notre nouveau numéro actuellement en kiosques et sur notre e-shop. Enjoy, team Halsey!
Ton nouvel album Hopeless Fountain Kingdom parle d’amour et d’intimité. Comment exprimes-tu ces sujets à travers les paroles de tes chansons ?
C’est la toute première fois que j’écris de vraies chansons d’amour ! Toutes les chansons de cet album en parlent. C’était dur pour moi car mes chansons jusqu’à présent, particulièrement sur mon premier album Badlands, parlaient beaucoup de mes émotions mais jamais d’Amour avec un grand A. En fait, cet album est dédié à mon ex. On s’est beaucoup aimés mais aussi mutuellement détruits d’une certaine manière… C’était une relation intense qui n’en finissait plus. Chaque fois que j’avais l’impression que c’était fini pour de bon, on finissait par se remettre ensemble pour finalement se quitter et ainsi de suite. Écrire sur l’amour, c’est une véritable introspection. De la même manière qu’il faut toujours deux amants pour former un couple, j’ai voulu narrer l’histoire du protagoniste et de l’antagoniste de cet album à travers les paroles de mes chansons. Par exemple avec le morceau « Sorry », je fais mes excuses envers toutes les personnes que j’ai aimées et que j’ai pu décevoir. La finalité de cet album ce n’est pas « la vie en rose » ou bien le « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », au contraire, c’est d’assumer qu’un amour, aussi beau soit-il, finisse par se terminer. Il faut garder espoir et aller de l’avant.
« Now or Never », le premier clip réalisé pour cet album, puise son inspiration dans l’esthétique éclectique du film Roméo + Juliette réalisé par Baz Luhrmann… C’était pas trop risqué de prendre une des plus grandes histoires d’amour comme cheval de bataille pour ton album ?
L’histoire de Roméo et Juliette me fascine pour son universalité, son aspect dramatique mais aussi pour la tension que cette histoire d’amour implique : l’idée de deux forces opposées, deux entités, deux familles qui font tout pour séparer ces amants et réduire leur amour à néant. D’une certaine manière, c’est à peu près ce que je ressentais pendant ma dernière relation d’amour, c’était comme si nous venions de deux mondes différents qui se heurtaient constamment l’un à l’autre, créant ainsi une tension mais aussi une passion insoutenable. Concernant l’esthétique du clip, le style à la fois poétique et fantastique de Baz Luhrmann me touche particulièrement et mon dernier clip « Now or Never » lui rend donc hommage.
On aimerait bien en apprendre plus sur ce Roméo à qui tu as dédié ton nouvel album…
C’était un de mes premiers amours dignes de ce nom. Nous nous sommes rencontrés bien avant mon succès et sommes restés ensemble environ quatre ans. Il a grandi avec moi et m’a vu évoluer également : la célébrité, ses atouts et bien évidemment le revers de la médaille. J’ai réalisé qu’il était mon point d’encrage pendant toutes ces années où j’ai commencé à faire de la musique sérieusement et à être connue. Donc le jour où tout s’est terminé, la réalité ne me semblait plus avoir aucun sens. Je me levais les matins en me demandant comment j’allais faire des choses simples comme choisir quoi manger ou comment m’habiller, sans son approbation, sans me voir dans le regard qu’il portait sur moi. Notre union était fusionnelle, je me voyais en lui comme dans un miroir – ce qui est terrible en fait ! – et j’ai eu beaucoup de mal à m’en défaire. J’avais l’impression qu’on se perdait l’un dans l’autre. D’où l’inspiration de Roméo et Juliette car, au final, ils s’aiment en se perdant l’un dans l’autre, jusqu’à en mourir. Et plus précisément : les armes, les bagarres sur la banquette arrière de la voiture, les courses-poursuites en voiture, les disputes dramatiques ainsi que le style grandiose et maniéré qui définit l’esthétisme cinématographique de Baz Luhrmann sont pour moi l’interprétation la plus onirique mais aussi la plus juste de la passion déchaînée d’un couple qui s’aime. C’est une grande et belle métaphore pour tous les moments cruciaux au sein du couple, y compris les moments de paix, de drame et inévitablement la fin.
C’est un défi pour toi de donner autant de ta propre personne ?
Pas vraiment car c’est pour cela que je fais de la musique. C’est un combat contre mais aussi avec moi-même. Quand j’apprendrai à aimer ma musique inconditionnellement, j’espère pouvoir m’aimer de la même manière et vice-versa. Mais c’est également le paradoxe du musicien qui s’expose à son public : les gens en général attendent d’être intimement liés à une personne de confiance avant de dévoiler leurs secrets les plus sombres. Or, en tant que musicien, ta mission est de te mettre nu face à ton public, de te rendre vulnérable face à l’inconnu, d’avoir le coeur sur la main à tout moment. C’est une forme de dévouement désintéressé et c’est certainement la plus belle déclaration d’amour.
Halsey – Hopeless Fountain Kingdom
(Universal Music / Astralwerks / Capitol)
crédit image de une
Veste en cuir: Philipp Plein
Boucles d’oreilles: Annelise Michelson
PHOTO : Natalie O’Moore
STYLE : Jake Sammis
DIRECTION MODE : Nicolas Dureau
DIRECTION ARTISTIQUE : Boris Zawodny