Au cœur d’une programmation très dense, grimes a tenté de faire vibrer le public de Rock en seine avec son électro dark et fofolle. Un pari à moitié réussi qui laisse, cependant, entrevoir de belles promesses.
Petite fée grimée en fille branchouille et déglinguée, Claire Boucher, aka Grimes, débarque surexcitée sur la scène Pression Live de Rock en Seine. Aux premiers rangs, hipsters et fluo kids sous Coca light exultent quand elle lance sa pre- mière boucle électro, accompagnée d’un beat hypnotisant. Sur scène, l’artillerie est très minimale : un clavier, des petites machines à bidouiller pour Grimes et un pad de batterie électronique pour son compère, gus étrange qui passera le concert à toiser la foule. Mais, on comprend, à l’arrivée d’une troisième tête, un danseur à la crinière blonde et au déhanché sous speed, que tout cela est pensé pour créer un contraste amu- sant. Dès les premiers morceaux, on constate que Grimes n’a pas froid aux yeux et qu’il lui en faut plus pour être impressionnée. Sautillante, souriante, la jeune Canadienne semble prendre un plaisir fou. Pourtant sa musique ne prête pas forcément à l’hystérie. Son dernier album, Visions, qui l’a consacrée, versait dans l’électro léthargique et vicieuse, sur fond de prêches mystiques. D’ailleurs, les liens entre Grimes et Björk se tissent avec d’autant plus d’évidences sur scène, notamment dans la manière qu’a la Canadienne de moduler sans cesse avec sa voix, quitte à perdre le fil conducteur imprimé par ses machines en roue libre. Car force est de consta- ter que cette musique singulière ne se prête pas spécialement (du moins, pas encore) au live en festival, et que malgré sa bonne volonté, Grimes a du mal à éviter la case « ennui ». Entre fulgurances et passages à vide, le concert de Grimes laisse quelques regrets, mais aussi de beaux espoirs. En espérant recroiser sa route dans un club moite et sombre.
Paris, 24 août 2012, Festival Rock en Seine / Par Boris Cuisinier / Photo_Chloé Nicosia