Max Baby nous attend dans les locaux de Savoir Faire en ce mercredi d’hiver parisien. Pour cause de salle occupée, nous débutons l’entretien sur le trottoir en compagnie d’une partie de son équipe. Un préambule au cours duquel, nous nous remémorons l’histoire de Savoir Faire. Max Baby vient tout juste de se montrer au grand public avec son premier EP d’une maitrise parfaite, Out Of Control, Into The Wall. L’auteur-compositeur interprète et producteur, se révèle à nous dans une simplicité déconcertante. C’est un homme d’une humilité rare, touchant et passionné. Max revient sur la conception de son premier EP. Plongeons dans l’univers Babyesque.

Un EP au son singulier, à l’image de son créateur

« C’était vraiment le but. J’ai dû laisser de côté des morceaux que j’aimais bien, mais je voulais… Mon idée, c’était d’arriver avec quelque chose de fort, un son, une couleur bien à moi. Même si ça signifiait sacrifier des morceaux qui auraient peut-être été plus forts ; De toute façon, ils sont écrits. Si le moment vient, je les sortirai. Mais l’essentiel pour moi, c’était d’avoir une vraie signature, une patte. Je ne voulais pas tomber dans le piège du producteur qui veut tout montrer. J’ai choisi de faire l’inverse, d’aller à l’essentiel. »

Six titres donc au tracklisting soigneusement choisi. « J’avais d’autres titres, en fait, ça faisait longtemps que je bossais sur des démos. Mais il y a eu un élément déclencheur : Trouble. C’est vraiment ce morceau-là qui nous a fait dire, avec l’équipe : « Ah, là, on tient quelque chose, c’est la direction à suivre ». À partir de là, on a construit les autres morceaux dans ce style. J’ai vraiment retrouvé le rock, ou en tout cas, ma vision de ce que je voulais être. »

 

 

« En fait, l’EP commence tellement fort que je me suis dit… Une petite pause au milieu, ça va faire du bien ». Cette pause se nomme All Over, une épopée musicale de 5’50. « C’était vraiment important d’inclure un morceau comme celui-là, parce que tout le reste de l’EP est très rock, avec une influence marquée des années 2000. Mais il y a une autre facette de moi, une énorme partie, qui est fan de Boards of Canada et d’Aphex Twin. Toute l’intro de synthé un peu étrange dans ce morceau, c’était ma façon d’apporter une touche différente, d’ajouter des éléments que je n’avais pas encore explorés. »

« Boards of Canada,  c’est une obsession et notamment à travers leur approche des petits sons, ces détails qui créent une atmosphère unique. D’ailleurs, c’est grâce à eux que j’ai acheté un MS-20 (Synthétiseur Korg, NDLA). Ce n’est pas évident de savoir quel matériel ils utilisaient, parce qu’ils n’ont jamais donné de concerts et partageaient très peu d’informations. Mais j’avais lu qu’ils utilisaient un MS-20 et aussi un SH-101 (Clavier Roland, NDLA) pour certains sons de lead et de basse. À l’époque, j’ai réussi à en trouver un chez Masterwave, une boutique à Pigalle. Depuis, c’est devenu un de mes synthés préférés, sans hésitation. »

« Ce morceau a beaucoup plus de synthés que le reste de l’album, où les guitares dominent, même si elles sont souvent très trafiquées. Là, c’était l’occasion de prendre le temps d’explorer des textures plus électroniques, des soundscapes planants. Ça m’intéressait vraiment de construire un morceau avec un vrai cheminement. Contrairement aux autres, qui sont plus directs et instantanés, celui-ci invite à se laisser porter. »

 

Analogique, hybride et audacieux

« Je ne voulais pas d’un projet sans limites, où tout part dans tous les sens. J’ai vraiment pensé ce disque comme si j’étais un groupe de quatre ou cinq membres : guitare, basse, batterie, clavier, et bien sûr, chant. C’était un peu le « playground » que je me suis donné. Ce qui m’a permis d’être beaucoup plus créatif là-dedans et d’aller à l’essentiel. »

« J’ai tout réalisé avec les instruments et le matériel disponibles dans le studio, en privilégiant une approche très analogique : bandes, consoles, et peu de plug-ins, sauf au mixage. Le studio où j’ai travaillé, qui était le premier studio de Magma, a ce côté hybride entre l’analogique et le numérique, ce qui donne un rendu unique. Mon ami Marcus Linon, qui m’accompagne depuis toujours, m’a aidé à tirer parti de cet environnement. »

« Dans certains morceaux comme Trouble ou Hardcore, j’ai cherché ce mélange entre vintage et modernité. Par exemple, j’ai passé des sons de 808 (TR 808 pour Transistor Rhythm boite à rythme de chez Roland, NDLA) dans des amplis et sur bandes pour obtenir une texture hybride, ni trop HD comme dans la trap, ni purement rétro. Pour moi, la technique fait autant partie de la direction artistique que les choix créatifs. »

 

Perfectionnisme à l’état pur

« En réécoutant l’EP, je remarque des imperfections. Je me dis : « Pourquoi j’ai laissé ça ? » Mais il y a aussi une spontanéité que j’aime. Par exemple, sur All Over, la batterie, c’est une première prise, complètement improvisée. Avec du recul, je trouve qu’il y a trop de breaks, mais c’est ce côté brut qui rend le morceau vivant. »

« En fait, cet EP est à l’opposé de mon approche de producteur. C’était comme une prise live avec un groupe, sans retouche. Et c’est peut-être ça qui lui donne cette énergie un peu folle, un peu différente. »

« Pour New Material, j’ai cherché à lâcher prise, à me désorienter complètement. Ça va te paraître bizarre, mais dans le studio, je faisais littéralement des tours sur moi-même pour arrêter de réfléchir. Je revenais à la synthèse, je prenais le micro en tournant et j’improvisais. C’est comme ça que le morceau a commencé. »

« Ce que je recherche, c’est ce moment où tu ne sais plus comment tu es arrivé là. Jack White dit qu’on est des antennes, qu’on capte quelque chose venu d’ailleurs, et je me retrouve totalement dans ça. En tant qu’artiste, notre rôle n’est pas tant de créer que d’attraper ces moments d’inspiration, ce signal, et de le transformer. »

 

© Aymeric Long

« Ce qui est fou, c’est qu’une fois un morceau terminé, je ne saurais pas expliquer comment il est né. Pendant ces instants, le temps devient élastique : est-ce que ça a duré des heures ou 30 secondes ? Peu importe. Notre seule responsabilité, c’est de capter et transmettre ce qui ne nous appartient pas vraiment. »

« Et pour y arriver, il faut lâcher prise. Chercher l’inspiration, c’est se perdre dans sa tête, et c’est souvent contre-productif. D’où cette idée de désorientation. »

« Aujourd’hui, je suis fier des retours sur l’EP. Quand je le réécoute, il me ressemble, et c’est rare : beaucoup d’artistes disent le contraire. Bien sûr, j’ai hâte de passer à la suite — certains morceaux sont prêts depuis des années — mais c’est fou : l’autre jour, dans le train, j’ai écouté l’EP comme un auditeur, du début à la fin, et je l’ai vraiment apprécié. Pourtant, après les longues phases de mix et de mastering, j’en étais presque dégoûté. »

« On m’a raconté que Kendrick Lamar travaillait sur le mix pendant le mastering, avec l’ingé son et la session ouverte à côté. Quand Albert Newton m’a dit ça, je me suis dit : « Merde, j’aurais jamais dû savoir, maintenant je vais vouloir faire pareil ». Mais c’est un piège : tu n’en finis jamais. À un moment, il faut accepter que c’est le maximum que tu peux faire à cet instant et que ça te représente. »

De l’EP à la scène : une énergie brute

Soutenu par la formule guitare, claviers-machines, batterie, Max Baby a cette énergie brute et cette aisance presque provocante lorsqu’il entre sur un plateau. « Au départ, je voulais vraiment que tout soit joué en live, mais ce n’était pas possible dans le contexte financier actuel. On me disait : “Il faut que tu sois deux, maximum ». Mais pour moi, un concert de rock sans batterie, c’était inconcevable. Tous mes morceaux sont enregistrés avec de vrais instruments, de vraies batteries, sans programmation électronique. Finalement, on a trouvé un compromis avec un trio, où seuls les synthés restent pilotés par des machines. Ça avait du sens pour moi. Pour garder une certaine liberté en live, on laisse des plages improvisées, tout en adaptant certaines parties pour ne pas être un copier-coller de l’enregistrement. Quand j’ai composé cet EP, je savais dès le début qu’il serait destiné au live, pas seulement au streaming et qu’il ne fallait pas  attendre que ça ‘streame’ pour commencer les concerts. Il fallait créer des rendez-vous avec le public, qu’il fallait le jouer en live de la manière la plus instinctive possible. Pour moi, le rock, c’est ça : jouer, chanter, crier, sauter dans la foule et aller chercher les gens. »

Max Baby @FGO © LFC

« Je voulais que ce projet ait une vraie identité. Si j’avais ajouté 14 000 synthés, des guitares acoustiques et des violons, ça aurait perdu son essence. J’ai donc posé les limites dès le départ, et je trouve ça passionnant de transposer cette vision sur scène. Aujourd’hui, je m’éclate en tant que frontman, ce qui est assez nouveau pour moi. J’étais plutôt dans l’ombre, mais je me sens de plus en plus à l’aise dans ce rôle, à partager cette énergie avec le public. »

En effet, la scène n’est pas un lieu inconnu pour Max. La semaine dernière, il a enchainé un live au Zenith avec la rappeuse belge Shay, sa release party et une after party. « C’était un bon échauffement. Je suis arrivé plutôt relax au Festival Ici Demain, mais jamais vraiment complètement, ça c’est sûr. Avec Shay, tu es au service d’une autre, tu n’as pas la responsabilité du show. Sauf que là, après, c’est toi qui es responsable. Ça change le point de vue. Mais c’était une sacrée journée, même sacrée semaine, franchement. Ça avait commencé en Belgique la semaine d’avant toujours avec Shai, ça c’était le premier. Et puis la préparation du concert, la Release, etc. C’était une semaine intense. C’était excellent. J’ai tellement kiffé. Là, si tu me dis, vas-y, on recommence. Je dis ouais, let’s go, vas-y, vas-y. On le refait. »

 

Un parcours autodidacte et passionné

Son seul apprentissage instrumental fut la batterie, qu’il fera entre 6 et 10 ans, « Ensuite, je me suis débrouillé seul. À 10 ans, j’ai commencé la guitare avec une vieille guitare classique qu’on m’avait offerte bébé. Elle avait des cordes manquantes à force de mes six déménagements, mais je l’avais accordée comme je pouvais, en tendant les cordes, sans savoir vraiment comment faire ».

« Je me souviens m’asseoir en tailleur près de la radio pour rejouer des morceaux. J’ai un peu l’oreille absolue. Mon premier souvenir, c’est le riff de L’Aventurier d’Indochine. Ma mère, en me voyant galérer avec cette guitare brinquebalante, a décidé de m’emmener chez Cash Converter à Bourges. Là, elle m’a offert ma première guitare électrique, Une guitare de merde que j’ai encore, qui est bourrée d’autocollants. J’avais aussi un petit ampli. Dès ce jour, à 11 ans, je n’ai plus quitté ma chambre pendant six mois. »

©  Julia Poncin

« Je m’aidais de magazines comme Guitar Part. Mais j’avais de mauvais réflexes : je jouais les accords avec les doigts à plat, je n’utilisais pas le médiator correctement, et je faisais tout avec le pouce mal positionné. Et j’étais un peu têtu. Ce n’était pas la première fois que je faisais ce genre de truc où je prenais des mauvaises habitudes, mais ça marchait d’une certaine manière. Je faisais beaucoup de skate à l’époque et pareil, j’avais un peu des habitudes bizarres. Je faisais des tricks, pas de la manière la plus déontologique qui soit. Mais ça marchait un peu. Un ami, qui prenait des cours de guitare à l’école de musique du village, a fini par me corriger. Il m’a appris à placer mon pouce derrière le manche et à tenir un médiator, même si je ne le tiens toujours pas « comme il faut ». »

« Ce changement a été dur au début, mais il m’a permis de progresser beaucoup plus vite. Avec le recul, ça me rappelle mes débuts en skate, où j’avais aussi des méthodes peu orthodoxes, mais qui fonctionnaient. »

« Faire marcher des machines, ce n’est pas jouer d’un instrument, mais sans le savoir, j’ai toujours un peu produit. À l’époque, j’avais acheté une pédale multi-effet Zoom pour guitare. Il nous filait Cubase (logiciel de production musicale, NDLA) avec. En la branchant à l’ordinateur, elle servait de carte son et de préampli. C’est comme ça que j’ai enregistré mes premiers morceaux. Il y avait un switch, j’avais un micro de bal du dimanche, du bled, tu vois. Et donc, je positionnais le micro pour capter batterie, caisse claire et kick, et je branchais directement ma guitare. Je chantais aussi, même si le résultat était médiocre. Mais pouvoir m’enregistrer et écouter mes morceaux, c’était incroyable ! Je partageais ça avec mes potes depuis ma chambre perdue en pleine campagne. Je ne comprenais pas le concept de production à l’époque, tu vois.  Je pouvais réécouter mes morceaux, c’était nul mais j’étais trop content. »

« Plus tard, j’ai eu un groupe plutôt pop, psychédélique un peu, mais c’était rock quand même. Ça s’est arrêté après une embrouille avec notre manager. À ce moment-là, je venais de signer en édition chez Because, alors que je sortais tout juste d’une école d’art en design graphique. »

 

La double casquette : artiste et producteur

La production arrive par hasard lorsque Because (label et éditeur, NDLA) lui propose d’écrire pour quelqu’un d’autre. « Je n’avais jamais fait ça, mais j’ai dit oui ». Le projet s’appelait Delv!s, un artiste belge. Ce fut une révélation. « J’ai composé, produit, arrangé, joué des claviers, des guitares et quelques basses. Mais pour la batterie et les percussions, j’avais engagé une musicienne. J’avais la folie des grandeurs, je me prenais pour Quincy Jones : j’ai même fait venir une section de cuivres. J’avais écrit une espèce de feuille de route, vraiment, avec des logos et tout. Je n’ai plus jamais ça. Mais vraiment, j’avais fait toute une description, avec les timetables et tout. C’était génial. On a enregistré au Greasy Studios toujours avec Marcus Linon. Et j’avais tellement kiffé, je me suis dit, « mais putain, c’est trop cool de faire ça aussi ». »

Il croise un soir au Silencio, Owlle (France Picoulet), une artiste du label Savoir Faire. « On a tout de suite accroché, comme si on se connaissait depuis des années. Sur un coup de tête, on est partis à la campagne pour écrire. De là, on est revenus avec trois morceaux qu’on a fait écouter à Alexandra Pilz Hayot, la cofondatrice de Savoir Faire (avec Manu Barron, NDLA)»

 

Trouver sa voix

Max Baby raconte comment il est arrivé dans le monde de la musique sans attentes particulières. « Pour moi, c’était un univers un peu inaccessible, car Savoir Faire était surtout orienté musique électronique. » Mais après un rendez-vous, France (Owlle) mentionne à Alexandra que Max fait aussi des morceaux en solo. « Alexandra me demande d’écouter, je lui fais écouter deux morceaux. Elle me dit que ce n’était pas mal et me demande de les lui envoyer. »

Deux semaines plus tard, un mail d’Alexandra le marque profondément. « Elle m’écrivait : « C’est vraiment bien. Est-ce que je peux les faire écouter à mes DA ? »Cette simple demande m’a touché, elle m’a montré qu’ils avaient une approche différente, plus respectueuse. » Ce moment devient décisif. « Si quelque chose se passait avec eux, je devais foncer. » Peu après, il rencontre son manager, Édouard Langé, une rencontre qui bouleverse sa trajectoire. « Être managé par Édouard a complètement changé ma vie. »

© Aymeric Long

« On a vraiment travaillé main dans la main avec Savoir Faire pour définir le projet. J’avais toute la liberté du monde, mais on creusait profondément chaque morceau ensemble, avec beaucoup de discussions et d’écoutes. Ils ont cherché à révéler ce que j’avais à dire, et je crois qu’on a réussi. Ça n’a pas été simple, car après des années à produire pour les autres, je ne savais plus vraiment quelle était ma voix. Trouver ça, c’était un processus. Mais une fois que c’était là, ça m’a semblé évident. »

« Ce qui est génial, c’est qu’Animal63 (label créé par Savoir Faire et Because NDLA) m’a poussé à faire émerger mes propres idées. Ils ne m’ont pas dirigé, mais ont cherché à tirer ce que j’avais en moi. Et franchement, je suis surpris de ce qu’on a découvert ensemble. C’est une manière de travailler hyper saine, complètement en phase avec qui je suis. Pas de réunions avec des choix tout prêts, mais un vrai travail main dans la main. Ils tenaient à ce que tout parte de moi, que je m’approprie chaque idée. Ça a été très dur au début : exprimer ce que je voulais, c’était flou, j’avais peur. Je savais surtout ce que je ne voulais pas, mais pas comment traduire ma vision. »

« J’avais passé tellement de temps à faire de la musique sans visuel que poser une image dessus, c’était hyper intimidant, parce que c’est pour la vie. Mais grâce à leur soutien, on a réussi, et je suis vraiment fier du résultat. C’est une équipe incroyable. »

 

De Hannah Jadagu à Clara Luciani

Le véritable tournant du producteur se dessine avec Aperture de Hannah Jadagu. « Je suis juste un accompagnateur. Tu vas voir, je pense que tout va avoir plus de sens au fur et à mesure. Mais le truc, c’est que moi, je me suis toujours considéré comme un artiste avant d’être un producteur, même si du coup, en solo, je n’avais pas sorti grand-chose. Et voilà, c’est le timing, la force et la vie. Les gens ne savaient pas vraiment ce que j’avais au plus profond de moi. »

Son rôle n’est pas seulement celui d’un producteur, mais aussi celui d’un créateur et d’un facilitateur. Il explique souvent participer à l’écriture des morceaux et souligne combien cette immersion dans l’univers artistique des autres lui apporte. « J’ai appris à garder une certaine distance, à avoir une vision extérieure que l’artiste n’a pas toujours, et à le pousser à révéler tout son potentiel. »

 

 

C’est cette approche qui le conduit à produire l’album incroyable d’Albert Newton, Twin Earth. Il ne s’arrête pas là. Sur Flashlight, deuxième EP des Please, il relève un défi similaire : « Ils sont venus en me demandant exactement ce que tu disais : dynamiter leur son et le surbooster. On a gardé leur vibe classique 70’s, mais en y ajoutant une touche plus osée, avec des sonorités plus ‘weirdo’. Je pense que c’est un peu plus énervé, un peu plus trash. On s’est vraiment éclatés à faire ça. »

Son implication se prolonge également sur l’album Mon Sang de Clara Luciani, où il co-produit quatre titres après avoir été introduit au projet par Albert Newton. Il raconte : « J’étais impliqué très tôt, ce qui a permis à Ambroise et Pierrick d’ajuster certaines directions. Pour Cette vie, j’ai composé le refrain en essayant de me mettre dans la peau de Clara. Quand j’ai reçu la démo, je trouvais qu’il manquait un vrai refrain. Avec un peu de culot, je leur ai dit : « Les gars, vous n’avez pas de refrain ». Ce qu’ils avaient était en réalité un bridge, et on l’a gardé comme tel ». Le moment clé vient lorsqu’il propose sa version du refrain au piano, « C’était un moment terrifiant : tout le monde était là, et j’ai dû jouer le refrain pendant qu’ils fredonnaient la mélodie. À la fin, Clara m’a regardé et a dit : « C’est super ! » Et c’est resté tel quel. »

Max Baby n’est plus simplement un producteur, mais un véritable architecte sonore, capable de repenser et de redéfinir des morceaux en trouvant la juste alchimie entre l’artiste et le son.

Et après ?

L’éclectisme musical de Max est ancré dans sa chair et son esprit. « J’adore la musique, sous toutes ses formes. Il faut arrêter de mettre des étiquettes comme « Max Baby fait du rock ». Non, je fais de la musique, tout simplement. Mon projet reflète qui je suis, mais j’aime tellement ça que je veux tout explorer. J’ai fait du funky, du rap, et bien d’autres styles. Le rock est mon premier amour, mais j’ai aussi grandi avec Supertramp, Stevie Wonder, Michael JacksonOff the Wall de Michael Jackson, par exemple, c’est un album qui me fait sauter partout. Les grooves, les batteries, c’est tellement puissant. J’aime le rock, mais pas seulement, et c’est important. »

© Clea Beuret

Il trouve drôle que son projet, désormais sorti, devienne une vitrine pour son côté producteur, un rôle qu’il n’avait pas anticipé. « Pour moi, c’était quelque chose de complètement séparé. Je ne voulais pas qu’on m’enferme dans une case, même si ça reflète quand même mon son. » Aujourd’hui, les choses se font naturellement. Il a appris à garder des moments pour lui, essentiels pour sa créativité. « J’ai la chance de choisir les projets sur lesquels je travaille. Je peux me concentrer sur des projets plus cohérents avec ma DA ou sur des choses vraiment intéressantes, voire un peu weird. C’est hyper motivant. »

Pour 2025, il espère sortir quelque chose, sans savoir encore si ce sera un EP ou un album. « J’ai déjà cinq ou six titres prêts, et les prochaines sorties seront encore plus alignées avec qui je suis. » Il prévoit aussi une playlist de tous les titres qu’il a produits.

Nous nous quitterons pour quelques instants avant de terminer la soirée avec Edouard Bielle et Albert Newton dans un set acoustique privé au cours duquel Max Baby, toujours d’une simplicité désarmante et touchante accompagnera ses amis.

 

Out Of Control, Into The Wall est disponible via Animal63.

En concert à  Rennes (Bars en Trans) le 6 décembre 2024 et à Paris (Hyper weekend Festival) le 26 janvier 2025.

 

 

Texte Lionel-Fabrice Chassaing.