Après un premier album auréolé de succès, « Come Back to Me », un single imparable qui a fait danser l’Hexagone et des tournées extensives qui l’ont emmenée un peu partout pendant deux ans, HollySiz revient avec un deuxième opus, Rather Than Talking, aussi dansant et nerveux mais plus apaisé, où sa voix domine.
La tournée a-t-elle influencé ce nouveau disque ?
Oui, énormément et à commencer par moi-même car lorsqu’on appréhende la scène au quotidien, la façon de chanter change, la voix étant un instrument très fragile. La scène m’a libérée de pleins de choses.
Ta façon de chanter sur ce disque semble plus fluide, plus coulée, tu as acquis une certaine facilité…
Il faut comprendre que certaines des maquettes qui ont donné lieu à mon premier album ont dix ans. Sur une telle période, on change énormément. Je n’avais pas spécialement besoin de légitimité sur le premier album mais il y a des choses que je n’osais pas faire, je n’étais pas totalement à l’aise. Les deux ans de tournées ont installé quelque chose dans mon corps de chanteuse, au-delà d’une auteure-compositrice. Je voulais que ma voix soit l’instrument principal du deuxième album, parce que l’utilisais mieux et parce que sur scène j’allais dans des directions que je n’avais pas encore envisagées auparavant. Le défi a été de trouver comment utiliser le mieux possible cet instrument capricieux. Dans mes compositions je me suis donc permis des choses que je n’avais pas osé jusqu’alors, comme chanter en voix de tête. Dans le premier album, il y avait un titre composé par Brigitte, c’est le seul où j’avais chanté comme cela, poussée par elles. Pour le deuxième disque, je me suis dit que je devais explorer cette possibilité. C’est bien plus assumé car la scène assoit quelque chose. Le fait que j’aie envie de mettre énormément de chœur sur ce nouvel opus : je fais les chœurs mais je suis également accompagnée de deux choristes dans l’esprit de l’époque de la Motown afin de soutenir mais aussi de différencier les voix. Il y a même des chœurs d’hommes sur l’un des titres. Je voulais que l’on sente qu’il y avait un collectif derrière moi.
« La scène m’a libérée de pleins de choses »
Tu aimes collaborer avec des gens que tu connais comme Xavier Caux ou Yodelice mais tu as aussi co-écrit avec d’autres…
Ce sont des gens qui font partie de ma vie aussi. Avec Owlle, on s’est rencontrées en festival et on a sorti nos albums presque en même temps, j’apprécie beaucoup son travail. On a vite sympathisé, on s’est beaucoup accompagnées sur l’écriture de nos deuxièmes albums respectifs avec nos périodes de doutes etc. Lorsque l’idée de collaboration est venue pour le deuxième album cela m’a paru évident de travailler avec elle. Quant à Adrien Gallo, on avait déjà collaboré avant. Pour Luke Jenner (de The Rapture), on est devenus amis avant de travailler ensemble et en fait je ne savais pas que j’allais travailler avec lui. On s’est rencontrés à Paris grâce à une amie, puis souvent revus lors de mon voyage à New York, on a longuement échangé sur la psychanalyse, la philosophie… Au bout de plusieurs mois, il m’a fait écouter son album solo, j’ai trouvé que c’était un cadeau de confiance, cela m’a permis d’oser lui faire écouter à mon tour ce que moi je faisais. Puis il m’a invitée à venir à son studio pour qu’on travaille ensemble, ce qui a donné un morceau à quatre mains de A à Z, paroles et musique, cela ne m’était jamais arrivé. La collaboration avec The Skins a été géniale aussi : on s’est rencontrés et on a fait le morceau le jour même dans leur studio de Brooklyn. Ils sont tellement décomplexés. Ils ont ingurgité toute la musique qui est venue à eux, ils l’ont digérée et ils en font quelque chose d’hybride : ils sont très rafraîchissants dans leur manière de composer la musique, ils essaient tout le temps.
Tu es partie à New York puis à La Havane, pourquoi ?
J’avais besoin de quitter Paris pour des raisons personnelles et professionnelles. Je ne savais pas ce que j’allais raconter après avoir passé ma vie dans un van pendant deux ans. Finalement, j’ai passé presque un an à New York. C’est une ville bouillonnante, vibrante, on rencontre des gens tout le temps, il y a toujours quelque chose à faire. Je n’étais pas entourée que de gens de la musique mais également de personnes issues de l’art contemporain, des danseurs, un jeune chef cuistot argentin venant d’arriver… Ça a été une année fantastiquement riche et inspirante pour moi.
Puis La Havane ?
Oui, La Havane que l’on retrouve clairement dans « Cuban Mood ». Cette ville m’a reconnectée avec la musique latine que j’ai énormément écoutée étant enfant. Mélodiquement dans les musiques latines il y a une manière de poser sa voix très différente de celle de la variété française. Et cela m’a reconnectée également avec un disque brésilien (et pas cubain) de Sergio Mendes intitulé Brasileiro, qui se trouve être le premier disque que j’ai eu dans mon discman. Ce voyage à La Havane m’a rappelé tout ce ui m’a toujours intéressée en termes de percussions – dans mon album il n’y a pas de batterie, par contre il y a des vraies percussions. J’ai fait appel à deux percussionnistes, un Cubain et un Allemand. Ça a été une vraie volonté de revenir à ces rythmiques. Je me souviens que ce que j’avais aimé dans les débuts de Neptunes et de Pharrell, c’était ce mélange de programmation hip-hop et de percussions super vivantes et parfois même brésiliennes. Ou encore Michael Jackson sur « They Don’t Care About Us » avec carrément une batucada en plein milieu. J’aime autant qu’il y ait des grosses guitares d’une part et d’un autre côté qu’il y ait une batucada.
« Ce voyage à La Havane m’a rappelé tout ce qui m’a toujours intéressée en termes de percussions »
Il y a aussi des morceaux plus calmes, c’est à ces moment-là que ta voix ressort le mieux et qu’elle est la plus chaude…
Oui, parce que je me suis apaisée moi aussi. Au départ, j’avais 25 morceaux et mon album aurait pu se faire avec piano, violoncelle, voix. J’ai eu cette envie-là à un moment donné. Mais en pensant à la scène, je me suis dit que j’allais être malheureuse : il fallait que je retranscrive dans l’album l’énergie que j’ai dans la vie. Sur certains morceaux, on a commencé avec piano-voix et on a terminé sur de la production très poussée. Au début, j’avais un peu peur d’être assimilée à toute cette vague de comédiennes qui font un disque entre deux films, je ne me suis pas laissée à la douceur car j’étais un peu énervée. Après un premier album et deux ans de tournée, cette fois je me laisse un peu plus aller à d’autres choses dont je m’étais éloignée.
Le pseudo c’était pour séparer le côté actrice de la musicienne ?
Oui, tout à fait. Cela m’a aussi permis pendant trois ans de faire des premières parties dans des salles pourries sans que personne ne sache rien et d’apprendre mon métier. Le fait d’avoir été actrice ne changeait rien au fait que j’étais chanteuse débutante. Je n’étais pas prête et je le savais. Je ne voulais pas qu’il y ait un intérêt pour un projet qui n’était pas mûr, je pense que je me serais cassé la gueule.
« La danse et la musique sont indissociables pour moi »
Quelle est ta perspective sur ta musique aujourd’hui ?
Déjà je n’ai pas arrêté d’écrire après avoir terminé le deuxième album. Ensuite, j’entrevois déjà comment emmener cet album sur scène. J’ai envie de continuer pour moi mais j’ai aussi envie d’écrire pour les autres, de plus en plus. Je ne peux pas donner de noms car je ne veux pas qu’ils l’apprennent ainsi mais pour l’instant j’ai plutôt écrit pour des femmes.
La danse semble aussi avoir une part très importante dans ce projet musical…
La danse et la musique sont indissociables pour moi. Les toutes premières années de ma vie, je les ai passées à une barre dans le but de devenir ballerine. Je rêvais de faire l’Opéra de Paris. La rigueur que j’applique un peu partout dans ma vie vient de là. La danse m’a aidée pour tout, ça devrait être remboursé par la sécu ! C’est tellement libérateur. Quand j’étais petite, les artistes me faisaient rêver, de Jackson à Liza Minnelli, en passant par Tina Turner. J’ai grandi avec cette idée-là. Même Stevie Wonder danse derrière ses claviers ! Pendant un moment, ça a été compliqué pour moi de rester derrière un micro pour enregistrer ma voix car je bougeais tout le temps, j’avais du mal à canaliser mon énergie.
À la différence de l’actrice qui agit selon la vision d’un autre, avec HollySiz la musicienne et l’artiste se retrouve partout, dans chaque phase créatrice du projet…
Oui, ce projet c’est moi à 100% : de la pochette avec mon écriture aux clips qui viennent de moi, etc.
HollySiz
Rather Than Talking
(Hamburger Records / Parlophone / Warner Music France)
MISE EN BEAUTE YVES SAINT LAURENT
Pour le teint : Touche Eclat All-in-One Glow B20, Touche Eclat n°2
Pour les yeux : Mascara Effet Volume Faux-Cils The Shock n°1, Couture Mono N°2 Toile et Couture Kajal N°1 Noir Ardent
Sur les sourcils : Couture Brow Blond cendré n°2
Sur les lèvres : Top Secrets Lip Perfector et Dessin des Lèvres n°22 Lip Lighter
Interview: Joss Danjean
Photos: Fiona Torre
Style: Nicolas Dureau
Maquillage: Miwoo Kim
Coiffure: Rudy Marmet
Assistante Photos: Maud Lecompte
Assistante Style: Pia Boullous