À ma gauche, Philippe Zdar, figure mythique de la « french touch », passionné de house. À ma droite,
Mark Ronson, DJ-star britannique biberonné à la « street culture ». Deux poids lourds de la production
contemporaine, deux personnalités bien distinctes. Get ready to rumble !

Paradoxalement méconnu du grand public hexagonal, le discret Philippe « Zdar » Cerboneschi est pourtant un frenchy fort courtisé des deux côtés de l’Atlantique. À la fin des années 1980, ce jeune savoyard fait ses classes d’ingé-son en tant qu’assistant/porteur de café dans un studio parisien branché où se pressent Serge Gainsbourg, Étienne Daho et Alain Delon. Au cours de la décennie suivante, Zdar se plonge dans les rythmes house et engendre coup sur coup les duos Motorbass et Cassius, lesquels deviennent vite des références de la french touch. Parallèlement, il fait opérer sa magie de producteur futuriste sur un certain nombre de pointures tricolores (MC Solaar, M), ou pas (Cut Copy, Bloc Party, Two Door Cinema Club). En 2009, il produit le Wolfgang Amadeus Phoenix du trio indie-électro-pop Phoenix, qui s’avère être un gros carton transnational. L’année suivante, Zdar s’est tenu très occupé puisqu’il travaille sur le second album des français Housse de racket, le dernier Beastie Boys, et surtout sur le It’s All True du mythique groupe de dance-punk new-yorkais The Rapture. Dernier énorme carton en date, I Love U So, par la suite samplé par Jay Z et Kayne West.

Si le producteur français se complaît dans une certaine forme de réserve policée, on ne peut pas en dire autant de son collègue britannique, Mark Ronson. Issu pour sa part de la culture DJ et hip-hop, celui-ci cultive un goût certain pour les belles fringues et la pose, et a sorti sous son propre nom des albums farcis de guests prestigieux, de Jack White à Sean Paul en passant par Nate Dogg . Son second LP Version (2006) rencontre un gros succès populaire au Royaume-Uni, sans pour autant occulter ses talents de producteur, lesquels contribuent au succès du Back to Black d’Amy Winehouse et s’illustrent dans une tripotée d’album sortis par des cadors de la pop : Lilly Allen, Robbie Williams, Estelle, Kaiser Chief. En 2010, Ronson produit le nouveau Duran Duran (il devrait réitérer l’expérience prochainement), ainsi que l’Arabia Mountain des garageux US Black Lips. Symbole de son prestige, il collabore avec Coca-Cola pour une super-pub à l’occasion des Jeux Olympiques 2012. Malgré son statut d’icône hypermoderne, son travail tend volontiers vers le pastiche suranné, comme le prouvent la soul rétro de Back to Black ou le son rock’n’roll fifties d’Arabia Mountain.

Par Thibault Goehringer