Nous avons rencontré Greentea Peng dans son hôtel parisien. Véritable icône de la mode et de la musique, elle est là pour annoncer la sortie de Tell Dem It’s Sunny, son dernier album. Avec son style unique et son univers artistique inimitable, elle nous confie sa vision d’une musique instinctive, libérée et honnête.
Chansons puissantes, voix envoûtante, aura de diva : Greentea Peng s’impose comme l’une des grandes artistes de notre époque. Suivant son propre chemin, elle avance sans pression, portée par son intuition et ce qu’elle appelle son grip.
Elle vient tout juste de dévoiler Tell Dem It’s Sunny, un nouvel album lumineux et rempli d’émotions. Fidèle à son essence tout en se réinventant, c’est sans doute son projet le plus introspectif à ce jour. Devenue maman et marquée par des épreuves qu’elle partage à travers sa musique, Greentea Peng continue d’évoluer, surprenant son public avec des créations vibrantes et inspirées. Une artiste en perpétuelle métamorphose, dont le voyage ne fait que commencer.
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Bonjour ! Comment vas-tu aujourd’hui ?
Je suis malade, donc j’ai connu mieux ! (Rires.)
Londres est une ville remplie d’influences, comment a-t-elle influencé ta musique ?
Londres m’a énormément influencée en tant qu’être humain et a donc naturellement aussi influencé ma musique. C’est un endroit très diversifié, très ouvert à tout le monde et à tout. Il y a une certaine liberté dans la musique, il n’y a pas de règles. Je suppose qu’il n’y a pas de règles dans l’art de toute façon, mais il faut juste cultiver sa personnalité.
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Et à Paris, quelle énergie ressens-tu ?
Je pense que c’est un peu chaotique, comme à Londres. Mais je ne connais pas très bien Paris, je suis venue deux ou trois fois pour des allers retours et là j’ai été coincé à l’hôtel ces derniers jours. J’ai vécu ici quand j’étais enfant, pendant un petit moment, mais je n’ai pas beaucoup de souvenirs. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’explorer les endroits locaux, de m’asseoir dans des cafés sympas et de me promener, donc j’espère qu’un jour j’aurai plus l’occasion de le faire.
En tant qu’auteur-compositeur-interprète, comment décrierais-tu ton processus de création ? Par où commences-tu habituellement ?
Ma musique vient de beaucoup d’émotions fortes et complexes. Elle est inspirée par la vie et mon environnement, mais surtout par mon interprétation de celui-ci. C’est pour cela que j’aime bouger et rencontrer beaucoup de gens différents et faire pleins des choses. C’est aussi la raison pour laquelle il me faut parfois plusieurs années entre chaque projet, tout simplement parce que j’ai besoin de vivre et d’expérimenter. Et d’ensuite traduire ces expériences en musique.
« Man Made, par exemple, est un album politique, fait à une époque politique et spirituelle. Mais je ne sais pas si je pourrai refaire un autre album comme Man Made maintenant, cela prend beaucoup d’énergie, et je veux être authentique à moi-même. »
Tu es une personne assez engagée, notamment sur les réseaux sociaux. Comment arrives-tu à traduire cet engagement dans la musique ?
Ma musique vient de l’esprit, et les choses qui me tiennent à cœur et dans lesquelles je suis engagée se retrouvent dans mon art. Ça ne veut pas dire que chacune de mes chansons parle des droits de l’homme non plus. Mon nouveau projet est assez introspectif, je parle beaucoup de mes propres problèmes. Mais bien sûr, quand c’est le moment de dire quelque chose, je le fais. Man Made, par exemple, est un album politique, fait à une époque politique et spirituelle. Mais je ne sais pas si je pourrai refaire un autre album comme Man Made maintenant, cela prend beaucoup d’énergie, et je veux être authentique à moi-même. Je ne veux pas que ce soit juste pour prêcher, je veux être honnête.
Penses-tu que c’est important pour un artiste d’aborder ce genre de thèmes ?
Je ne pense pas que quiconque doive faire quoi que ce soit. C’est juste la façon dont nous choisissons de nous comporter et de nous montrer dans cette vie qui est importante. Je suppose que certaines personnes sont engagées politiquement et touchées par les injustices sociales, mais si vous n’en faites pas partie, il ne faut pas faire semblant. Personnellement, je n’ai pas le choix. J’ai toujours été quelqu’un d’engagée politiquement, j’ai toujours été comme ça depuis mon enfance, c’est naturel pour moi. Je ne le forcerais pas, et je ne pense pas qu’il soit de la responsabilité des artistes de faire quoi que ce soit de particulier, à part s’exprimer, comme ils le sentent.
Tu es une artiste dotée d’une grande aura. Dans tes chansons, tu abordes parfois des sujets profonds, mais aussi ta façon de voir les choses. Quelle est ta relation avec la spiritualité ?
Bonne question. Je dirai qu’elle est toujours en mouvement. Depuis mon enfance, j’ai toujours été très intéressée par Dieu, la création, le tourbillon social, etc. C’est une relation très personnelle, comme c’est le cas pour tout le monde. Je m’y enfonce de plus en plus au fil des ans, parfois, je me désaligne et je m’oublie, puis je reviens. C’est en constante évolution. C’est un voyage à l’intérieur de nous-même, et je suis définitivement sur le chemin.
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Il existe différents moyens de débloquer certaines parties de notre cerveau, différentes substances qui nous emmènent dans des endroits auxquels nous n’avons pas toujours accès. Est-ce que cela t’aide dans ta créativité ?
Je pense que c’est quelque chose qui a aidé ma créativité, mais plus maintenant. C’est sûr que ça m’a permis d’explorer certaines parties de mon cerveau, de ma psyché et de mon esprit qui n’auraient peut-être pas été explorées sans ça. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Je suis mère maintenant, donc c’est différent. Mais oui, cela a joué un rôle dans ma vie, c’est certain.
Tu viens de sortir ton nouvel album dans lequel tu partages beaucoup d’émotions et d’états d’âme. Que peux-tu nous dire sur le processus d’écriture de cet album ?
Oui, je suis passée par des montagnes russes émotionnelles. Il a été réalisé sur une période de deux ans où j’ai vécu beaucoup de grandes transitions. Et je pense qu’il reflète assez bien tous ces différents enjeux.
Il y a des chansons sur l’amour, comme Row and Stone Store, et cette phrase « Et m’aimer est étrange / Peut-être que je n’ai pas les outils pour gérer l’amour de toute façon ». Penses-tu que pour être bien en amour, il faut être bien avec soi-même ?
Oui, bien sûr, je ne pense pas que l’on puisse aimer vraiment quelqu’un de manière inconditionnelle tant que l’on ne s’aime pas soi-même de manière inconditionnelle. Je suis d’accord avec cette affirmation.
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Et puis il y a Glory, une chanson de manifestation ?
Oui, tout à fait. Le fait de me projeter dans un avenir plus radieux est quelque chose qui m’aide et que j’aime transposer dans mes morceaux.
L’intro et l’outro, sont deux sons avec une identité différente du reste de l’album. Quelle était l’idée derrière ces deux chansons ?
C’est juste une free flowing jam que nous avons eu à Bali quand nous étions en tournée et ça semblait être le point d’entrée et de sortie parfaits pour l’album. C’est comme entrer dans le rêve, dans le voyage et ensuite quitter le voyage de la même manière que l’on en est entré. La boucle est bouclée.
Maintenant, que tu as plusieurs années de carrière derrière toi, comment décrierais-tu ton évolution musicale pour ce nouvel album ?
Je pense que je suis beaucoup plus dans ma puissance pour cet album. Que ma voix est plus forte. J’ai essayé d’affiner mon art, et évidemment, c’est un processus d’affinage sans fin. Mais je dirais que je suis plus confiante dans ce que j’apporte à cet album. Je suis ouvert à l’expérimentation et à d’autres choses. Je pense que nous évoluons toujours en tant qu’humain et là, je sens que j’ai franchi la prochaine étape de l’évolution.
Es-tu impatiente de jouer ton album sur scène ? Comment comptes-tu lui donner vie ?
Oui, je suis très excitée. J’ai répété avec un groupe. C’était incroyable. J’ai hâte de jouer ce nouveau spectacle, car j’ai l’impression de jouer le même depuis longtemps. Mais il y a tellement de musique, je crois que j’ai plus de 60 sons. Il faut donc faire un choix et il faut évidemment trouver un bon équilibre, tout en conservant les anciens morceaux que les gens veulent entendre. C’est un vrai défi quand il s’agit de concevoir le spectacle, parce que nous aimons toutes les chansons. Mais je suis très impatiente.
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As-tu un rituel avant de monter sur scène ?
J’aime être seule. J’aime faire un peu de méditation et juste être tranquille. Une petite prière et c’est tout.
Parlons un peu de mode ! En tant que femme, c’est inspirant de voir une autre femme comme toi qui s’habille pour elle-même et qui ne semble pas se soucier de ce que la société nous dicte. Il est évident que tu t’exprimes à travers tes tatouages, tes bijoux, etc. Est-ce que c’est quelque chose de naturel pour toi ou est-ce que ça a évolué ?
C’est vraiment quelque chose de naturel. J’ai toujours porté des vêtements extravagants depuis mon plus jeune âge. Quand j’étais enfant, je ne laissais pas ma mère m’habiller et je sortais avec des tenues ridicules, mais ma mère me laissait m’exprimer. J’ai toujours été très attachée au style et à l’expression de ma personnalité à travers le style. Je ne me décrirais pas comme étant à la mode, mais je me décrirais comme étant stylée, c’est certain. C’est vraiment l’une de mes formes de communication et d’expression avec l’extérieur préférée. J’adore m’habiller.
« Quand j’étais enfant, je ne laissais pas ma mère m’habiller et je sortais avec des tenues ridicules, mais ma mère me laissait m’exprimer. J’ai toujours été très attachée au style et à l’expression de ma personnalité à travers le style. »
As-tu un conseil à donner ? Pour les femmes qui sont toujours coincées dans les codes la société ?
Il faut juste s’exprimer de façon authentique,. Ne vous inquiétez pas de ce que les autres pensent. Les gens vont vous juger de toute façon, donc faites ce qui vous fait du bien.
Tu vas toujours dans les friperies ?
Oui. Je ne fais que ça. La seule chose que j’achète neuves, ce sont les lunettes de soleil. J’ai un petit problème avec les lunettes de soleil, mais oui, tout. Même mes bagues. J’adore les histoires, les métaux précieux, et les choses brillantes.
Si tu as l’occasion de créer une bande sonore pour un défilé de mode. De quelle marque s’agirait-il ?
Je ne suis pas vraiment la mode. La seule marque que j’aime est une marque britannique, Maharishi. Donc je ne sais pas qui je choisirais. Je ne connais pas beaucoup de marques. Je le ferai, mais cela dépend de la marque, et si c’est une marque éthique. Car je ne suis pas d’accord avec l’éthique de beaucoup de ces marques, c’est pourquoi je n’ai pas tendance à les acheter.
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Dernière question, que peut-on te souhaiter pour 2025 ?
Partager ma musique le plus possible, mais aussi pour prendre du temps pour moi et me reposer. Avec ma fille, j’éteins le téléphone, les courriels et je me repose et ça me fait du bien. Je veux prendre le temps de reconnaître le travail que je fais, je pense qu’il est facile de continuer à penser à la prochaine chose que l’on va faire, sans s’arrêter. Mais il faut être gentil avec soi-même et se féliciter. Mais je ne suis pas douée pour l’orgueil et tout ça. Et j’ai l’impression que tout est l’œuvre de Dieu de toute façon. Mais prenez un peu de temps quand même.
Tell Dem It’s Sunny est disponible via AWAL/Sony Music Entertainment.
En concert à Paris (Le Trianon) le 20 mai 2025
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Texte Charline Gillis
Photo en couverture William Spooner
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