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La sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.

 

 

 

 

MRCY – WANDERING ATTENTION

Troisième extrait de leur très attendu VOLUME 2, Wandering Attention confirme une chose : MRCY ne compte pas se contenter de faire joli. Après Angels, déclaration d’amour soyeuse au groove façon Marvin Gaye, et Man, testé en live en 2024, ce nouveau morceau prend le temps de poser les choses. D’explorer, sans détour, les racines du duo. Sous les nappes feutrées et la production organique ciselée par Barney Lister, la voix de Kojo Degraft-Johnson se fait douce, intense. Wandering Attention parle d’où l’on vient, de ce qui marque à vie, sans jamais nous définir entièrement. Huddersfield. Londres. L’enfance, les murs, la pression, l’envie de s’en sortir. C’est une mémoire sonore qui ne cherche ni la plainte ni l’héroïsme — juste une vérité. Depuis VOLUME 1 (2024), MRCY trace un sillon singulier, entre soul rétro et esthétique futuriste. Un disque d’équilibre, porté par une alchimie rare : la chaleur vocale de Kojo, nourrie par le gospel et la soul classique, et la production hybride de Barney, passée par les clubs, le Sound System, et les studios de quelques-uns des artistes les plus affûtés de la scène actuelle (Obongjayar, Joy Crookes, Rina Sawayama…). Mais avec VOLUME 2, prévu pour le 30 mai 2025, on entre dans autre chose. Plus viscéral. Plus incarné, comme nous le confiait Barney « Je ne veux pas que nos disques sonnent comme des prises live. Il faut que la production soit moderne tout en capturant l’énergie du live. C’est un équilibre qu’on essaie de trouver ». Chaque extrait l’a confirmé. Et Wandering Attention, peut-être plus encore que les autres, frappe fort : une prod. millimétrée mais jamais froide, une interprétation pleine de contrôle mais sans distance. Et un message fort : on peut être le fruit d’un passé difficile sans en rester prisonnier. Accompagné d’un clip signé Béni Masiala, tout en atmosphères mouvantes, le titre vient parachever un triptyque qui donne clairement le ton de l’album à venir. L’âme de MRCY n’a jamais été aussi nue, ni aussi puissante. Sur scène, le duo a déjà conquis. De leur première scène à Paris en première partie de Black Pumas, des festivals (Pitchfork, Green Man, All Points East…), et des concerts à guichets fermés à Londres, dont un troisième à l’Islington Assembly Hall prévu la veille de la sortie de l’album. MRCY, c’est cette élégance rare d’une soul qui pense, qui ressent et qui bouge. Wandering Attention en est la preuve éclatante : un morceau à la fois intime et universel, rétro et ultra-contemporain. Si vous aviez encore des doutes sur l’importance de ce groupe, il est temps de les abandonner.

Wandering Attention est disponible via Dead Oceans/Secretly Group. En concert aux Eurockéennes de Belfort le 4 juillet 2025 et au Nice Jazz Festival le 24 juillet 2025.

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ADDISON RAE – HEADPHONES ON

Addison Rae, nouvelle étoile de la pop américaine, vient de dévoiler Headphones On, quatrième single extrait de son premier album, prévu pour le 6 juin 2025 chez Columbia Records. Révélée d’abord sur les réseaux sociaux, Rae avait amorcé sa carrière musicale en 2023 avec l’EP AR, salué pour ses mélodies accrocheuses et son esthétique pop bubblegum, où figurait déjà une collaboration remarquée avec Charli XCX. L’été dernier, leur alchimie s’est confirmée avec le remix du hit Von Dutch issu de l’iconique Brat, marquant l’entrée d’Addison dans la sphère des pop girls à suivre. Depuis, Rae enchaine les singles, plus éthérés les uns que les autres : Diet Pepsi, hymne pop americana à la Lana Del Rey et au parfum d’immortalité adolescente. Plus qu’une chanson TikTok, le morceau a fait sensation : jusqu’à la 54ème place du Billboard Hot 100 puis dans le Top 10 britannique. La chanteuse a poursuivi avec Aquamarine et son remix événement avec la productrice Arca, Arcamarine. Remix que Rae a d’ailleurs très récemment performé au mythique festival Coachella, et où la jeune chanteuse en a profité pour annoncer la sortie de son album en exhibant une culotte rose fluo « June 6 » sous sa robe transparente. High Fashion, troisième single, a confirmé son ascension, salué pour sa production électro-pop et son refrain clin d’œil à la liberté et à la vulnérabilité. Headphones On s’inscrit dans cette veine pétillante et introspective, entre acceptation de soi et échappée onirique. Co-écrit et produit par Luka Kloser et Elvira Anderfjärd, le titre mêle confession et lâcher-prise sur une production synthétique, tandis que le clip, tourné en Islande, célèbre l’évasion et la rêverie. À travers ses paroles et son esthétique, Addison Rae ressuscite l’esprit des tumblr girls et la pop irisée des années 2010, entre auto-fiction et euphorie adolescente. Un album qui s’annonce déjà comme la bande son d’un été placé sous le signe de la nostalgie et de la liberté.

Headphones On est disponible via Columbia Records.

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CANDICE – LAISSEZ-MOI

Attention, terrain sensible. Candice, l’ex-Star Académicienne qu’on aurait tort de sous-estimer, dégaine Laissez-moi, un des titres de son premier EP Premier Pétale. Si le projet baigne dans un univers R&B-soul aussi onirique qu’introspectif, ce single-là, marque une rupture. Pas amoureuse. Sociale. Humaine. Et ça laisse des traces. Si Premier Pétale chante les douleurs de l’amour avec la grâce d’une fée au cœur fendu – comme elle aime se décrire –, Laissez-moi déchire le voile. Elle met les mots sur des maux trop longtemps tus : harcèlement, discrimination, invisibilisation. Et elle les chante avec la voix d’une génération qu’on ne fera plus taire. Musicalement, on reste dans une vibe R&B finement texturée, aux influences afropop et jazz assumées. Mais là où Fleurs fanées ou Joli cœur nous emmenaient dans des méandres sentimentaux, Laissez-moi vient poser un genou à terre et lever le poing. « On a voulu me les arracher / Et dans mon silence / J’ai failli les déposer moi-même » : des mots bruts, qui transforment la douleur en force. Le clip qui accompagne Laissez-moi, est un témoignage. Une mise en scène sensible, frontale de ce que vivent encore trop de personnes en silence. Candice y incarne ce qu’elle a été : une jeune femme meurtrie, qui a dû faire de ses failles une armure. Tayc, mentor, producteur et co-auteur, l’a bien résumé : « ce n’est pas juste un single, c’est un acte » . Et un acte, ça s’assume. Avec Premier Pétale, Candice pose les bases d’un univers féerique, habité par un alter ego : une fée au cœur brisé, reflet poétique de ses premières désillusions. Mais dans Laissez-moi, elle sort du conte. Elle entre dans le réel. Elle ne charme plus, elle frappe. Elle ne fuit plus, elle défie. Ce single, c’est le moment où la lumière change. Candice ne sera pas qu’une chanteuse de love songs au flow délicat. Elle est aussi là pour bousculer, pour poser des mots là où trop de silences ont fait des ravages. Elle le dit elle-même : « Que ces paroles insufflent courage à ceux qui endurent en silence, ainsi qu’à ceux qui observent sans rien dire par peur ». Et surtout : « À ceux qui infligent de la douleur, je vous souhaite de mesurer le poids de vos actes ». Laissez-moi, extrait de Premier Pétale, transforme la musique en acte de résistance. Ce titre est un appel. Et on ferait bien de l’entendre.

Laissez-moi est disponible via Maison Mère/Sony Music Entertainment France.

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KEEQAID – VOILÀ

Rappeur de Saint-Denis, Keeqaid et sa baby face s’est fait connaître par son style décalé. Il a émergé en 2020, notamment grâce à des titres viraux sur TikTok. Depuis fin février, Keeqaid membre du collectif ATLP, s’est lancé dans une série de sorties hebdomadaires chaque lundi, et Voilà en fait partie. Son univers musical, qu’il qualifie de tatasse music mélange trap, mélodies entêtantes et punchlines décalées. Déjà auteur de plusieurs projets, dont Qui est Kee (2022), ANTICIPE (2023) et PARTICIPE (2024), et après des collaborations avec des artistes comme La Fève, Keeqaid continue de creuser son sillon à sa manière. Voilà confirme qu’il sait se renouveler tout en restant fidèle à son univers. Ce morceau incarne son style unique : une rime simple mais efficace, et une énergie débordante.

Voilà disponible via Low Wood.

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FOLK BITCH TRIO – THE ACTOR

Derrière un nom à la provocation aussi décomplexée que le premier verre d’un lundi soir, Folk Bitch Trio s’affirme, single après single, comme l’un des projets les plus singuliers de la scène folk indé. Leur nouveau morceau, The Actor, récemment signé chez Jagjaguwar, est une perle d’intimité et de dérision, tissée de trois voix qui se croisent, se répondent et parfois se cognent, comme dans une cuisine après minuit. Formé en 2019 à Naarm/Melbourne, dans l’ennui fertile de l’avant-COVID, le trio – Gracie Sinclair, Jeanie Pilkington et Heide Peverelle – n’a jamais cherché à être autre chose qu’un moment partagé, une tentative de faire quelque chose de beau ensemble. C’est cette absence de stratégie, ce refus de se conformer aux recettes toutes faites du genre, qui donne à leur musique un naturel désarmant. Difficile de ne pas penser aux harmonies vocales aériennes du duo Lucius (Jess Wolfe et Holly Laessig). The Actor est une chanson drôle et un peu triste, qui parle d’un amour qui part en vrille comme un monologue mal joué. Les paroles oscillent entre tendresse et autodérision, et la musique suit : les harmonies sont d’une densité organique, évoquant autant les standards folk des années 70 que la fraîcheur mordante d’un Boygenius version australien — Phoebe Bridgers elle-même ne s’y est pas trompée en les décrivant comme « Boygenius des années 40 ». Le morceau est produit avec sobriété, accompagné d’un clip co-réalisé avec Bridgette Winten, où le quotidien devient théâtre et les souvenirs s’effilochent entre deux sourires. Après une année 2024 marquée par une tournée internationale (SXSW, premières parties de Courtney Barnett, King Gizzard…), Folk Bitch Trio s’apprête à franchir un cap décisif avec la sortie de leur premier album, Now Would Be A Good Time, prévue le 25 juillet 2025, précédé d’une tournée mondiale. En mêlant fragilité et dérision, Folk Bitch Trio prouve qu’il est grand temps de les découvrir.

The Actor est disponible via Jagjaguwar. En concert à Paris (La Mécanique Ondulatoire) le 19 mai 2025.

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