Le songwriting raffiné et les compos ultra-riches de Please nous avaient déjà bien accrochés, mais rien ne vaut une bonne claque en live ! Direction la grande scène du Bosquet à Rock en Seine pour vérifier.

 

 

Et là,  une énergie élégante nous emporte direct ! Aristide, armé de sa guitare, Louis en mode machine de guerre derrière ses fûts, et Dylan qui débarque en survet’ Adidas, comme s’il venait tout juste de faire son footing. Pour ce show, deux renforts de choix : Andréas à la basse et Rémi aux claviers, parfaitement dans le mood. Rencontre.

Dylan : « C’est vrai, le survêt Adidas, c’est pour entrer en scène comme si c’était un match. On aime bien débarquer avec cette énergie, trottiner un peu, se plonger dans l’action. Louis avec son débardeur, ça fait partie du truc. Montre tes muscles ! C’est vrai qu’on est très minutieux en studio, on prend le temps d’affiner chaque détail. Mais en live, on veut tout bousculer, envoyer un max d’énergie ».

Le trio n’en est pas à son coup d’essai. Après des centaines de concerts, petits et grands, ils ont enflammé des salles comme la Boule Noire et la Maroquinerie. Ils ont tous laissé tomber des carrières prometteuses pour se consacrer à la musique : Dylan a quitté les finances, Louis l’aérospatiale, et Aristide les médias. « C’était la déprime assurée sinon », nous confient-ils. Un concert fondateur, alors élèves au sein de leur Collège, dans le 15e arrondissement de Paris, et des années de partage musical auront été plus forts.

 

© LFC

 

Aristide : « On vit dans le présent. On aura tout le temps plus tard pour monter une boîte de conseil ou calculer des trajectoires de missiles. Il y a des âges plus appropriés pour faire ça. Mais le rock, c’est maintenant ou jamais. Si je ne le fais pas maintenant, je serais trop con. Peut-être que je n’aurai pas de deuxième slot ».

Dylan : « On se donne la possibilité de vivre de la musique à plein temps et de voir jusqu’où ça peut nous mener. Rock en Seine, c’était déjà un rêve réalisé ». Aristide : « J’ai envie de dire cette phrase d’un grand homme… “On n’a qu’une vie, bordel de merde !” »

 

 

Un rêve réalisé, mais des ambitions plus grandes encore

Dylan : « On n’en parle pas souvent, mais on partage tous les trois des rêves bien précis, peut-être lointains, mais qui nous motivent à avancer et à rester concentrés sur notre travail ».

Aristide, entre humour et sérieux « on parle d’Olympia, on parle de Zenith, on parle de Coachella ». Une Cigale serait sans doute plus appropriée ? Aristide réplique : « Mais c’est pour faire la Cigale en tête d’affiche, en fait. C’est pour se mettre dans les conditions… Comme dit Oscar Wilde : “Vise la lune, tu atterriras dans les étoiles”. »

Cigale qu’ils partageront le 18 octobre dans le cadre du MaMA Festival.

 

© Hector Passat

 

 

 

Trouver l’équilibre entre énergie brute et élégance musicale

Ces boutades et plaisanteries occultent le travail acharné fourni par le trio. Aristide : « De toute façon, c’est simple. Soit tu attends que la chance te tombe dessus et que ton morceau explose. Tu peux attendre longtemps. Si ça n’arrive pas, tu as des regrets. Du coup, tu travailles et tu fais tous les bars du monde. Please, c’est le live et le disque. Les deux ne se ressemblent pas, mais les deux sont assez complémentaires. Il fallait travailler le live. Il fallait développer ça. Il fallait aussi développer notre son sur le disque. Et que les deux se rejoignent tout en restant complémentaires et dans l’essence du groupe ».

Louis : « On se demande souvent comment trouver l’équilibre entre énergie et élégance. Il faut éviter de trop vulgariser la musique tout en restant fidèle à ce qu’on a construit en studio. Il faut procéder par pallier. Le live, c’est encore autre chose, avec les visuels en plus. Le cerveau ne peut enregistrer que trois informations à la fois, donc il faut aller à l’essentiel ».

L’arrivée de cet incroyable nouvel EP Flashlight, composé de cinq titres aux réminiscences d’ Hall & Oates, marque un retour à l’énergie du live « avec une approche plus brute, presque musculaire, que nous n’avions pas encore explorée. En prenant du recul, on trouve que notre premier disque était trop mou, trop dispersé », explique Dylan. « On voulait quelque chose de plus tranchant, de plus affirmé. »

Aristide poursuit : « Avec plus de niaque. Il y a un peu de colère dans ce projet. Notre single Flashlight est un cri du cœur, un moment où on avait besoin de dire quelque chose, d’exulter, d’exorciser. Les chansons d’amour, on adore ça, et on en fera toujours. Mais là, on a cherché à apporter plus de profondeur, à durcir un peu le ton ».

 

 

Dylan ajoute : « On a voulu tester de nouvelles choses au niveau du son. Pour notre premier EP, on était très fidèles à nos influences 70’s, et on enregistrait en analogique. Pour ce nouveau projet, c’est plus hybride. On a toujours ce son analogique qu’on maîtrise bien, mais on a ajouté des traitements digitaux, comme un retour critique sur nos premières références, pour les bousculer un peu. D’ailleurs, on s’est entouré de Max Baby qui est un producteur et musicien ultra talentueux qu’on a rencontré une fois, un vrai rocker avec les cheveux qui tombent comme ça. Et c’est lui qui nous a proposé. Il nous a dit “putain, j’aime trop ce que vous faites. Est-ce qu’on peut pas bosser les morceaux ensemble ?” Il nous a apporté une folie sonore. Et nous a permis d’aller à l’essentiel en supprimant des couches, rendant ainsi le message plus clair ».

 

 

L’indépendance, une force pour définir leur identité artistique

Même si tout n’est pas autoproduit, le trio reste indépendant dans sa démarche. « Ce n’est pas par principe, c’est juste qu’on a l’habitude de tout faire nous-mêmes : l’image, le merchandising, la logistique, l’administratif », explique Aristide. « On a des éditeurs comme Microqlima et Universal, qui nous donnent un peu de moyens, mais on cherche un label “mortel” pour aller plus loin, surtout en vue d’un album ». Aristide ajoute : « On est prêts à s’entourer davantage. Travailler avec Max Baby a été une expérience enrichissante. On collabore aussi avec AEG sur nos lives depuis un an. On est ouverts à faire entrer d’autres personnes dans le projet ».

Dylan complète : « En fait, on s’est rapidement rendu compte que si on voulait rester fidèles à nous-mêmes dans tout ce qu’on produit, il fallait d’abord poser nos bases. C’est à nous de définir ce qu’on veut faire, de le formuler clairement. Ensuite, quand on s’entoure, les gens viennent parce qu’ils ont compris notre vision, pas pour nous imposer la leur. Ils ne disent pas “Tiens, ce serait bien si vous faisiez ça”, mais plutôt “J’ai compris ce que vous voulez dire et je veux vous aider à aller plus loin, à faire encore mieux”. C’est ce qui s’est passé avec AEG, et on est super contents de travailler avec eux. Par exemple, Rémi, qui est juste derrière la caméra, nous a découverts après qu’on avait déjà bien tourné. On avait fait pas mal de festivals comme Pete the Monkey, en démarchant nous-mêmes, en envoyant des mails, en faisant tout le boulot pour trouver des concerts. Et ils sont venus nous voir en concert. Ils ont compris qu’on voulait jouer beaucoup, qu’on cherchait des moments où le public est curieux d’écouter de la nouvelle musique, de ressentir ce qu’on veut transmettre. Tout s’est fait naturellement avec eux, parce qu’ils ont capté notre démarche. Quand on est arrivés avec notre proposition, ils étaient déjà alignés avec ce qu’on voulait faire. C’est ça qui rend notre démarche saine. Que ce soit pour AEG ou pour la recherche d’un label, on veut des partenaires qui reconnaissent ce qu’on a construit nous-mêmes : nos clips, notre musique, nos collaborations. Ils n’ont plus qu’à nous aider à accélérer les choses, à nous donner les moyens d’aller plus vite et plus loin. Mais nous, on garde notre signature, notre patte, dans tout ce qu’on fait ».

 

 

Un parcours forgé par des années de concerts et de persévérance

Aristide : « Quand tu fais de la musique en groupe depuis aussi longtemps, les choses ne se font pas du jour au lendemain. Nous, on a passé des années à jouer en live, reprenant des morceaux dans des bars, des appartements de potes, un peu partout. Alors, quand tu décides de lancer un projet avec une vraie identité, avec un message artistique, ça demande du temps. Il faut se laisser du temps, parfois en solitaire. Si on avait signé avec n’importe qui dès le début — et on en a eu l’occasion —, on n’aurait pas eu ce luxe. On a préféré tracer notre propre chemin, en se demandant : “Please (titre de leur premier EP, NDLA), c’est quoi ? C’est quel son ? Sur scène, ça donne quoi ? On est trois ? Cinq ?” Aujourd’hui, on commence enfin à toucher du doigt ces réponses ». Conclut Aristide.

Le parcours de Please témoigne d’un engagement sans faille, que ce soit sur scène ou en studio, avec cette volonté constante de rester fidèles à leur vision artistique tout en réinventant. Avec ambition, ils continuent de conquérir des scènes toujours plus imposantes, tout en gardant un pied solidement ancré dans le travail acharné qui les a menés jusque-là. « Le rock, c’est maintenant ou jamais », affirment-ils. Une philosophie qui, saura les pousser encore plus loin.

 

Flashlight est disponible via Good Manners Records.

En concert à Paris (Cigale) le 18 octobre MaMA Festival et 3 octobre à l’Olympic Café, Release Party.

 

 

Texte Lionel-Fabrice Chassaing