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À l’occasion de la sortie de son nouvel album Sad Generation ce 21 mars, Ben l’Oncle Soul revient avec une œuvre introspective où blues, soul et reggae se croisent harmonieusement. Rencontre avec un artiste en perpétuelle évolution.
Sad Generation, un titre intrigant. Quelle histoire veux-tu raconter avec cet album ?
Il faut toujours un truc accrocheur, mais au-delà de ça, c’est surtout mon amour pour le blues qui transparaît. Même sur des morceaux joyeux, il y a toujours une mélancolie de fond. Je crois que notre génération a vite compris que certaines choses n’allaient pas, mais on s’accroche au positif. C’est cet équilibre entre tristesse et espoir que j’ai voulu capter.
Musicalement, on retrouve du gospel, du doo-wop, du reggae… Comment as-tu travaillé cette fusion sonore ?
Franchement, je surfe ! Je passe d’une ambiance à une autre. Cette fois, j’ai bossé avec deux nouveaux réalisateurs avec qui je n’avais jamais travaillé. J’ai laissé entrer leurs influences, et l’alchimie s’est faite naturellement. J’assume de plus en plus la diversité de mes inspirations, ce que je cloisonnais un peu avant par peur de me perdre. Aujourd’hui, les codes ont explosé : on peut passer de la chanson française à un gros son sans problème.
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Tu as collaboré avec un tandem de producteurs-multi-instrumentistes, Bastien Cabezon et Amarah. Comment s’est passée cette rencontre ?
On se respectait déjà à distance ! Bastien, par exemple, avait participé à mon album Addictive. J’avais demandé aux internautes d’envoyer des sons, et son morceau The Best m’avait bluffé. J’ai reçu 300 instrus et c’est le sien qui m’a marqué. Il est batteur, et moi, le rythme, c’est ce qui me fait vibrer. Si tu joues de la batterie dans une pièce, j’aurai instantanément envie de chanter.
Comment sais-tu qu’une chanson est terminée et prête à être partagée ?
C’est totalement subjectif, mais je dirais… quand on est content ! Être indépendant me permet d’aller au bout de mes idées. Si un morceau ne me plaît pas, je ne le sors pas. Sur cet album, j’ai parfois enregistré cinq ou six fois le même titre jusqu’à ce que ma voix sonne parfaitement.
Ce projet marque-t-il un tournant dans ta carrière ?
On en reparlera… rires. Mais oui, j’ai beaucoup d’attentes. Mon objectif, c’est d’atteindre un public plus large, de tourner à l’international tout en remplissant les salles en France. Une tournée européenne est en train de se dessiner, et c’est super excitant.
« Je travaille comme un artisan de la musique »
Depuis 2010, comment décrirais-tu ton évolution musicale et personnelle ?
J’ai gagné en maîtrise et en nuance, surtout dans ma voix. Avant, je cherchais les vibes, maintenant je les laisse venir à moi. Dans l’écriture aussi, je vois plus de continuité entre mes morceaux. J’aime construire un fil conducteur sur chaque album, tirer une ligne jusqu’au dernier titre, pour ensuite passer à un autre projet.
Tu as créé ton propre label Enchanté. Pourquoi ce choix de l’indépendance ?
C’est la vie qui m’a amené là. Avec les grandes maisons de disques, il y a trop de turn-over, tu deviens un numéro. En tant qu’indépendant, je travaille à mon rythme, sans contrainte. Je me vois comme un artisan de la musique : je façonne mes morceaux, je prends du recul, et je les sors quand je suis satisfait.
Si Sad Generation était une recette de cuisine, quels seraient ses trois ingrédients ?
Il faudrait de l’amertume, du sweet et du floral. Je dirais… un flan caramel ! L’amertume du caramel, la douceur du flan, et la vanille pour relever le tout.
« Monter sur scène le jour de la sortie, c’est un vrai défi ! »
Après plus de 150 dates à l’international, ressens-tu encore le trac ?
Oh oui, surtout là, parce que tout est nouveau : le projet, l’équipe, le pianiste Fred Dupont, les choristes… Et puis, pour la première fois, je vais consacrer toute la première partie du concert au nouvel album. C’est challengeant, car le public attend des classiques comme Soulman, mais j’ai envie de leur faire découvrir ce que j’ai vécu en studio récemment. Et puis, on commence la tournée le soir même de la sortie de l’album, à Rueil-Malmaison. Ça va être intense !
Comment ressens-tu l’énergie du public aujourd’hui ?
Ça dépend énormément du lieu : une salle de concert, un théâtre, un festival… Mais en Espagne et en Hollande, c’est toujours le feu ! Et dans le sud de la France aussi.
Quel regard portes-tu sur la scène soul en France ?
Je ne sais pas trop pour la soul, mais en R&B, voir Monsieur Nov exploser me fait super plaisir. C’est un mec avec qui j’ai commencé, il n’a jamais lâché, il s’est toujours remis en question… Sa longévité force le respect.
Un son que tu écoutes en boucle en ce moment ?
Never Knew Love, de Sasha Keable.
« J’ai retrouvé dans la musique tout ce que je cherchais dans la peinture. Le studio, c’est mon atelier. Jouer en festival, c’est comme exposer en galerie. Et ma voix, c’est mon pinceau. »
Si tu n’avais pas été musicien, qu’aurais-tu fait ?
Je voulais être artiste peintre ! J’ai fait les Beaux-Arts, et je m’imaginais comme un Van Gogh ou un Matisse. Peut-être que j’aurais fini prof d’arts plastiques…
Et tu continues à peindre ?
Non. J’ai retrouvé dans la musique tout ce que je cherchais dans la peinture. Le studio, c’est mon atelier. Jouer en festival, c’est comme exposer en galerie. Et ma voix, c’est mon pinceau.
Si tu pouvais donner un conseil au toi de 2010 ?
Je lui dirais juste : « Continue comme ça ». Je n’ai aucun regret sur mon parcours. Peut-être que ce serait même lui qui me donnerait des conseils aujourd’hui… (rires).
Ben l’Oncle Soul nous livre un album sincère, où les émotions s’entrelacent avec une liberté musicale assumée. Avec une tournée qui débute dès le jour de la sortie, il nous prouve qu’il n’a rien perdu de son envie de partager et de surprendre.
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Sad Generation est disponible via Enchanté. En tournée et concert à Paris (Elysée Montmartre) le 19 novembre 2025.
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Texte Samantha Kiangala
Image de couverture Guillaume Landry