En pleine résurgence des groupes de filles, il fallait bien s’attendre à ce que Hollywood s’empare du phénomène et nous raconte la naissance du premier groupe de punkettes de l’histoire de la musique, The Runaways.

Hollywood, 1975. Le rock est une affaire de mecs qui portent des talons et du rouge à lèvres. Au milieu de toute la faune glam, alors que le mot punk n’a pas encore été craché, Joan Jett veut monter un groupe de filles. Ce sera les Runaways, qui ont braqué les codes virils du rock pour confisquer leur matraque à tous les camionneurs du coin. Un groupe de protohard avec, dans le rôle de la chanteuse, la très cheesy Cherie Currie, mini-Bardot de 15 ans, fan de Bowie et de Brenda Lee. Disons-le tout net : quand la réalisatrice Floria Sigismondi (venue de l’univers du clip), s’empare de l’histoire des Runaways, ça donne un feel good movie de Suicide Girl. Une œuvre certes plaisante et délicate, mais s’adressant surtout à un public d’éternelles jeunes filles. Un film sur l’éveil brutal du désir chez des petites filles qui réalisent un jour qu’elles n’ont rien entre les jambes et que c’est injuste.

Cependant, grâce au charme de Kristen Stewart et Dakota Fanning, The Runaways séduit. Toutes en frôlements et en fragilité, les actrices donnent corps au lien mystérieux qui unit les deux musiciennes. Lien indéfectible, qui perdure bien après la séparation violente du groupe, entre une Joan qui voulait bouleverser l’ordre des choses et son égérie, Cherie, érigée en nouveau modèle de féminité pour toute une génération.

Aussi, si vous aimez The L Word, Whip It, que les L7 vous ont toujours plus parlé que les L5, alors vous allez adorer ce biopic sur les petites fiancées déviantes de l’Amérique, qui donne envie, en sortant, d’appeler votre meilleure copine de lycée, celle avec qui vous vous french-kissiez entre deux rasades de gin, pour monter un groupe de rock.

The Runaways de Floria Sigismondi
Avec Kristen Stewart, Dakota Fanning et Michael Shannon 

Par Mathilde Janin