La 24ème édition de la Fashion Week d’Amsterdam est réputée pour sa volonté de mettre en avant les jeunes talents créateurs et Kaho To en fait partie. Cette collection s’inscrit dans la droite lignée du souci de la coupe du vêtement. Complexité technique et ambiguïté des émotions : le résultat était très excitant !

Le fil rouge de la prestation de Kaho To se déroulait sur la réinterprétation moderne et personnelle de l’emblématique tailleur. Exclusivement attachée aux silhouettes féminines, le créateur souhaite faire renaître de ses cendres le corps humain et les formes de la femme à travers cet unique vêtement. Sur une musique particulièrement angoissante, les mannequins défilaient en pantalon de soie rouge vermillon assorti d’un chemisier blanc brodé, en longue tunique dont les coupes multiples viennent se perdre dans le mouvement du corps, en pantacourt tricolore violet/blanc/bleu… L’asymétrie se révèle dans chaque vêtement comme une signature du talent de Kaho To.

Mais, le créateur est également remarquable dans la mise en scène des mannequins aux cheveux faussement sales et pas coiffés et qui se présentaient le visage blafard, extrêmement pâle et dépourvu de maquillage.

La deuxième partie de la prestation explore l’univers des zombies avec une succession de total looks noirs – tuniques avec un dos nu, pantalons larges, robes avec des brosses à balai intégrées, robes incrustées de confections qui rappelaient les branches mortes fripées et fragiles,….

L’espace et la structure qui entourent chacune des pièces sont ainsi déformées à l’infini et complexifiées au maximum. Les matières et les tissus choisis sont totalement innovants et improbables. Pourtant, ce détail stylistique vient plus que jamais légitimer l’excellence du travail artistique de Kaho To. Dans le souci constant de créer derrière ses collections une émotion et des sentiments, le jeune créateur, interne de la Edwin Oudshoorn, happe littéralement le public et c’est véritablement cette connivence qui l’inspire.