Si vous n’aviez jamais entendu parler d’Afterdrop, soit vous vivez dans une cave depuis plus de deux ans, soit vous-vous êtes toujours interdits de vous y intéresser de peur de craquer. Dans les deux cas, vous êtes foutus, on vous a eu. Parce que cette institution du streetwear parisien est en passe de devenir la plus prisée du paysage français. Des sneakers en édition limitée aux sapes et accessoires Bape ou Supreme… Chez Afterdrop les produits les plus exclusifs trônent fièrement sur les étagères en verre et le mur en briques blanches rappelant celles du métro de Paris. Parce qu’on est curieux, on est parti poser quelques questions aux fondateurs et à l’équipe de passionnés de la boutique du 19 rue Tiquetonne dans le 2ème arrondissement de Paris. Interview.

1/ Comment est née l’idée Afterdrop ?

Afterdrop a ouvert ses portes en 2017 mais le cheminement remonte maintenant plus ou moins à l’ouverture de la boutique Supreme à Paris. Tous baignés dans la culture « street » dans tout ce qu’elle englobe (graff / sneakers / skate …) nous-nous devions de ne pas manquer cet événement qui deviendrait plus tard le point de rencontre entre tous les membres d’Afterdrop. Nous sommes donc, à l’origine, une bande d’amis collectionneurs ayant admis que la revente faisait partie intégrante du cycle de vie des vêtements produits par des marques qui basent leur stratégie autour de ce fameux concept d’édition limitée.

Il existait depuis bien trop longtemps une économie du troc de streetwear en Europe au travers d’événement comme le Sneaker Event pour qu’aucun shop ne vienne encadrer ce réseau. La forme Dépot / Vente nous ait alors apparu comme une solution à ce problème. Le point fort de ce format de boutique, c’est le côté très communautaire qu’il implique : chaque particulier peut déposer un produit issu de collections limitées de marques streetwear triées en fonction de la demande et la tendance actuelle (Nike / Adidas / Supreme / Bape / Palace).

C’est donc sur cette base et avec la collaboration des fondateurs de la griffe TEALER que la boutique Afterdrop a pris place au 19 rue Tiquetonne dans le 2e arrondissement de Paris.

2/ Faire du ressell dans une boutique, c’est un peu loin de ce que vous faisiez à la base non ? J’imagine que les codes ne sont pas les mêmes ?

Finalement bien que les deux mondes puissent paraître différents ils se complètent parfaitement. Le fait d’être passé, par exemple, par quelques Sneakers Event nous a appris beaucoup sur ce business, tant au niveau connaissance du monde de la sneaker et du streetwear qu’au niveau logistique de commercialisation de ces produits exclusifs. 

3/ Etes-vous, vous-même des collectionneurs ?  

Oui, nous sommes tous, à la base, des consommateurs pris dans cette spirale de la street culture. Sauf que toutes ces pièces ont un certain coût. Il devient donc indispensable de se prêter au jeu de l’achat / revente / échange pour se constituer sa garde-robe. 

4/ Quelles sont vos plus belles acquisitions ?  

Hors boutique, il nous arrivait de camper en quête de paires ultra exclusives. C’est une chose qui nous a permis d’acquérir, par exemple, les Air Force One Vlone, une paire limitée à 14 exemplaires au monde et issue de la collaboration entre Nike et VLone, une marque de streetwear. Le plus gros dépôt en boutique est, quant à lui, une paire de Air force 1 mid C2H4, qui devrait sortir dans 2 ans. Celle disponible en boutique étant un sample de défilé.

5/ Vous êtes d’abord une bande de potes il me semble, comment vous êtes-vous rencontrés ?

A force de se côtoyer sur les camps de sneakers et listes Supreme, nous sommes devenus amis et aujourd’hui collègues de travail. 

6/ En quoi votre crew a fait la différence dans ce milieu si éclectique du resell ? 

La boutique est formée d’une équipe complémentaire aux compétences diverses. Chacun de nous étant passé par des parcours très différents (entrepreneurs / école de mode / commerce / design…) Le fait que nous ayons été amis avant d’être collègues nous donne une autre approche de tout ça et nous permet d’avancer dans un environnement de confiance et nous-nous efforçons de le faire ressentir à nos clients. Afterdrop parle aussi 6 langues.

7/ Vous ne vendez pas que des baskets, il y a des sapes aussi dans la boutique, comment les choisissez-vous ? Comment pouvez-vous être surs d’avoir affaire à de vraies marques et pas de la contrefaçon ? Il y a beaucoup de faux chez Supreme par exemple… 

Tout article présent dans la boutique est sélectionné selon les tendances et la demande du moment. L’idée n’étant pas de recréer un mini Sneaker Event mais plutôt un lieu où se mêle les plus gros hit (pièces de référence ayant eu un gros succès) et les anciennes collections afin de proposer aux clients une sélection pertinente. Il est vrai qu’ainsi, Afterdrop sert aussi de mini archive du streetwear actuel et de ces 5/10 dernières années. En ce qui concerne la contrefaçon, bien que la qualité de celle-ci se soit largement améliorée depuis le début du mouvement sneakers, de nombreux détails restent encore incorrects et, à nos yeux, facilement identifiables. Il nous arrive même d’effectuer des authentifications directement en boutique (Legit check). 

8/ Est-ce qu’il a été difficile pour vous de vous imposer dans un business qui se faisait principalement dans la rue ?

Difficile, oui et non. Il est évident qu’un client qui se rapproche de la source payera toujours moins cher avec tout ce que ça implique, le marché extérieur ne fournissant aucune garantie. Il est vrai aujourd’hui que le moindre achat peut impliquer une somme d’argent nécessitant un minimum de sécurité. L’expérience en boutique est alors ici un véritable atout face aux transactions en Event ou même lors de rencontre extérieure de type Leboncoin. L’accès ne serait-ce que visuel à un produit à priori inaccessible est un avantage non négligeable. 

9/ Parmi vos clients vous avez de grands noms de la musique comme Dj Snake, La Fouine ou Gringe, pour ne citer qu’eux, qu’est-ce qu’il viennent chercher chez Afterdrop ?

Pour toutes les raisons évoquées au dessus ; ces grands noms sont attirés par l’offre produit de la boutique et l’expérience client. Qui, sur Leboncoin / Vinted / etc, vous laisserait essayer une paire de Nike Off-White sans promesse d’achat ? De la même façon, l’offre internet est devenue, malgré tout, illisible dans un domaine ou les contrefaçons se multiplient. On peut donc comprendre que venir passer un moment, entouré de collectionneurs, puisse être un facteur rassurant pour le client.

10/ Sur Instagram, vous publiez souvent des photos de vos clients, c’est quelque chose d’important pour vous de les mettre en avant ?  

La communauté streetwear est au coeur du projet, certains utilisent Afterdrop comme point de vente, d’achat ou même de rencontre autour de cette culture. Instagram a toujours été la base de notre communication et prendre en photo les gens qui passent par la boutique est pour nous une façon de les remercier en faisant la promotion de leur compte sur notre feed. Sans les milliers de déposants que compte aujourd’hui le fichier vendeur d’Afterdrop, nous n’aurions surement pas une sélection si fournie. Merci à eux pour leur confiance. 

11/ Quels sont vos projets pour l’avenir ?  

Apres 2 ans d’ouverture Afterdrop tend à se développer. Après quelques boutiques éphémères au sein de gros points de vente comme Citadium ou Smets Luxembourg, 2019 devrait servir à assoir notre position de consignment français de référence. De nombreux projets sont à venir. Pour vous tenir au courant nous vous invitons à nous suivre sur notre page Instagram : @afterdropparis et pour les plus curieux nous disposons, depuis peu, d’une boutique en ligne basée sur les dépôts en boutique : www.afterdropparis.com.