Stanislas, anciennement Stanlefantôme, réinvente son identité musicale avec un son plus mature mais une sincérité intacte.
Stanislas, 19 ans, a le cœur sur la main et la musique comme exutoire. Entre la France, le Maroc et la Côte d’Ivoire, Il est le fruit de plusieurs mondes. Réfléchi, il parle doucement mais clairement, et choisit ses mots avec intention, que ce soit dans une conversation ou sur scène.
En seulement quatre mois, il a conquis 100 000 auditeurs et dépassé les 2 millions de streams. Une ascension fulgurante, mais qui ne l’a pas fait vaciller. Il parle encore de son identité d’artiste à la troisième personne, comme pour mettre une distance entre la musique et l’homme qu’il est dans l’intimité. Un rappel qu’avant tout, il est un être humain, avec ses doutes et sa sensibilité. Avec ses proches comme avec son public, il reste le même : disponible, attentif, authentique.
Ce 18 février, La Boule Noire, dans sa salle sombre et feutrée, a accueilli un public aussi éclectique qu’enthousiaste. Des fans qui connaissaient les morceaux de Stan sur le bout des doigts, mais aussi des visages familiers du milieu. Malgré la configuration intimiste, la salle vibrait sous l’énergie palpable d’un jeune public excité.
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Un nom, une renaissance
Stanlefantôme appartient au passé. Aujourd’hui, il renaît sous un nouveau nom. Un choix qui n’a rien d’anodin : c’est une mue nécessaire. « J’avais besoin de ce nouveau nom, ce nouveau projet pour relancer la machine et y croire davantage, et pas juste ressortir un projet parmi tant d’autres. Je faisais de la musique comme un jeu vidéo, je m’amusais sur le logiciel. Maintenant, je suis un ado qui a grandi, qui fait toujours du son dans sa chambre, mais qui fait de la musique comme si c’était la dernière fois qu’il en faisait. J’avais perdu ce truc avec Stanlefantôme, c’était devenue une caricature de moi-même. Là, sur Stanislas, j’essaye de sacraliser mes morceaux et les paroles que je vais mettre dedans. Cela dit, c’est la continuité [de Stanlefantôme] : on grandit, on écrit mieux, on dit des choses plus sensées, plus intelligentes, moins adolescent. »
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Une évolution sonore et personnelle
Les anciens morceaux de Stan ne sont pas des ombres à fuir. Plutôt que d’enterrer cette part de lui, il choisit de l’assumer, de la laisser exister aux côtés de sa nouvelle identité. « C’est une trace de mon évolution. Je n’avais pas envie de faire abstraction de ça, de me pointer avec Stanislas en mode “c’est mon premier projet, tout commence ici”. Tu peux pas arriver avec un premier projet qui est parfait. Il y a des gens qui aimaient mes morceaux d’avant, et les supprimer, ça aurait été une forme d’irrespect envers eux, les premiers qui ont cru en moi. Pour clôturer ça, je sors un 18 titres, pour donner un dernier merci à Stanlefantôme et à tout ce que cette période m’a apporté. Ce sont tous les sons que j’ai faits entre 2020 et 2024, qui n’étaient jamais sortis. »
Sous ses deux identités musicales, l’expérience d’ingénieur du son de Stan se fait sentir. Il réussit à équilibrer parfaitement ses prods et sa voix, créant une harmonie où chaque élément trouve sa place avec chaleur et émotion.
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De l’intimité d’une chambre à l’énergie de La Boule Noire
La Boule Noire a été le théâtre d’un moment suspendu, où l’histoire de Stan s’est mêlée à celles des autres. Le temps d’un instant, sous les lumières tamisées et les voix du public, Stan est passé d’un fantôme, à un artiste pleinement incarné, honorant ce lieu emblématique pour les artistes émergents en créant une atmosphère unique grâce à une scénographie soignée et bien pensée. Chaque morceau a pris feu sur scène, amplifié par Louis à la guitare et Nekkat au saxophone. Le saxophone, d’une intensité folle, portait chaque note avec une puissance rare.
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« La Boule Noire, ça m’a fait réaliser l’ampleur du truc. Mon projet a dépassé les deux millions d’écoutes, mais tant que t’es pas sur scène, ça reste un chiffre abstrait. Quand je suis monté sur scène et que j’ai entendu le public chanter mes paroles, c’est là que j’ai réalisé que ce n’était plus juste un truc que je faisais dans ma chambre. À un moment, j’ai vu ma mère dans la salle… et là, ta voix commence à trembler, tu détournes le regard. Elle était super fière. Ça m’a fait réaliser tout ce que j’ai investi dedans, les pâtes pendant trois mois, ma meuf qui m’invite au resto parce que je dois tout mettre dans mes projets… Ils ont eu raison d’y croire. »
« Sur scène, c’est moi à l’état brut. Même au niveau du style vestimentaire, j’ai choisi ma tenue le matin même. Je voulais être moi-même. »
Stan nous a livré une performance complète, entrecoupée d’interludes parlés qui ont permis d’établir une connexion intime avec le public. La scénographie, gérée par Baptiste, ajoutait une dimension visuelle forte. Ces instants où la musique se mêlait à ses confidences ont créé une proximité unique avec l’audience, une conversation partagée sur scène.
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De l’introspection à l’exutoire
Stan n’hésite pas à aborder des sujets difficiles, utilisant sa musique comme un exutoire pour partager ses expériences et déconstruire certains préjugés. Dans son dernier projet, il s’attaque à la dépersonnalisation en utilisant le son pour en explorer la complexité. Comme il le dit lui-même : « Il y a plein de trucs qui sont tabous en France. J’ai pu vivre des moments difficiles, et d’en parler dans mes sons, d’apporter cette honnêteté, c’est aussi une façon de dédramatiser certains préjugés. C’est un vrai soulagement pour moi, ça me permet de tourner une page sur des choses que je ne raconte pas forcément à quelqu’un. Ça m’aide à avancer dans ma réflexion personnelle. »
Stanislas trace un nouveau chapitre de sa carrière avec des morceaux qui résonnent avec son parcours personnel. Après cette performance mémorable à La Boule Noire, sa présence sur scène a créé une connexion encore plus forte avec le public. Chaque parole ficelle un cocon intime, renforçant ce lien chaleureux et sincère qui l’unit à ceux qui le suivent, une invitation à un voyage collectif empreint d’émotion.
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Topless est disponible via Petit café/ Sonar Records. ARCHIVE PARTIE FINAL (Stanlefantôme) est disponible via Lonely Kids Record.
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Texte Emmamori Charles-Angèle
Photo de couverture Raphaël Mercouroff
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