/
La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.
LORDE – WHAT WAS THAT
Lorde, icône néo-zélandaise de la pop, signe un retour très attendu avec What Was That, premier single dévoilé le 24 avril 2025 et prélude à un nouvel album ectasique annoncé pour cette année. Après une pause remarquée depuis Solar Power (2021), la chanteuse avait déjà fait sensation l’été dernier lors d’un duo survolté avec Charli XCX à Coachella, où elles avaient interprété ensemble leur hymne pop à la féminité Girl, so confusing. Révélée en 2013 avec l’album Pure Heroine et le tube planétaire Royals, à tout juste 17 ans, Lorde s’est imposée par sa capacité à capturer les tourments adolescents sur des productions minimalistes et percutantes. Son deuxième opus, Melodrama (2017), acclamé par la critique, l’a consacrée reine d’une pop introspective et lumineuse, tandis que Solar Power a marqué un virage folk et solaire, révélant une artiste en quête de renouveau. Au fil de sa carrière, Lorde a multiplié les collaborations marquantes, de Jack Antonoff à Phoebe Bridgers ou encore pour la bande son de la première partie du film Hunger Games: La Révolte avec Yellow Flicker Beat. Le single What Was That marque un retour aux sonorités synth-pop hypnotiques de l’ère Melodrama, tout en s’ouvrant à une nouvelle maturité. Co-produit par Dan Nigro (Olivia Rodrigo, Chappell Roan), le morceau explore la nostalgie d’un amour passé sur fond de nuits new-yorkaises, de cigarettes et de souvenirs de Coachella. Le clip, tourné dans les rues de New York quelques jours à peine avant sa sortie, culmine lors d’une performance improvisée à Washington Square Park, où Lorde, jeans et chemise blanche, rejoint une foule de fans pour une danse nocturne et libératrice. Malgré l’intervention de la police, la chanteuse a bravé l’interdiction pour partager un moment de rébellion avec sa communauté. Le single, déjà salué par la critique, promet un album événement et confirme que le Lorde Summer 2025 ne fait que commencer.
What Was That est disponible via Universal Music Group.
/
RAU_ZE – CINQ MINUTES PILE
Il y a des albums qui nous tombent dessus sans crier gare. Virer nos vies, premier opus du duo Rau_Ze, en fait partie. Sorti en mars 2024, le disque est le fruit de deux jeunes qui ont décidé de faire les choses à leur manière. Rau_Ze, c’est Rose Perron à la voix (23 ans), et Félix Paul aux claviers et à la réalisation (26 ans). Une rencontre au Collège Saint-Laurent de Montréal autour du jazz, une amitié musicale qui vire vite à la fusion artistique. Ensemble, ils bricolent un son hybride, entre néo-soul, jazz, R&B et pop qu’ils n’hésitent pas à nommer « néo-soul queb ». Leur force ? L’équilibre. Rose Perron, autodidacte, n’a jamais mis les pieds dans un cours de chant. Elle a appris sur scène, dans les jams et les open mics. Sa voix se fait douce, parfois brute. Et Félix Paul, de son côté, structure tout ça. Claviériste discret, mais réalisateur au scalpel, il a produit l’album dans leur salon — ou plutôt, dans la garde-robe de Rose, soyons précis. Du DIY pur jus. Les textes ? Relations floues (notamment avec ce dernier extrait Cinq minutes pile), fatigue mentale, dépendances, jeunesse urbaine qui cherche sa place entre deux jobs et trois verres. Juste des constats lucides, directs, inspirés de la vie bien remplie (et un peu chaotique) de Rose. Ça groove, ça colle, ça reste. On sent l’héritage jazz, les refrains néo-R&B, et un amour assumé pour la soul et le hip-hop. Et si le disque sonne, c’est aussi grâce à Jean-Bruno Pinard (Les Louanges), qui vient fignoler le tout sans trahir la vibe lo-fi de départ. Virer nos vies, c’est un premier album qui charme et ensorcelle. Le duo a d’ailleurs raflé le Félix R&B/Soul de l’année à l’ADISQ. À suivre de très, très près.
Cinq Minutes Pile est disponible via 117 Records/W Lab/Wagram Music.
/
LATE NIGHT DRIVE HOME – SHE CAME FOR A SWEET TIME
Dans la chaleur étouffante d’une ville satellite d’El Paso, Andre Portillo (chant) et Juan ‘Ockz’ Vargas (guitare) fondent Late Night Drive Home en 2019, avec une idée simple : faire de la musique pour combler le vide. Le groupe démarre dans l’ombre, postant ses premiers morceaux lo-fi sur SoundCloud. Rejoints plus tard par Freddy Baca (basse) et Brian Dolan (batterie), LNDH prend de l’ampleur : un EP remarqué, un tube viral (Stress Relief, 90 millions de streams), une signature chez Epitaph, Coachella en 2024, et désormais un deuxième album très attendu, As I Watch My Life Online, prévu pour le 27 juin. Leur nouveau single, She Came For A Sweet Time, s’inscrit parfaitement dans l’esthétique du groupe : un regard lucide sur une réalité floue. C’est la suite logique d’une mutation amorcée. Oubliez les débuts lo-fi de Floral ou les guitares gentilles de Stress Relief, bienvenue à du grand garage-rock urgent. À travers ses paroles, Portillo explore le paradoxe d’une hyperconnexion qui isole. C’est le désespoir numérique qui affleure : l’amour transformé en contenu, la connexion réduite à une consommation, le désir englouti par l’algorithme. « On voit des millions de personnes dans la paume de notre main, et pourtant on se sent seuls », confie-t-il. Musicalement, le morceau sonne comme le reflet d’un rock adolescent devenu adulte, mais toujours hanté par la quête de sens et de lien. Une mélodie accrocheuse, des textures électriques, et ce flottement caractéristique entre l’intime et l’universel. Et ce n’est qu’un avant-goût. As I Watch My Life Online promet de pousser plus loin encore l’exploration du mal-être hyperconnecté. Si Terabyte, premier extrait, évoquait la dépendance aux stimuli et la quête désespérée de validation, She Came For A Sweet Time en est le pendant romantique : une chanson d’amour sans amour, une idylle en streaming. Instantanée, douce, et étrangement vide. Comme une notification qui n’arrive jamais.
She Came For A Sweet Time est disponible via Epitaph/ANTI-.
/
JUDELINE, MC MORENA – TÚ ET MOI
Judeline n’a pas besoin de forcer pour imposer sa voix. À seulement 22 ans, l’Espagnole trace son sillon avec cohérence, entre pop expérimentale, racines andalouses et élans électroniques. Avec Tú et moi, son premier single depuis Bodhiria, elle ouvre un nouveau chapitre, plus sensuel, plus frontal — mais toujours avec cette précision artisanale qui la distingue. Après sa présentation au dernier Coachella, Judeline lâche un titre multilingue (espagnol, portugais et français), en duo avec MC Morena, étoile du funk carioca. Ensemble, elles signent un morceau moite et fiévreux, enregistré entre Paris et Madrid. La prod., signée des Français Lil Chick et Sacha Rudy, sent la sueur chic, le cuir frotté aux draps de soie, où le corps parle avant les mots. « Je ne peux pas parler, les mots ne sortent pas / Et le mouvement de mon corps te parle ». On y sent l’écriture directe de Judeline, entre poésie et intensité. Depuis Bodhiria, album conceptuel mêlant spiritualité, poésie et textures, Judeline prouve qu’elle peut aussi s’autoriser à explorer d’autres émotions, plus physiques, plus immédiates. Tú et moi n’est pas une rupture, c’est une extension : une facette plus mature, plus affirmée d’une artiste qui n’a pas fini de surprendre.
Tú et moi est disponible via Interscope Records. En concert à Paris (We Love Green) le 8 juin 2025.
/
SANDRøSE – STILL AROUND
L’image, c’est son royaume. Diplômé de Strate, designer de formation, bidouilleur numérique et conteur visuel, Sandrøse a bâti Out There, un monde parallèle où la réalité est repeinte numériquement, image par image. Il appelle ça du keyframe painting. Une forme d’animation hybride, artisanale, hallucinée, où les lieux visités deviennent des cartes mentales, des décors altérés par le rêve. Dans le clip de Still Around, il s’y projette lui-même. Le résultat, fait maison, respire la sincérité DIY et la passion obsessionnelle. C’est brut, souvent beau – comme une peinture qui bouge, comme un vieux film de science-fiction analogique reconstitué. Avec Still Around, Sandrøse passe un cap. Celui d’un artiste qui, après des années à expérimenter les textures et les formats, ose enfin s’incarner au cœur de son propre univers. Les silhouettes filaires et les entités fantasmées de ses premières vidéos laissent place au créateur lui-même, plongé dans le monde qu’il a construit à coups de pixels, de souvenirs et de rêves éveillés. Le titre, up-tempo, s’inscrit dans une veine presque pop, presque R&B, presque The Weeknd, mais jamais tout à fait. Il y a cette voix grave, nappée d’effets, filtrés par l’esthétique lo-fi. Un groove discret mais constant soutient la mélodie. Still Around est extrait d’un EP de sept titres à paraître en septembre 2025. Maxim apparaît comme un héritier d’une électro pop intimiste et stylisée. Ex-moitié du duo techno Abr. x Sandrøse, il s’affirme ici en solo, mais surtout en artiste total. Il conçoit, compose, anime, raconte un monde fragile et personnel qu’il partage par fragments, single après single.
Still Around est disponible via Sandrøse (Autoproduit).
/
JEUNE MORTY – SOLO DOLO*
Après avoir annoncé son prochain projet, Éponyme, en décembre 2024 à la sortie de l’EP En Attendant Éponyme, Jeune Morty s’impose comme l’un des rappeurs les plus prometteurs du rap francophone. Dans les cercles avertis de l’underground, son nom fait aujourd’hui l’unanimité. Présent sur les plateformes depuis 2020, c’est avec SUMMXR MOOD (2022) puis ILUVMORTY (2023) qu’il franchit un cap et attire les projecteurs. Ces deux projets définissent les contours d’une identité artistique singulière : Jeune Morty signe lui-même la majorité de ses prods., ce qui confère à ses œuvres une continuité sonore, ce fameux ADN que l’on retrouve d’un projet à l’autre. L’influence du rap US est palpable, mais digérée et transformée pour mieux servir une vision personnelle du son. Pas de mimétisme ici, mais une palette cohérente, un univers sonore identifiable dès les premières secondes. On attend tous Éponyme.
Solo Dolo* est disponible via JetSet Music.
/